Jacques-Ambroise Duchemin de Villiers[n 1], né le à Laval, paroisse de la Trinité, et mort le dans la même ville, est un avocat, botaniste et historien français.
Biographie
Origine
Fils de Jacques Duchemin de la Maisonneuve et d'Artémise-Catherine-Marie-Anne Touchard de Sainte-Plaine[1]. Sa sœur ainée épousa M. Boullier, d'Ernée[1]. Il est le parrain, le , de sa sœur cadette, Artémise Duchemin[2],[n 2], ainsi que celui de son neveu Isidore Boullier.
Généalogie de Jacques-Ambroise Duchemin de Villiers
Ambroise Duchemin (1727-?), époux de Marie Duchemin
Ambroise Duchemin des Cepeaux (1759-1804)
Jacques Duchemin des Cepeaux, historien, auteur des Souvenirs de la Chouannerie
Armoiries
Sa famille, originaire du Maine, avait pour armoiries : "d'or au dromadaire passant de sable".
Le symbole du dromadaire dans un blason signifiait souvent un voyage en Orient voire en Terre Sainte.
Biographie
Débuts
Après avoir fait ses études classiques au collège de Laval, il étudie le droit à la faculté de Rennes, où il prend sa licence en 1785. Il se fait inscrire la même année comme avocat au siège ordinaire de Laval[2].
Jeune avocat, il est choisi presque aussitôt par le comte de Maillé, baron d'Entrammes, comme procureur fiscal de sa baronnie[3].
Procureur fiscal
Comme René Pichot de la Graverie, et Hoisnard, son oncle; dont il recueillera les œuvres manuscrites, il se met à
rédiger non seulement ses propres plaidoyers, mais aussi le résumé des causes débattues devant lui. Il annote en même temps la Coutume du Maine, donne par écrit de nombreuses consultations, puis, comme ses prédécesseurs, inscrit parmi ses notes journalières le procès-verbal des séances de l'Hotel-de-Ville, et à la Révolution française les délibérations des assemblées communales[4].
Révolution française
Il accepte lui-même un rôle dans l'organisation du district de Laval, le . Nommé procureur syndic[5], ses fonctions étaient des plus laborieuses[n 5]. Sur sa proposition, et à défaut d'un local affecté comme lieu de réunion pour le district, Jacques-Ambroise Duchemin de Villiers offrit la grande salle de la maison de son père, au faubourg Saint-Martin. Cette proposition est acceptée provisoirement[6].
Dès le début, du reste, il ne déguise pas ses appréhensions, sinon ses répugnances, pour le nouvel ordre de choses[n 6]. Il quitte, en effet, ses fonctions de procureur syndic le [6].
Après sa démission il redevint avocat et plaide, devant le tribunal révolutionnaire[6].
Prisons
À l'arrivée du conventionnel Joseph Fouché à Laval, le , il est du nombre des quarante suspects qu'on lui désigne et qui sont renfermés aux Bénédictines de Laval[7]. Il est libéré le [8], et se réfugie tout d'abord en campagne.
Il décide après l'emprisonnement de ses parents[n 7] à s'éloigner davantage.
Bibliothèque
Lors de la Terreur, obligé de quitter sa famille et ses occupations professionnelles, il augmente sa bibliothèque, par de nombreuses acquisitions[n 8],[9]. Il acquiert beaucoup de classiques français en éditions originales, des elzéviers, des ouvrages de droit, des livres scientifiques et autres, qui finissent par former une bibliothèque de 6 000 volumes[n 9].
Royaliste
Il est emprisonné une seconde fois à Paris. Il semble avoir été libéré après le 9 thermidor. Il va bientôt fixer sa résidence à Chartres, où il se donne tout entier à l'étude. Il rentre en effet à Laval, mais pour assez peu de temps, car 1797 est marquée par une recrudescence de mesures violentes.
Il rejoint son pays après le désarmement complet des royalistes, en 1800. À la nouvelle organisation des tribunaux sous le Premier empire, en 1811, il retrouve une fonction de judicature[n 10]. Il est nommé ensuite conseiller de préfecture par la Restauration, le [10],[11]. Le gouvernement des Cent-Jours le laisse en charge[12].
