Hotel California (chanson)

Hotel California

Single de Eagles
extrait de l'album Hotel California
Face B Pretty Maids All in a Row
New Kid in Town (France)
Victim of Love (Portugal)
Sortie janvier 1977
Durée 6:34
Genre Rock progressif, reggae rock, hard rock
Auteur Glenn Frey, Don Henley
Compositeur Don Felder
Producteur Bill Szymczyk (en)
Label Asylum Records
Elektra Records
Warner Bros. Records

Singles de Eagles

Pistes de Hotel California

Hotel California, dont le titre originel est Mexican Reggae, est une chanson américaine du groupe Eagles composée par Don Felder, Don Henley, Glenn Frey. Éditée sur l'album Hotel California en 1976, elle est sortie en single l'année suivante[1]. Elle est classée no 1 au Billboard Hot 100, no 49 parmi les 500 plus grandes chansons de tous les temps selon Rolling Stone[2]. Elle est certifiée disque de platine aux États-Unis où elle a été téléchargée plus de 3 millions de fois.

Histoire

Inspiration et composition

La première version instrumentale de la chanson est composée par Don Felder dans une maison de location à Malibu Beach. Il enregistre cette version avec une boîte à rythmes Rhythm Ace à laquelle il ajoute une guitare à douze cordes et une ligne de basse avant d'envoyer des copies à Don Henley et Glenn Frey. Les Eagles fonctionnent souvent de cette façon : pour chaque album, Don Felder soumet quinze ou seize idées d'accompagnement aux autres membres du groupe dont notamment Don Henley, souvent responsable des paroles. La première version d’Hotel California montre des influences latines et reggae, ce qui attire l'attention de Don Henley qui dit de la chanson qu'elle « sonnait comme du reggae ou un bolero mexicain »[3] et la chanson a pour premier nom… Mexican Reggae[4].

En 2008, Don Felder décrit l'écriture des paroles : « Don Henley et Glenn ont écrit la plupart des paroles. Nous conduisions souvent dans la nuit à L.A… Aucun d'entre nous n'était californien et, en conduisant à travers la nuit de L.A., on pouvait voir les lumières de l'horizon briller. À ce moment, les images d'Hollywood, de tous tes rêves, commencent à défiler dans ta tête et c'est avec cet esprit que nous avons commencé à écrire la chanson[5]. »

Don Henley décide alors du titre Hotel California, notant comment le Beverly Hills Hotel est devenu littéralement et symboliquement un point central de leur vie à cette période. Don Henley dit de leurs vies professionnelle et personnelle, lors de leur arrivée à Los Angeles : « C'était une période d'apprentissage de la vie, de l'amour et du business. Beverly Hills était toujours un endroit mythique pour nous. En ce sens, Beverly Hills était devenu comme un symbole et cet hôtel était devenu le centre de tout ce que L.A. représentait pour nous. En une phrase, je résumerais cela comme la fin de l'innocence, round one[6]. »

Glenn Frey vient avec cette image cinématographique d'une personne qui, fatiguée après une longue traversée du désert, recherche un endroit où se reposer et passer la nuit mais entre dans « un monde étrange peuplé de personnages effrayants », et devient « rapidement terrorisée par le sentiment confinant à la claustrophobie d'être coincé dans une toile perturbante de laquelle elle pourrait ne jamais s'échapper »[7]. Cet aspect cinématographique est central à la chanson, Henley continue d'écrire la chanson autour de cette idée et cherche l'inspiration dans les films et en conduisant à travers le désert.

Cette chanson ressemble à celle de Jethro Tull, écrite par Ian Anderson, We Used to Know, sur l'album Stand Up publié en 1969. Dans une interview accordée à Carl Wiser pour Songfacts, le chanteur de Jethro Tull émet l'hypothèse que la progression harmonique de We Used to Know pourrait avoir inconsciemment influencé le groupe américain, mais se refuse à parler de plagiat[8],[9].

La complexité musicale du morceau et le choix des harmoniques ont été analysés par un expert qui a noté une progression inhabituelle d'accords et l'emploi de la suite andalouse (en), des changements de tonalité, l'utilisation particulière des accords de dominante et sous-dominante, et le recours à une cadence rompue (trompeuse)[10].

Enregistrement

Les Eagles enregistrent trois versions différentes de la chanson avec Don Henley : deux fois au Record Plant à Los Angeles et une dernière fois au Criteria Studios à Miami. Ils ont tout d'abord enregistré un riff mais le ton était trop élevé pour la voix d’Henley donc Felder a progressivement changé le ton de mi mineur à si mineur. À Miami, le groupe sélectionne cinq ou six des meilleures prises afin d'en tirer les meilleures parties pour constituer le morceau final. La partie finale où s'affrontent les guitares de Joe Walsh et Don Felder aura nécessité trois jours de répétitions afin d'avoir la précision nécessaire[7].

