Outre dans la peinture, Inès Esménard excelle également en musique et maîtrise plusieurs langues (français, anglais et espagnol)[5].
Active à Paris où elle expose aux Salons de 1814 à 1851, elle exerce dans divers ateliers situés 6, rue Louis-le-Grand, puis 29, rue Taitbout en 1850[Note 2].
À l'occasion du Salon de 1817, le critique du Mercure de France[7] la félicite en ces termes : « Croiriez-vous que ce joli portrait en costume gothique, est le coup d’essai d’une jeune personne de dix-sept ans, mademoiselle Inès d’Esménard, fille de l’auteur du poème de la Navigation[8], s’annonce avec un véritable talent ; la poésie et la peinture sont de la même famille. »
Lors du Salon de 1819, où elle obtient une médaille de 2e classe, elle présente les portraits de Mlle Mars et de Mlle Duchesnois, réalisés pour le comte Demidoff. Lors de ce salon, Étienne de Jouy mentionne que « les miniatures de mademoiselle Inès Esménard sont quelquefois de jolis tableaux ; tel est celui de mademoiselle Mars dans le rôle d’Agnès, et celui de mademoiselle Duchesnois dans le rôle d’Electre : cette jeune personne, depuis la dernière exposition, a fait des progrès qui la classent, honorablement parmi les peintres en miniature[9]. »
Inès Esménard réalise par la suite divers portraits et des sujets tirés de l’opéra Le Château de Kénilworth (première à Paris en 1823) et du roman Le Renégat (1823). Sur ce dernier, l’éditeur de l’ouvrage, Bechet aîné, mentionne dans la préface qu’un tableau représentant « Agobar et Ezilda à la pyramide de Fabius au douzième livre […] est de Mlle Inès Esménard, et l’on assure qu’elle y a fait preuve d’un talent très remarquable[10]. »
Lors du Salon de 1833, la critique écrit que « Mlle d’Esmenard a exposé deux jolis portraits bien modelés. Le fond de paysage du no 861 est bien traité ; la robe et les accessoires sont bien rendus[11]. »
En 1835, la critique signale que la jeune fille de l’île de Cassos est « gracieusement et solidement peinte[12] », et au Salon de 1840, qu’« une tête bien dessinée, deux bras nus et modelés avec grâce, des accessoires traités habilement recommandent un beau portrait de femme de mademoiselle Inès d’Esmenard, qui a fait preuve de savoir-faire dans ce portrait ainsi que dans celui du docteur E… D… . Ils sont remarquables par une bonne couleur[13]. »
Inès Esménard souscrit, avec cinq cents autres personnalités[14], à l’ouvrage Mort d’un enfant impie, de Robert Antoine de Beauterne, publié en 1836[15]. Elle présente sa dernière œuvre au Salon en 1851.
Dans les années 1870, Inès Esménard est établie successivement comme pensionnaire chez plusieurs couples d'Auvers-sur-Oise[2],[3]. Elle meurt chez son logeur en 1884, « âgée d'environ quatre-vingt-dix ans » selon son acte de décès[16], célibataire et indigente[17].
Dominique Vivant Denon réalisa, en 1816, une lithographie intitulée Les Délices de la campagne qui est un portrait de Mlle Esmenard, Miss Owenson (lady Morgan) et Mme X…[23], puis une seconde entre 1817-20, Mlle Esmenard, la représentant assise, lisant, avec derrière elle un chevalet et une toile[24].
Enfin, Inès Esmenard elle-même réalisa un autoportrait en 1839.
Œuvres
Peinture
Portrait de Mme E…, avec son enfant, Salon de 1814[20].
Un officier au visage presque complet et en uniforme bleu, vers 1815, miniature, 4,5 cm, vente Christie’s Londres, , lot 111.
Portrait de Mlle S…, en costume gothique, Salon de 1817[20].
Portrait de Mme Elisa Patterson, Salon de 1824, no 2199[20],[27].
Portrait d’enfant, Salon de 1824, no 2200[20],[27].
Un cadre de miniatures, Salon de 1824, no 2201[20],[27].
Femme, en robe blanche rehaussée d’or et chapeau assorti, avec un châle bleu sur les épaules, 1826, miniature, 7 cm, vente Phillips, Londres, , lot 180.
L'Empereur Napoléon Ier vu de face en uniforme, 1826, miniature, 9,5 cm, vente Christie’s, , lot 182.
Louise d'Albufera assise sur une chaise en bois tenant sa jeune sœur Marie portant un collier de corail, leur frère Napoléon duc d’Albufera se tenant derrière en costume noir, 1826, miniature, 5,9 cm, vente Christie’s, 2005, lot 239.
Femme portant une robe blanche et or, 1826, miniature, 7 cm, vente au Royaume-Uni[réf. nécessaire], .
Portrait de femme en robe blanche et châle bleu, 1827, miniature, 6,6 cm, vente en France[réf. nécessaire], .
Portrait d’une jeune fille en robe coupée d’un lacet blanc, 1838, huile sur toile, 50,8 × 61,96 cm, vente au Neal Sons & Fletcher, Woodbridge, , lot 404.
Autoportrait, 1839, huile sur toile, 24 × 19 cm, vente hôtel Drouot, Paris, .
Portrait du docteur E… D…, Salon de 1840[13],[20].
Portrait de Mme S. V…, Salon de 1850, no 1004[30],[20].
Lithographie
Costumes hollandais, danois et russes, Paris, éditeur Villain, 1821. 80 planches lithographiées en couleurs, 28,5 × 22 cm, dessinées par Mlle d'Esmenard, gravées et lithographiées par Villain.
Collection de costumes étrangers…, Paris, chez Daudet, 1822, huit planches de costumes russes dessinées par Mlle d'Esmenard[31].