Lorsque Paul Étienne de Villiers du Terrage, révoqué à la chute définitive de Napoléon, quitte Laval, il lui laisse l'administration provisoire. Le chargé d'affaires doit prévenir les accidents qui pouvaient se produire par suite de conflits entre la troupe régulière, qui ne connaissait pas ou ne reconnaissait pas encore le changement de gouvernement,et la petite armée royaliste qui, même avisée de la rentrée de Louis XVIII, ne voulait pas s'être réunie pour rien[n 11].
Il rédige un double catalogue de sa bibliothèque, l'un descriptif des volumes, l'autre méthodique[n 12],[9].
Duchemin s'occupa de sciences diverses. Il étudie la botanique et a l'avantage de connaitre de Jussieu et l'un de ses disciples, Louis Claude Richard qu'il suit l'un et l'autre dans des herborisations aux environs de Paris, spécialement à Meudon en 1795 et 1796. Il réunit, entre autres, un herbier dont les échantillons, desséchés avec soin, sont attachés délicatement aux pages de deux gros in-folios[n 13],[15]. Un de ses herbiers, réalisé à partir de 1796, est conservé au Musée des Sciences de Laval[16].
À la fin de sa carrière et après sa démission du , il s'adonne surtout aux recherches historiques, prenant son sujet dans l'histoire locale, mais en généralisant les faits pour donner à ses études une portée supérieure[15]. Il correspond avec les historiens qu'il consultait ou qui l'interrogeaient : Cauvin, Marchegay, Verger, Magdelaine, l'abbé Tournesac, Marchegay, Augustin Thierry[n 14].
Il laissait aussi plusieurs manuscrits:
Cours complet de jurisprudence[n 15], in-4, couvert de parchemin.
Recueil de sentences et de notions et remarques relatives à la jurisprudence, commencé à la Saint-Martin 1785, in-4, couvert de parchemin.
Recueil d'extraits, analyses, remarques, notes, etc. Travail commencé dès sa jeunesse et continué jusqu'à la fin de sa vie[n 16], in-4, carton.
Travaux historiques Histoire abrégée de Laval, et morceau assez étendu sur la destruction des Jésuites, in-4, couvert de papier.
Notes écrites sur les événements qui se sont passés à Laval, 1814-1843. Sur feuilles volantes renfermées dans un carton[n 17].
Notes sur le Code civil.
Dictionnaire Lavallois, ou locutions particulières au pays de Laval, accompagné d'une petite pièce de vers par Charles Piquois.
Notes météorologiques, 1817-1837.
Notes sur les abeilles.
Publications
Essais historiques sur la ville et le pays de Laval en la province du Maine, avec des explications élémentaires et théoriques en faveur des personnes qui n'ont pas vécu sous l'ancien régime et qui désirent le connoître, par un ancien magistrat de Laval, Laval : impr. de J. Feillé-Grandpré, 1837-1843. 2 vol. in-8° , pl[17].
Essai sur le Régime Féodal. [Essais Historiques sur la Ville et le Pays de Laval en la Province du Maine]. Imprimerie de J. Feillé-Grandpré à Laval. Etiquette de Librairie de Piété et d'Education de H. Godbert, Rue de la Trinité à Laval (Mayenne). 1837. 129 p. [1][2]
Fonds Couanier
Il est à l'origine de plusieurs documents faisant partie du Fonds Couanier, on y trouve:
Les documents trouvés par Jacques-Ambroise Duchemin de Villiers dans sa famille :
Journal des événements de la première moitié du XVIIIe siècle tenu par René Duchemin du Tertre[n 18] (1662-1738), prêtre de Saint-Vénérand
Les Consultations, pièces de procédure, etc.[n 19], d'Ambroise Touschard, XVIIe siècle[n 20]
Plusieurs registres contenant les Actes de gestion des affaires de l'hôpital et de l'administration urbaine tenus par MM. Duchemin du Tertre et Duchemin de la Gimbretière, au commencement du XVIIIe siècle
Deux volumes de consultations de René Pichot de la Graverie[n 25]
deux volumes des causes jugées à Laval par Hoisnard.
Ceux collectionnés par Duchemin de Villiers :
les Factums de procès
les Imprimés de circonstance
les publications imprimées à Laval pendant la Révolution française et quelques-uns antérieurs.
On y trouve par exemple les Discours prononcés à la Convention à l'occasion du procès de Louis XVI, tous imprimés à Laval, par Dariot ou par Faur.
