Jacques Lacarrière est un écrivainfrançais né le à Limoges (Haute-Vienne) et mort le à Paris. Il est connu pour ses récits de voyage, fortement influencés par sa passion pour la civilisation grecque.
En 1947, il voyage pour la première fois en Grèce avec le Groupe du théâtre antique de la Sorbonne. En 1950, il passe plusieurs mois en Crète puis au mont Athos. Entre 1952 et 1966, il y retourne régulièrement : le coup d'État des colonels () l'empêchera de poursuivre.
En 1954, Pierre Seghers publie le premier livre de Jacques Lacarrière : Mont Athos, montagne sainte. Trois ans plus tard, paraît Découverte du monde antique, une traduction et un choix commenté des voyages d'Hérodote.
Parallèlement, il est critique dramatique à la revue Théâtre populaire et fréquente la Maison des lettres à Paris ; il côtoie Albert Camus, Raymond Queneau, Roland Barthes, Antoine Vitez. En 1961 paraissent Les Hommes ivres de Dieu. Deux années plus tard, il met en scène Ajax de Sophocle.
En 1973, il republie sous le titre Les Gnostiques l'ouvrage La Cendre et les Étoiles paru en 1970. En 1974, Chemin faisant. Mille kilomètres à pied à travers la France d’aujourd'hui, livre le récit philosophico-bucolique de son itinéraire des Vosges aux Corbières entre août et : « Je ne souhaite rien d'autre, par ce livre, que redonner à son lecteur le goût des herbes et des chemins, le besoin de musarder dans l'imprévu, de retrouver ses racines dans le grand message des horizons. »
Amoureux du grec ancien et de la mythologie, son essai L’Été grec (1976) lui vaut un immense succès. « Lacarrière inventait un genre qui tenait de l'essai, du carnet de route, du poème en prose improvisé au rythme de la marche et du récit libéré de tous les codes formels. Rien ne venait brimer l'élan, l'allégresse, la colère, l'ironie qu'il ressuscitait, page à page, en remettant ses pas d'écriture dans les pas du jeune homme si bien défini par son ami Abidine Dino, qui le voyait avide de "chercher, trouver, voir, dire sans jamais redire"[1]. »
En 1979, il se marie avec Sylvia Lipa, dont il aura un fils.
Au cours des années 1980, il écrit à Sacy, village bourguignon, Marie d’Égypte, un premier roman qui mêle tout en délicatesse et en poésie l'histoire de Marie l'Égyptienne et les réflexions de l'auteur sur l'époque à laquelle elle vivait. Viendront ensuite Au cœur des mythologies, En suivant les dieux, À la tombée du bleu, Chemins d'écriture, L'Envol d'Icare, Paroles de la Grèce antique, Ce bel aujourd'hui, Un jardin pour mémoire et Dictionnaire amoureux de la Grèce.
Écrivain voyageur, il est proche, à de nombreux titres, du Suisse Nicolas Bouvier, auteur de L'Usage du monde. À propos du voyage, il déclare : « Ma philosophie, c'est le contraire de celle de l'escargot : ne jamais emporter sa demeure avec soi, mais au besoin apprendre à habiter celle des autres qui peuvent aussi habiter la vôtre[4]. »
Un amour de Loire paraît en 2004. Les textes sont illustrés par des aquarelles de Michel Gassies : « J’ai grandi dans un jardin du Val de Loire entre deux mères : une mère de sang et une mère de source. »
Il meurt le 17 septembre 2005 dans le 20e arrondissement de Paris[5], des suites d'une intervention orthopédique. Ses cendres ont été dispersées au large de l'île de Spetses (Grèce).
Œuvres
Mont Athos, montagne sainte, 1954, Seghers (épuisé)
Sophocle. Essai de dramaturgie, 1960, L'Arche (rééd. 1978)
Les Hommes ivres de Dieu. Essai sur le christianisme et les Pères du désert d'Égypte et de Syrie, Arthaud, 1961, Fayard, 1975 (rééd. 1983, 2000, Seuil, collection « Points-Sagesse ». Ces dernières éditions comportent en annexe le Journal du voyage aux monastères coptes de la mer Rouge (ISBN978-2757808351))
Promenades à Moscou et à Léningrad, 1969, Balland.
La Cendre et les Étoiles, 1970, Balland. Réédition sous le titre Les Gnostiques en 1973.
