Janet Cardiff

Janet Cardiff
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George Bures Miller (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Janet Cardiff, née le au Canada, est une artiste canadienne connue pour ses installations sonores et ses promenades audio[1].

Biographie

Janet Cardiff naît en 1957 à Bruxelles, en Ontario[2],[1]. En 1980, elle obtient un baccalauréat en beaux-arts de l'Université Queens, à Kingston. Durant ses études, elle s'intéresse à la photographie et aux techniques d'imprimerie, dont la sérigraphie. En 1983, elle obtient une maîtrise en arts visuels de l'Université de l'Alberta où elle rencontre George Bures Miller, son futur collaborateur. En 1983, le film Super 8 intitulé The Guardian Angel est le résultat de sa première collaboration avec lui[3]. Après cette expérience cinématographique, elle intègre des éléments de séquençage narratif et des expériences avec le son et le mouvement[4]. Durant les années 1990, elle est professeure agrégée en arts à l'Université de Lethbridge[5]. En 1995, remarqués à la suite d'une exposition au Danemark, Janet Cardiff et George Bures Miller entament une carrière internationale[1].

Janet Cardiff représente le Canada à la Biennale d'art de São Paulo en 1998 et, avec George Bures Miller, à la 6e Biennale d'Istanbul en 1999 et à la 49e Biennale de Venise. En 2001, le Moma PS 1 présente la rétrospective Janet Cardiff : un bilan de carrière incluant des collaborations avec George Bures Miller, qui circule à Montréal, Oslo et Turin. L'exposition fait un retour sur la formation initiale en gravure de l'artiste en présentant l'estampe Three Thoughs (1986)[6].

Œuvres (sélection)

Installations

En 1991, Janet Cardiff crée The Whispering Room, une installation sonore située dans un espace faiblement éclairé où sont disposés seize petits haut-parleurs ronds sur pied. Ils diffusent chacun le segment d'une séquence narrative racontée par des voix douces de femmes[7]. En marchant d'un haut-parleur à un autre, l'unité du récit prend forme. Durant le parcours, le mouvement des personnes déclenche la projection murale d'un film au ralenti[8],[9]. The Whispering Room appartient à la collection du Musée des beaux-arts de l'Ontario[7].

Rows of speakers displayed in a gallery.
The Forty Part Motet, photographie © Villy Fink Isaksen, Wikimedia Commons, licence cc-by-sa-3.0

En 2001, elle réalise The Forty Part Motet (A reworking of "Spem in Alium" by Thomas Tallis 1556) constituée de huit groupes de cinq haut-parleurs totalisant quarante haut-parleurs disposés le long des murs d'une salle suivant un tracé ovale[10]. Chacun diffuse l'une des voix des quarante membres de la chorale Salisbury Cathedral Choir enregistrée en 2001 lors du Festival de Salisbury. Elle est composée de huit chœurs de cinq voix chacun, soit soprano, alto, ténor, baryton et basse, et chante Spem in alium, le motet pour quarante voix composé par Thomas Tallis à la fin du 16e siècle[11],[12]. Le public se positionne soit au centre de la salle, pour se plonger dans l'expérience immersive des voix unifiées, ou devant un seul haut-parleur, pour isoler une des voix de la composition polyphonique. The Forty Part Motet fait partie de la collection permanente du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa[13], du Musée d'art moderne de New York et d'Inhotim à Brumadinho au Brésil.

Extrait de Spem in Alium (Thomas Tallis) entendu dans The Forty Part Motet (2001), licence cc-by-sa-3.0

Promenades

Janet Cardiff produit des promenades audio où le marcheur, guidé par la voix de l'artiste, circule dans des environnements variés. En 1991, elle réalise Forest Walk, une promenade en forêt de 12 minutes, lors d'une résidence au Banff Centre[1]. En 1996, elle crée une œuvre spécifiquement pour les jardins du Musée d'art moderne Louisiana au Danemark[14],[15]. À la promenade audio, elle ajoute une bande vidéo, ce qui amène le marcheur à suivre à la fois les directives audio et vidéo[16],[17]. Her Long Black Hair (2004) se déroule à Central Park et intègre d'anciennes photographies d'une femme aux longs cheveux noirs à Central Park. Ces photographies, datant d'un passé lointain, ajoutent une dimension temporelle à la promenade[18]. En 2005, elle crée Words Drawn in Water (2005) pour le Hirshhorn Museum[19]. À l'image du trompe-l'œil, Janet Cardiff trompe l'oreille[20] en enregistrant au préalable des sons à partir des lieux mêmes où le promeneur passera, lui laissant, durant la marche, le soin de distinguer ceux qui appartiennent à la réalité environnante de la promenade de ceux qui appartiennent à la bande sonore[21].