Il y a aussi un exemplaire de la Relation des fêtes qui eurent lieu au couvent des dominicains de Laval pour la canonisation de saint Pie V..
Les travaux et la correspondance de Duchemin de Villiers :
Un Cinquième essai sur l'histoire de Laval, concernant l'histoire ecclésiastique[n 26]
Un grand nombre de Notes
Sa Correspondance avec sa famille et ses amis de 1789 à 1798 ; postérieurement sa correspondance avec les historiens qu'il consultait ou qui l'interrogeaient : Cauvin, Marchegay, Verger, Magdelaine, l'abbé Tournesac, ...
Ses Mémoires qui concernent surtout la période de 1815 à 1845.
Les Copies qu'il faisait faire dans les dépôts publics surtout à Paris et spécialement par M. de Certain.
Ses manuscrits et sa correspondance avec sa sœur se trouvent à la Bibliothèque municipale de Laval. L'ensemble de ses archives conservées au château de Vaucenay à Argentré, a été microfilmé[18]. Parfois très détaillée, cette correspondance est utilisée dans des travaux historiques[19].
Notes et références
Notes
↑La terre et le château de Villiers sont situés en la commune de Vaiges. Le père de Duchemin de Villiers les avait acquis vers 1759 de la famille de Biars.
↑La correspondance avec son frère est éditée par l'Abbé Angot. Elle est née en 1773, et est morte le 6 mars 1848 à Laval.
↑Fille d'Ambroise Touschard, sieur de Sainte-Plaine. Licencié es lois. Echevin de Laval en 1754, 1757. Ambroise est le petit-fils d'Ambroise Touschard, conseiller du roi, juge royal de Laval.
↑Après avoir été magistrat, Isidore Boullier devient curé de la Trinité de LavaL. Il rédige plusieurs ouvrages, dont les Mémoires ecclésiastiques concernant la ville de Laval et ses environs pendant la Révolution en 1841.
↑Car toutes tes affaires ressortissant de cette administration devaient être élaborées par lui la correspondance, dont la charge lui incombait, ne remplit pas moins de deux cents pages serrées d'un volume in-folio.
↑René Enjubault de la Roche, député à l'Assemblée Nationale, son conseiller ordinaire, a beau lui représenter que, tous, ils se trouvent fort inexpérimentés en face de questions si neuves, que les chefs eux-mêmes des diverses commissions n'en savent souvent pas plus qu'eux, qu'ils sont des Christophe Colomb après lesquels viendront des Cook plus heureux ces encouragements du vieux légiste n'arrivent pas à lever les scrupules du jeune compatriote trop timoré pour lui.
↑Sa mère décède en prison. Son père est libéré compte tenu de ses infirmités sur ordre de Laignelot le 21 août 1794.
↑Tous les couvents pillés avaient garni les boutiques des libraires d'une prodigieuse quantité d'ouvrages infiniment variés. Les livres, même choisis par un amateur, se payaient au mois d'août 1794, Paris, quinze sols le volume en assignats et à peu près trois sols en numéraire; d'autres fois l'acquéreur les prenait au poids il raison de dix sols la livre.
↑Ils furent acquis dans ces conditions. Le surplus provenait d'héritages, de dons divers, d'échanges.
↑Il n'est d'ailleurs que le quatrième des juges suppléants du tribunal de première instance de Laval, dont l'installation eut lieu le 29 avril.
↑Le 10 juillet 1815, M. de Villiers envoie par estafette une lettre à Moustache qui se tenait sur la route de Craon, pour le prier instamment de ne pas attaquer mais le message ne put arriver il temps, un engagement eut lieu de six à neuf heures du soir au Gros-Chêne, et le vieux chef royaliste y trouva la mort. Un autre détachement, où les deux neveux de M. Ducliemin servaient comme officiers, était devant Sainte-Suzanne, et le maire de la ville avait signé avec le commandant une capitulation aux termes de laquelle les portes seraient ouvertes dès que les journaux annonceraient qu'on reconnaissait à Paris l'autorité du roi. Officiers et soldats voulaient d'abord bloquer la place ; puis, dans la crainte d'être attaqués eux-mêmes par des forces supérieures, ils s'étaient retirés à Évron, mais demandaient au moins qu'on reconnut leur conquête et que la première démarche des habitants de Sainte-Suzanne pour adhérer au gouvernement royal fut dirigée vers eux. M. de Villiers put pourtant prévenir toute collision sanglante. Mais tout danger n'était pas encore conjuré aussi, dès la réception de la circulaire du baron de Vitrolles qui lui apprenait, le mardi 1l juillet, à quatre heures et demie du soir, l'entrée du roi à Paris, il répondit par l'envoi d'un courrier aux trois ministres, demandant des ordres pour concilier la présence simultanée dans le département des troupes de ligne et des royalistes. Ces derniers n'étaient pas encore complètement rassurés, et ne croyaient pas devoir se disperser avant d'avoir des garanties définitives, M. de Villiers leur fit dire il Meslay de s'écarter de la grande route, que devait parcourir la troupe, pour prévenir l'éventualité d'une rencontre. Ce fut là, il semble, tout le rôle de l'administrateur intérimaire, dans des circonstances d'ailleurs assez critiques.
