Indicatrice de CarmichaelLa fonction indicatrice de Carmichael, ou indicateur de Carmichael ou encore fonction de Carmichael, notée λ, est définie sur les entiers naturels strictement positifs ; elle associe à un entier n le plus petit entier m vérifiant, pour tout entier a premier avec n, am ≡ 1 mod n. Elle est introduite par Robert Daniel Carmichael dans un article de 1910. L'indicatrice de Carmichael λ entretient des rapports étroits avec la fonction indicatrice d'Euler φ, en particulier λ(n) divise φ(n). Les deux fonctions coïncident en 1, 2, 4, les puissances d'un nombre premier impair et leurs doubles, mais diffèrent partout ailleurs. Définitions et première propriétésLes entiers a premiers avec n sont exactement ceux qui sont inversibles modulo n (par le théorème de Bachet-Bézout et sa réciproque). Donc si deux entiers m et k vérifient am ≡ 1 mod n et ak ≡ 1 mod n, le reste de la division euclidienne de l'un par l'autre également. La définition peut donc être reformulée[1] :
On déduit alors du théorème d'Euler que :
La définition a également pour conséquence, par le théorème des restes chinois que :
La définition peut être reformulée en utilisant la théorie des groupes. Un entier a premier avec n est exactement un entier dont la classe modulo n est un élément inversible de l'anneau ℤ/nℤ, c'est-à-dire un élément du groupe multiplicatif (ℤ/nℤ)*. Par définition, le plus petit entier m vérifiant αm = 1 pour tout élément α d'un groupe est appelé exposant de ce groupe, et donc :
Une autre caractérisation de l'exposant donne
On retrouve ainsi que λ(n) divise φ(n) qui est le cardinal, ou ordre, du groupe (ℤ/nℤ)* et donc un multiple commun des ordres de ses éléments (par le théorème de Lagrange). Dans un groupe commutatif fini, comme (ℤ/nℤ)*, il existe un élément d'ordre l'exposant, c'est-à-dire que :
On en déduit immédiatement que :
Quand p est premier, ℤ/pℤ est un corps fini (premier), et son groupe multiplicatif (ℤ/pℤ)* est alors cyclique. Donc :
ExemplesOn n'a pas toujours λ(n) = φ(n) : le groupe multiplicatif (ℤ/8ℤ)* est le groupe de Klein, d'ordre 4 et d'exposant 2, on a donc λ(8) = 2 mais φ(8) = 4. Il n'y a pas que les nombres premiers pour lesquels les fonctions φ et λ prennent la même valeur : on vérifie que (ℤ/4ℤ)* et (ℤ/6ℤ)* sont d'ordre 2, donc λ(4) = φ(4) = 2 et λ(6) = φ(6) = 2, (ℤ/9ℤ)* est d'ordre φ(9) = 6, et 2 est un élément d'ordre 6 de (ℤ/9ℤ)* donc λ(9) = φ(9) = 6 (les cas où φ(n)= λ(n) sont précisés au paragraphe suivant). La suite oeis:A002322 donne les premières valeurs de la fonction λ de Carmichael (et en propose d'autres dans les références). Les 36 premières valeurs de la fonction λ sont données dans le tableau ci-dessous, avec celles de l'indicatrice d'Euler φ correspondantes.
Calcul de λ(n)On sait calculer λ(m×n) connaissant λ(m) et λ(n) quand m et n sont premiers entre eux. On pourra donc calculer λ(n) à partir de la décomposition en facteurs premiers de n, si on sait calculer λ(pr) pour p un nombre premier, ce que l'on obtient en étudiant les groupes multiplicatifs correspondant :
On obtient alors une caractérisation plus calculatoire de la fonction indicatrice de Carmichael (prise d'ailleurs parfois pour définition, en particulier dans l'article original de Carmichael[2]). Théorème — La fonction indicatrice de Carmichael est la fonction λ définie sur les entiers strictement positifs par :
La fonction indicatrice de Carmichael prend la même valeur que la fonction indicatrice d'Euler en n si et seulement si le groupe (ℤ/nℤ)* est cyclique, c'est-à-dire si et seulement si :
(la suite oeis:A034380 énumère les premières valeurs du quotient φ(n)λ(n), et propose d'autres données en références). Autres propriétésOn déduit, soit de la définition, soit de la forme plus explicite donnée par le théorème, que :
en particulier :
Quand n est un nombre sans facteur carré, c'est-à-dire que n est le produit de nombres premiers distincts p1, ... , pk :
Nombres de CarmichaelLes nombres de Carmichael sont des nombres entiers naturels n qui ne sont pas premiers mais qui vérifient pourtant la conclusion du petit théorème de Fermat, soit :
Carmichael les étudie dans le même article où il introduit sa fonction indicatrice et donne en particulier cette caractérisation[3], qui suit immédiatement de la définition adoptée plus haut :
Par conséquent :
En tirant parti de ces propriétés, et de l'expression dans ce cas de λ(n) (voir section précédente), la caractérisation de Carmichael devient : Théorème — Un entier naturel n qui n'est pas premier est un nombre de Carmichael si et seulement s'il est produit de nombres premiers impairs distincts, soit n = p1 … pk, vérifiant pi – 1 divise n – 1, pour 1 ≤ i ≤ k. Ce résultat, démontré dans l'article de Carmichaël[4], est parfois appelé théorème de Korselt (voir l'article détaillé nombre de Carmichael). Notes et références
Bibliographie
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