En 1999, Janet Cardiff crée In Real Time, sa première promenade vidéo, qui se déroule à la bibliothèque du Carnegie Museum of Art. Le promeneur porte des écouteurs reliés à une petite caméra vidéo qu'il tient à la main. Il visionne les images de la promenade des lieux préenregistrées par l'artiste tout en les alignant avec celles des mêmes lieux qu'il croise en marchant[22],[23].

Œuvres avec George Bures Miller (sélection)

En 2001, ils représentent le Canada à la 49e Biennale de Venise avec Paradise Institute[24]. L'œuvre consiste en une salle de cinéma à l'ancienne construite à l'intérieur d'un espace fait de panneaux de contreplaqué. Seize spectateurs, à qui sont fournis des écouteurs, sont invités à s'asseoir pour visionner un film de genre noir d'une durée de 13 minutes. Des sons, tels que des rires, des toussotements ou des chuchotements, semblent provenir des autres spectateurs, puis des voix de personnages du film se déplacent de l'écran à la salle, jouant sur l'illusion que la frontière entre les personnages et les spectateurs se dissipe et que ceux-ci deviennent complices du crime planifié à l'écran[25],[26]. À la Biennale de Venise, ils remportent le prix spécial du jury, remis pour la première fois à des artistes canadiens[3], et le prix Benesse, récompensant des artistes innovants.

En 2012, à la documenta de Cassel, ils présentent After Bahnhof Video Walk, une promenade vidéo de 26 minutes spécialement créée pour l'événement. Dans l'ancienne gare de Cassel, le promeneur circule muni d'un iPod et d'écouteurs qui transmettent des sons préenregistrés ainsi que la voix de Janet Cardiff. En marchant, il visionne également des images préenregistrées de la gare et de ses passants. La voix transmet des directives au promeneur, des histoires personnelles, puis, éventuellement, elle rapporte l'histoire de Cassel durant la Deuxième Guerre mondiale. La bande sonore binaurale investit les récits personnels et historiques d'une charge affective qui lie le promeneur au Juif déporté[27]. L'événement propose également Forest (for a thousand years...), une installation sonore de 28 minutes qui se déroule en forêt[28]. Dans les arbres et au sol sont disposés des haut-parleurs qui permettent une expérience sonore immersive pour le promeneur. Les artistes utilisent un système ambisonique pour réaliser le champ sonore 3D de Forest (for a thousand years...)[29].

Collections

Distinctions

  • 2001 : Prix du millénaire du Musée des beaux-arts du Canada pour Motet pour quarante voix (avec George Bures Miller)[1]
  • 2001 : Prix spécial du jury de la Biennale de Venise pour The Paradise Institute (avec George Bures Miller)
  • 2001 : Prix Bennesse de la Biennale de Venise pour The Paradise Institute (avec George Bures Miller)
  • 2003 : Prix Gershon Iskowitz[32]
  • 2008 : Prix pour les arts visuels de la Fondation Hnatyshyn pour l'ensembre de l'œuvre (avec George Bures Miller)[5]
  • 2011 : Prix Käthe Kollwitz[29]

