Jugeant alors de l'avenir réservé aux rares facultés de ce jeune artiste, le directeur du Conservatoire, dans le but de fonder dans cette institution une école de bons organistes qui manquait à la Belgique, demanda au ministre de l'intérieur une pension pour que M. Lemmens pût aller à Breslau, chez le célèbre organiste Adolf Hesse, étudier les traditions de l'art de Jean-Sébastien Bach; sa demande fut accueillie par le gouvernement, et Lemmens partit pour la capitale de la Silésie au commencement de 1846. Après qu'il y eut passé une année, Hesse écrivit à l'auteur de cette notice : Je n'ai plus rien à apprendre à M. Lemmens : il joue la musique la plus difficile de Bach aussi bien que je puis le faire. [...] En 1849, Lemmens fut nommé professeur d'orgue au Conservatoire de Bruxelles.
En fait, Lemmens n’était resté à Breslau que peu de temps et Hesse avait trouvé son talent «tout à fait médiocre», démentant même l’existence de la lettre élogieuse citée par Fétis. De son côté, Lemmens estimait qu’il avait peu appris en Allemagne et qu’il avait fait le voyage pour rien.
En 1847, avec sa cantate Le Roi Lear, il se classe deuxième au prix de Rome (derrière François-Auguste Gevaert), et il publie l'année suivante sa première œuvre pour orgue : Dix improvisations dans le style sévère et chantant.
Il n'a pas, contrairement à l'usage, occupé de poste d'organiste d'église important.
Jacques-Nicolas Lemmens fut un chaînon extrêmement important dans la tradition de l'orgue français, instaurant le style et la technique de l'école qui le suit et faisant découvrir les œuvres de Jean-Sébastien Bach qui en France étaient encore fort mal connues.
Le , Jacques-Nicolas Lemmens épouse à Londres la soprano anglaise Helen Sherrington (1834-1906). Le couple alla s'installer au château Linterpoorten à Zemst et ensemble ils donnèrent des concerts dans de nombreux pays. Jacques-Nicolas Lemmens et Helen Sherrington eurent une fille Marguerite, née à Londres le et décédée à Bruxelles le , qui épousa René Poelaert, agent de change, né le à Bruxelles et décédé à Schaerbeek le , fils de Constant Poelaert, avocat, frère de l'architecte Joseph Poelaert, et d'Ernestine Jacobs.
Compositions pour l’orgue
1848Dix Improvisations dans le style sévère et chantant
1862École d’Orgue, basée sur le plain-chant romain, ouvrage pédagogique dont sont extraites les pièces suivantes :
Cantabile (Allegretto) en si mineur
Fanfare (Allegro non troppo) en ré majeur
Finale (Allegro) en ré majeur
Prélude à 5 parties (Grave) en mi bémol majeur
Prière (Moderato cantabile) en ré majeur
1866Quatre pièces en style libre pour orgue : Allegretto en si bémol, Christmas-Offertorium, Fantaisie en la mineur, Grande Fantaisie « L’orage » en mi mineur
Trois Sonates (1874):
Sonate N° 1 « Pontificale » (ré mineur)
Allegro moderato
Adagio
Marche Pontificale (Maestoso)
Fuga (Fanfare)
Sonate N° 2 « O Filii » (mi mineur)
Prélude (Allegro non troppo)
Cantabile (Andante)
Fuga (Allegro con fuoco)
Sonate N° 3 « Pascale » (la mineur)
Allegro
Adoration (Andante sostenuto)
Finale «Alleluia» (Maestoso recitando - Allegro)
Bibliographie
Jean Ferrard, « La "Sainte tradition" de Hesse à Dupré », La Flûte harmonique n°61/62, 1992.
Ewald Kooiman, « La sainte tradition : essai de démystification », Orgues méridionales n°34, 1989, p. 65-89.