Notes et références
Notes
↑Ses parents ne s'étant mariés qu'en 1801 à Paris[4], il est possible qu'elle soit née, en tant que fille naturelle, sous un autre nom que celui de son père.
↑Elle est parfois mentionnée, par erreur, au 12, rue Caumartin, à la suite de la confusion avec Natalie Esménard, (1798-1872), peintre de fleurs.
Références
↑Esménard, rentiers de Lambesc, avec jouissance des droits du seigneur pour les princes de Lorraine, seigneurs de Mondésir, de Vautubières de Chamvert Du Mazet, gouverneurs héréditaires de Lambesc, Metz, Impr. de Rousseau+Pallez, (lire en ligne), p. 17-20
↑ a et bRecensement de population, Auvers-sur-Oise, , Archives départementales du Val-d'Oise [lire en ligne] (vue 17/61) [76 ans, née à Paris ; note : elle est déclarée du sexe masculin et dite « artiste dramatique »]
↑Fiche du mariage « Jeanne Adolphine KALCKGRABER & Joseph Etienne ESMÉNARD », , Paris, fonds Andriveau, disponible sur Filae
↑« Il est impossible de toucher le sujet des talens des femmes en France sans parler des trois charmantes filles de feu M. Esmenard. Elles sont de la première force en musique, et parlent le françois, l’anglois et l’espagnol avec autant d’aisance que de pureté. Mademoiselle Inis Esménard, malgré son extrême jeunesse, a déjà acquis quelque célébrité par son talent dans la peinture en miniature, et on la met au premier rang des élèves les plus distingués d’Isabey, qui a été son maître. » — Lady Sidney Morgan (miss Owenson), La France, Paris, 1817.
↑Poème écrit en 1805 par son père, nourri par les observations faites par l'auteur au cours de ses voyages.
↑La Minerve française, Paris, novembre 1819, tome VIII, p. 74-75 et Œuvres complètes d’Étienne de Jouy avec des éclaircissements et des notes, Paris, 1823, T.17, p. 149.
↑M. le vicomte d’Arlincourt, Le Renégat, t. Ier, Paris, 6e édition, 1823, préface de l’éditeur p. xj-xij.
↑ ab et cJournal des artistes : annonce et compte rendu des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, lithographie, poésie, musique et art dramatique, Année 7, Volume 1, Numéro 17, Paris, 28 avril 1833, p. 302.
↑ a et bJournal des artistes : annonce et compte rendu des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, lithographie, poésie, musique et art dramatique, Année 9, vol. 1, no 17, Paris, 26 avril 1835, p. 262.
↑ ab et cJournal des artistes : annonce et compte rendu des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, lithographie, poésie, musique et art dramatique, Année 14, Volume 1, Numéro 15, Paris, 15 avril 1840, p. 233.
↑« Parmi lesquels on distingue plusieurs Ecclésiastiques et Curés de paris, un grand nombre de Pairs de France et de Députés ; les noms de S. M. la Reine, et celui de M. le Ministre de l’Instruction Publique, sont en tête de la liste. M. L’Intendant Général de la Liste Civile vient de souscrire pour les Bibliothèques de la Couronne. »
↑M. le comte de Montholon, Sentiment de Napoléon sur la divinité : pensées recueillies à Sainte-Hélène, publié par M. le Chevalier de Beauterne, Paris, 1841.
↑Table alphabétique des successions et des absences, no 21, Esménard Inès,1876-1885, bureau de Pontoise, Archives départementales du Val-d'Oise [lire en ligne] (vue 74/200) (« Certificat d'indigence délivré par le maire »)
↑Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française, au XIXe siècle : peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, lithographie et composition musicale, 1831.
↑Dr G. K. Nagler, Neues allgemeines Künstler-Lexicon oder nachrichten von dem leben und den Werken der maler, Bildhauer, baumeister, Kupferstecher, Formschneider, Lithographen, Zeichner, Medailleure, Elfenbeinarbeiter…, Munich, 1837.
↑ abcdefghijklmnopqrstuvwx et yÉmile Bellier de La Chavignerie, Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, t. 1, 1882-1885, p. 521.
↑Adolphe Siret, Dictionnaire historique et raisonné des peintres de toutes les écoles depuis l'origine de la peinture jusqu'à nos jours, t. 1, 1883, p. 316.
↑Louis Alvin, Fr. J. Navez : sa vie, ses oeuvres et sa correspondance, Bruxelles, Bruylant-Christophe et Cie, (lire en ligne), p. 57-58 (séjour à Paris); 278 (portraits d'Inès, Nathalie et Atala Esménard).
↑Bibliothèque nationale, Département des estampes, Inventaire du fonds français après 1800, vol. 6 : Daumont-Dorange, 1953, Bibliothèque nationale, (lire en ligne), p. 253, no 5
↑Bibliothèque nationale, Département des estampes, Inventaire du fonds français après 1800, vol. 6 : Daumont-Dorange, 1953, Bibliothèque nationale, (lire en ligne), p. 255, no 37.
↑Thomas Gordon et sa femme Barbara Kana, 1821, Aberdeen, University of Aberdeen, « www. abdn.ac.uk » (consulté le ).
↑ abcd et eExplication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure, lithographie et architecture des artistes vivants exposés au musée royal des arts, le 25 août 1824, Paris, 1824.
↑Auguste Jal précise que « sa bouquetière est très propre ; c’est une femme d’émail », in Auguste Jal, Salon de 1831 : ébauches critiques, Paris, 1831, p. 166.
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au musée royal, le , Paris, 1834.
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Palais National le , Paris, 1850.
↑Bibliothèque nationale, Département des estampes, Inventaire du fonds français après 1800, vol. 7 : Doré-Folk, Paris, Bibliothèque nationale, (lire en ligne), p. 378.