Notes et références

  1. a b c d et e (en) Sarah Milroy, « Janet Cardiff », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Phaidon Editors, Great women artists, Phaidon Press, (ISBN 0714878774), p. 86
  3. a et b (en-US) Sharon Doyle Drieger, « George Bures Miller and Janet Cardiff », sur Maclean's | The Complete Archive, (consulté le )
  4. (en) Carolyn Christov-Bakargiev, Janet Cardiff: A survey of works including collaborations with George Bures Miller, New York, NY, P.S. 1 Contemporary Art Center, , 14–15 p. (ISBN 0970442831)
  5. a et b « Prix pour les arts visuels », sur La Fondation Hnatyshyn, (consulté le )
  6. Bernard Lamarche, « L’art de simuler / Janet Cardiff, Janet Cardiff : un bilan de carrière incluant des collaborations avec George Bures Miller. Musée d’art contemporain de Montréal. 24 mai - 8 septembre 2002 », ETC, no 60,‎ , p. 55–58 (ISSN 0835-7641 et 1923-3205, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b (en) « Janet Cardiff: Whispering Room », sur Art Gallery of Ontario (consulté le )
  8. Janet Cardiff: The Missing Voice (Case Study B), London, Artangel Afterlives, , 5–6 p. (ISBN 1902201078)
  9. « Janet Cardiff & George Bures Miller | Whispering Room | 1991 », sur www.cardiffmiller.com (consulté le )
  10. « Janet Cardiff. The Forty Part Motet (A reworking of “Spem in Alium,” by Thomas Tallis 1556). 2001 | MoMA », sur The Museum of Modern Art (consulté le )
  11. « Tate Modern, London - Janet Cardiff's "The Forty Part Motet" - News - Luhring Augustine », sur www.luhringaugustine.com (consulté le )
  12. « Janet Cardiff: The Forty Part Motet » [archive du ], sur The Metropolitan Museum of Art (consulté le )
  13. « Cybermuse Gallery Artwork Page: Forty Part Motet(2001) » [archive du ] (consulté le )
  14. (en-US) John Wray, « Janet Cardiff, George Bures Miller and the Power of Sound », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  15. Philippe Fauvel, « Nos vies parfois nous disent à l'oreille le secret des énigmes d'autrui. Louisiana Walk #14, Janet Cardiff, 1996. », Vertigo,‎ , p. 22-27
  16. Walter Moser, « Nouvelles formes d’art et d’expérience esthétique dans une culture en transit : les promenades de Janet Cardiff », Intermédialités : histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques, no 15,‎ , p. 231–250 (ISSN 1920-3136, DOI https://doi.org/10.7202/044684ar, lire en ligne, consulté le )
  17. « Janet Cardiff & George Bures Miller | Louisiana Walk | 1996 », sur www.cardiffmiller.com (consulté le )
  18. (en) Barbara Pollack, « Janet Cardiff, Her Long Black Hair », Time Out New York,‎ , p. 58
  19. « Janet Cardiff & George Bures Miller | Walks » [archive du ] (consulté le )
  20. (en) Cecilia Wichmann, « Sound and Documentary in Cardiff and Miller's Pandemonium: Trompe l’Oreille and Near Documentary », sur Sound and Documentary in Cardiff and Miller's Pandemonium, (consulté le )
  21. (en) « Sound and Documentary in Cardiff and Miller's Pandemonium: Words Drawn in Water », sur Sound and Documentary in Cardiff and Miller's Pandemonium (consulté le )
  22. « Janet Cardiff & George Bures Miller | In Real Time | 1999 », sur www.cardiffmiller.com (consulté le )
  23. (en) Rebekah Modrak, Reframing photography : theory and practice, Routledge, (ISBN 978-0-415-77919-7, 0-415-77919-7 et 0-415-77920-0, OCLC 419795323, lire en ligne), p. 30-31
  24. « Janet Cardiff & George Bures Miller | The Paradise Institute | 2001 », sur www.cardiffmiller.com (consulté le )
  25. (en) Yvonne Lammerich, « Cinema Arcade / The 49th Venice Biennial of Contemporary Art, entitled Platea dell'Umanita (Plateau de l’Humanité or Plateau of Humankind), Venice. June 10 - Novembre 4 2001. Directed, as was the last, by the international Swiss curator Harold Szeemann », ETC, no 55,‎ , p. 70–76 (ISSN 0835-7641 et 1923-3205, lire en ligne, consulté le )
  26. Galerie de l’UQAM, « 2001 – L’institut du paradis de Janet Cardiff et George Bures Miller », sur 150 ans 150 œuvres, (consulté le )
  27. Christine Ross, « Janet Cardiff et George Bures Miller, Alter Bahnhof Video Walk - L’historicisation affective des espaces publics », sur Magazine Ciel variable, (consulté le )
  28. « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  29. a et b (en) Scott Rappaport, « What does a forest hear? Canadian artists bring epic sound art project to Arboretum », sur arts.ucsc.edu (consulté le )
  30. « Janet Cardiff, George Bures Miller. The Killing Machine. 2007 | MoMA », sur The Museum of Modern Art (consulté le )
  31. (en-GB) Tate, « ‘Forty Part Motet’, Janet Cardiff, 2001 », sur Tate (consulté le )
  32. (en-US) « 2003 | Janet Cardiff & George Bures Miller », sur Gershon Iskowitz Foundation (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Janet Cardiff et George Bures Miller, Entrevue par Meeka Walsh, Pleasure Principals: The Art of Janet Cardiff and George Bures Miller, Bordre Crossings,  (consulté le ).
  • (en) Janet Cardiff, Entrevue par Atom Egoyan, Janet Cardiff by Atom Egoyan, Bomb Magazine,  (consulté le ).
  • (en) Janet Cardiff et George Bures Miller, Entrevue par David Balzer, Janet Cardiff & George Bures Miller Chat About Their New AGO Survey, Canadian Art,  (consulté le ).

Liens externes