Les Gnostiques, 1973, Gallimard, collection « Idées », avec une préface de Lawrence Durrell (rééd. 1994, Albin Michel, collection « Spiritualités Vivantes » (ISBN978-2226070241))
Chemin faisant, mille kilomètres à pied à travers la France d'aujourd'hui, 1974, Fayard (rééd. 1983, 1997. Cette dernière édition comporte une postface intitulée La Mémoire des routes (ISBN978-2744112836))
L’Été grec : une Grèce quotidienne de 4 000 ans, 1976, Plon, collection « Terre Humaine » (1984, nouvelle édition revue et augmentée), Presses Pocket, 1989 (rééd. 1998, 2002 (ISBN978-2266119818))
Les Inspirés du bord des routes (photographies de Jacques Verroust), 1978, Seuil (épuisé) (ISBN978-2020048101)
En suivant les dieux. Essai de mythologie comparée, 1984, Éd. Philippe Lebaud. Repris sous le titre Au cœur des mythologies, 1998, Gallimard, collection « Folio » (ISBN978-2070419296)
Flâner en France. Sur les pas de dix-huit écrivains d'aujourd'hui, 1987, Éd. Christian Pirot. Réédition augmentée sous le titre Flâner en France. Sur les pas de vingt-et-un écrivains d'aujourd'hui, 2007 (ISBN978-2868082510)
Les Évangiles des quenouilles, traduits de l'ancien français, 1987, Éd. Imago (rééd. Albin Michel, collection « Espaces libres », 1999 (ISBN978-2226105516))
Ce bel aujourd'hui, 1989, Jean-Claude Lattès. Repris sous le titre Ce bel et nouvel aujourd'hui, 1998, Ramsay (ISBN978-2841143481), réédition augmentée de textes inédits sous le titre Ce bel et vivace aujourd'hui, 2015, Le Passeur Éditeur (ISBN978-2368901908), réédition sous le titre Ne lâchons pas la proie du soleil pour l'ombre des écrans, collection « Le Passeur Poche », 2019 (ISBN978-2368907009)
Le Livre des genèses. Essai d'iconographie sur la création du monde, 1990, Éd. Philippe Lebaud (ISBN978-2866453497)
Alain-Fournier ou les Demeures du rêve, 1991, Éd. Christian Pirot (rééd. 2003, avec de nouvelles photographies (ISBN978-2868081933)). Essai sur la vie et la maison d'Alain-Fournier à Épineuil-le-Fleuriel.
L'Envol d'Icare, suivi du Traité des chutes, 1993, Seghers (rééd. 2014, 2023 (ISBN978-2-232-14698-5))
Science et croyances, entretiens avec Albert Jacquard, 1994, Éd. Écriture (rééd. 1999, Albin Michel, collection « Espaces libres » (ISBN978-2226108722))
Visages athonites. Textes et photographies sur des visages d'ermites du mont Athos, 1995, Éd. Le Temps qu'il fait (ISBN978-2868531902)
La Poussière du monde, 1997, Nil Éditions (rééd. 2010, Seuil, collection « Points-Roman » (ISBN978-2757817377))
Dans la lumière antique (avec Sylvia Lipa-Lacarrière), 1999, Éd. Philippe Lebaud (rééd. 2004, Éditions Oxus (ISBN978-2350160009))
Un jardin pour mémoire. Autobiographie d'une adolescence orléanaise, 1999, Nil Éditions (rééd. 2001, Pocket (ISBN978-2266108744))
Paul Valet. Soleil d'insoumission, 2001, Éd. Jean-Michel Place (ISBN978-2858936472)
Le Mont Athos (photographies de Carlos Freire), 2002, Actes Sud, coll. « Imprimerie Nationale » (ISBN978-2743304324)
Entretiens avec Jean Lebrun, 2002, Flammarion, collection « Mémoire vivante » (ISBN978-2080682062)
Les Fables d'Ésope, présentation et traduction de Jacques Lacarrière, 2003, Albin Michel, collection « Espaces libres » (rééd. 2016 (ISBN978-2226320506))
Méditerranées, 2013, coll. « Bouquins », Robert Laffont (ISBN978-2221124949). Réunit En cheminant avec Hérodote, Promenades dans la Grèce antique, L'Été grec et Le Buveur d'horizon (inédit).
Maurice Maeterlinck, La Vie de la Nature (La Vie des abeilles, L'Intelligence des fleurs, La Vie des termites, La Vie des fourmis), Ed. Complexe, 1997 (ISBN978-2870276693)
Philolaos Sculptures, Itanos, Athènes, 2005, 224 p.
Kóstas Takhtsís (Costas Taktsis, 1927-1988), Le Troisième Anneau, 1967, Gallimard (rééd. 1981, coll. « Folio » avec une préface du traducteur (ISBN978-2070372676))
Verbatim
« La vie et l'écriture. L'amour et l'écriture. L'ailleurs et l'écriture.
Pas d'ambition. Pas de concessions. Peu d'argent. Beaucoup d'amour. Beaucoup d'amis. Pas de calculs.
Refus des gloires enviées. Des itinéraires préparés. Des chemins publics. Des compromissions. Des institutions.
Écrire seulement pour être. Pour s'engager. Vers les autres. Avec les autres. Écrire pour dériver de l'homme ancien. Écrire pour dériver vers l'homme à naître. Rien d'autre. »
Créé en 2018 par l'Association des amis de Jacques Lacarrière et décerné depuis tous les deux ans, un « Prix Jacques Lacarrière » distingue pour ses qualités d’écriture « un texte littéraire écrit en langue française prolongeant l’esprit de l’œuvre de Jacques Lacarrière, ouverte sur le monde »[7],[8].
Notes et références
↑ a et bAndré Velter, Le Monde, 20 septembre 2005.
↑Dodik Jégou et Christophe Penot, La Maison internationale des poètes et des écrivains, Saint-Malo, Éditions Cristel, 2002, 57 p. (ISBN2-84421-023-6)