↑De Chartres, où est commencée cette collection, le botaniste demandait à sa sœur certaines plantes du pays natal dont elle insérait au moins quelques feuilles et les fleurs dans les plis de ses lettres.
↑Entrepris sur un plan dont l'étendue n'a pas permis l'auteur de le compléter. À partir du traité des Interdits et de leur curateur, M. de Villiers se contente d'indiquer la division et la distribution des matières, et les meilleures autorités consulter pour les approfondir.
↑On y trouve des notes sur les événements du commencement de la Révolution française.
↑Il commença à écrire en 1711, une sorte de journal de ce qui se passait d'intéressant pour lui à Laval; et surtout dans la paroisse de Saint-Vénérand et il le fit précéder de quelques faits plus anciens qui étaient venus à sa connaissance. Le tout forme un gros cahier intitulé: Registre de plusieurs choses arrivées en la paroisse de Saint-Vénérand, concernants le clergé et les habitans, tant de ma connaissanc, que celles que j'ai apprists des anciens, et que j'ai tirées d'anociens écrits que j'ai lus.
↑Il s'agit de documents et de dossiers ayant trait aux affaires instruites par Ambroise Touschard. Quand il ne donne pas les pièces elles-mêmes, Ambroise Touschard les analyse et plusieurs questions intéressantes y sont étudiées.
↑Maitre Touscahrd est l'auteur de Mémoires manuscrits comme juge des exempts à Laval, sur le chapitre de Saint-Michel. Pierre Touschard, juge royal à Laval, est mort le 18 avril 1739.
↑On y trouve le Chartrier d'une terre importante, le Bourg-L'évêque de Simplé, dont les archives sont presque totalement perdues, qui se trouve reproduit dans ses parties principales dans cet ouvrage.
↑On trouve dans ce journal du palais tous les faits saillants de l'histoire de Laval pendant la carrière de Pichot de la Graverie. Le volume des Centuries est plus exclusivement théorique mais on trouve à la suite les discours prononcés par Pichot de la Graverie aux rentrées du tribunal qu'il présida pendant une dizaine d'années, comme juge civil.
↑Pour l'Abbé Angot, il ne s'agit pas seulement un exposé théorique de cette question de droit coutumier, mais dont tous les articles sont appuyés de faits, d'actes, des pièces à l'appui, d'exemples, qui sont autant de documents pour l'historien.
↑Il ne s'agit pas d'un manuscrit autographe ni complet de Pichot de la Graverie. Les copies ont été faites par un autre M. Pichot, neveu de l'auteur, par Hoisnard aussi son neveu, et par deux autres scribes.
↑Il semble prêt pour l'impression, mais il est resté inédit. Il traite plutôt la question au point de vue général.
↑HerbEnLoire, catalogue des herbiers recensés en Pays de la Loire, Université d'Angers, Conservatoire Botanique National de Brest - antenne Pays de la Loire, Bazan, S., Geslin, J., Guérin, M.-L., Lacroix, P., Malécot, V., Mercier, D., Morel, N., Pavie, C., Rouillard,
T., Tréguier, J., You, T., et Zerna, P., 2018
↑Essais historiques sur la ville et le pays de Laval en la Province du Maine : Par un ancien Magistrat de Laval, J. Feillé-Grandpré, (lire en ligne)
Notice historique sur M. Duchemin de Villiers, sa vie et son œuvre., Abbé Angot, « Mémoires épistolaires », sur Gallica, Paris et Laval, A. Picard et A. Goupil, (consulté le ), p. 7 à 25.