Jacques Voyet est élève de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, étudiant la peinture avec Jean Souverbie et la lithographie avec René Jaudon[1],[2]. Jean-Pierre Delarge note que son œuvre, pour les années 1960, porte sur des dessins d'étranges machines à voler qui ne sont pas sans suggérer celles qu'imagina Léonard de Vinci[3]. Comme si elle se partageait ensuite entre expressionnisme et symbolisme, sa peinture est située par Jean Laclavetine dans une sorte d'onirisme dramatique : « Le monde de Voyet a la force impérieuse des rêves, une douceur empoisonnée, une évidence catastrophique »[4].
Jacques Voyet entre dans le monde du théâtre en 1966, avec ses décors, ses costumes, mais de façon plus personnelle encore avec ses marionnettes dont on note la première apparition dans Le damné de René de Obaldia en 1969. C'est le travail de dessinateur de Jacques Voyet, observe le metteur en scèneMichel-Jean Robin, qui lui donne le désir de création de marionnettes : « amené à dessiner une comédienne couchée dans un cercueil, il est gagné du désir de voir s'animer les traits qu'il a formés sur le papier ». C'est ainsi que tout son travail de sculpteur intègre des figures proches de la poupée ou de la marionnette, notamment par l'utilisation de l'aluminium ou du tissu, à l'instar des 21 créations de deux mètres de haut, pour Les veuves de François Billetdoux[5], qu'il baptise en 1972 Les marionnettes shamanes[6]. Ces travaux se prolongent dans la création de la compagnie du Théâtre de marionnettes Jacques Voyet pour laquelle Antoine Vitez manifestera son intérêt par l'installation en 1984 d'un théâtre de marionnettes dans le grand foyer du théâtre national de Chaillot[6].
Mort en , Jacques Voyet repose au cimetière de la Salle, à Tours.
Jacques Voyet et Michel Pont, Espace culturel de la douve, Langeais, [13].
Réception critique
« Si l'univers de Jacques Voyet nous fascine tant, c'est qu'il touche au cœur de ce que nous gardons de plus secret : l'innocence, la fragilité; le mystère, l'étonnement permanent face au monde extérieur, et ce cœur d'enfant qui bat si fort sous notre carapace d'adul(te faite d'insensibilité et de garde-fous. Loin des inventeurs de merveilleux et de cauchemardesque, Voyet se contente de raconter la grande légende, celle des êtres, celle de la vie. Étrangeté des paysages vus comme à travers un filtre qui pourrait être celui du souvenir ou de la visualisation fantomatique que l'on garde d'un lieu... Étrangeté de ces personnages qui ne viennent de nulle part et nous parlent de choses essentielles, sans même s'être présentés... Étrangeté des situations, également, où le quotidien est imprégné de mystère, comme ces moments que l'on ressent brutalement, comme pour les avoir déjà vécus, sans savoir s'ils font partie du passé, de nos rêves, d'une autre vie. » - Pierre Bachelet[14]
« D'étranges jeunes femmes un peu balthusiennes dans des lieux intemporels brossés en pleine pâte. » - Gérald Schurr[1]
« Ses compositions, tant sculptures que peintures, baignent dans une atmosphère mystérieuse, où les personnages semblent tombés en léthargie. » - Dictionnaire Bénézit[2]
« La mort parfois révèle l'amour, elle lui donne ses justes contours, sa couleur vraie, son goût d'irrémédiable. Toute la peinture de Voyet est là. Si elle donne à l'univers les teintes de la mort, c'est pour nous dire que rien ne meurt... Tout cela n'est pas mort, tout cela rit, tout cela vit en nous par la force du peintre, il nous le transmet comme un trésor, comme un héritage afin que rien ne finisse. Peindre, pour Voyet, ce n'est pas seulement tenter de faire revivre ce qui a disparu : c'est saisir ce qui va certainement éclore, et que nous ne voyons pas encore. » - Jean-Marie Laclavetine[4]
« Jacques Voyet est un dessinateur, peintre et sculpteur discret, secret même. Ses tableaux baignent dans une atmosphère étrange, tremblée, à la limite du fantastique, même lorsqu'on le voit réinterpréter à sa façon des thèmes de Balthus, de Vermeer ou d'Edward Hopper. » - Didier Plassard[6]
Récompenses
Premier prix international du Gemmail en 1980, pour la toile Le Marin)[15].