Don Henley décide que la chanson devait être un 45 tours, malgré les doutes de Felder et la réticence de la compagnie de disques à sortir un morceau de plus de six minutes qui excédait de loin la durée moyenne des morceaux à la radio. Le groupe s'oppose à la requête du label qui souhaite raccourcir la chanson. La couverture du vinyle utilise une photo du Beverly Hills Hotel prise par David Alexander.

Cette chanson dure six minutes et trente secondes dont environ deux minutes dix pour le célèbre solo de guitare (selon Guitar World[11]).

Après s'être reformés au début des années 1990, les Eagles ont enregistré pour l'album en public Hell Freezes Over une version acoustique de la chanson. À cette occasion, ils en ont modifié la structure : l'introduction a été en partie recomposée et allongée, et le solo de guitare raccourci. La durée de Hotel California est portée à sept minutes douze.

Réception et récompenses

Hotel California entre pour la première fois au Billboard Hot 100 le [12] et se retrouve au sommet du Top 100 pour une semaine en , c'est la quatrième chanson du groupe à atteindre la première place dans les palmarès. Trois mois après sa sortie, le single est certifié disque d'or, ce qui représente la vente d'un million d'exemplaires. En 2009, la chanson est certifiée platine et a été téléchargée plus de trois millions de fois[13].

Certifications

Pays Certification Date Unités certifiées
Drapeau du Danemark Danemark (IFPI Danmark)[16] Disque de platine Platine 2019 90 000
Drapeau des États-Unis États-Unis (RIAA)[17] Disque de platine Platine 4 février 2009 1 000 000
Drapeau de la France France (SNEP)[18] Disque d'argent Argent 1977 200 000
Drapeau de l'Italie Italie (FIMI)[19] Disque de platine 2 × Platine 2019 100 000
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande (RMNZ)[20] Disque de platine 8 × Platine ? 240 000
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (BPI)[21] Disque de platine 3 × Platine 9 décembre 2022 1 800 000

Paroles et interprétations

Dans un entretien au San Francisco Chronicle du , Don Henley raconte que la chanson capturait l'esprit de l'époque, qui était une période de grands excès dans cette région et dans le business de la musique en particulier. Plus tard, il dira que les interprétations les plus folles ont été avancées, mais qu'il a « une explication très simple. Il s'agit d'un voyage de l'innocence vers l'expérience ».

Il existe en effet plusieurs interprétations quant aux paroles de la chanson. L'une d'elles serait une métaphore pour l'industrie musicale de Los Angeles : c'est une prison dorée dans laquelle entre un artiste pour ne plus jamais pouvoir en ressortir. Une autre interprétation propose que l'Hotel California n'est pas un hôtel, mais un établissement spécialisé dans le traitement des dépendances aux drogues, couru par les rock stars de l'époque[22],[23], la légende dit encore qu'elle serait inspirée du château Marmont à Los Angeles[24]. Elle figure sur l'album du même nom (premier morceau de l'album), qui est le premier sans Bernie Leadon et avec Joe Walsh.

Reprises

La chanson a été reprise de nombreuses fois.

  • Majek Fashek, en version reggae, souvent attribuée à Bob Marley ;
  • Ahmet Koç (tr) en version instrumentale interprétée avec l'instrument turc, le baglama sur son album Paradox ;
  • Don Henley des Eagles, en solo ;
  • TQ en 2012, dans Une Version R'N'b West Coast.
  • Nancy Sinatra dans son album California Girl sorti le  ;
  • Les Gipsy Kings dans une version flamenco en 1988, présente dans le film The Big Lebowski ;
  • Le groupe californien SkaDaddyZ (en) avec une version ska ;
  • The Cat Empire dans une version francophone nommée L'Hôtel de Californie ;
  • Vocal Sampling (groupe cubain) dans une version a cappella ;
  • Sylvain Cossette, en 2008, dans son album 70's ;
  • Vama Veche, une reprise appelée Welcome to the hotel cismigiu ;
  • Moonraisers pour une nouvelle version reggae en 1998 ;
  • Le Naheulband, utilisant la mélodie de Hotel California sur l'album Machins de taverne (2003) où « Welcome to the Hotel California » devient « Bienvenue dans la forêt de Lothlórien » ;
  • Les rappeurs français Gomez et Dubois, pour une reprise parodique intitulée « Hôtel Commissariat » sur leur album « Flics & Hors-la-loi » en 2003 ; à la guitare, Slim Pezin pour le solo ;
  • Les musiciens du Buena Vista Social Club et The Killers, dans la compilation Rhythms Del Mundo Classics ;
  • Le chanteur de Reggae Max Romeo, pour une reprise en 1999 dans son album Something is Wrong ;
  • le groupe Alabama 3 (en) sur l'Album Noir (vol. 3) de La Musique de Paris Dernière ;
  • En 2011, le chanteur de r'n'b Frank Ocean, du collectif hip-hop OFWGKTA, reprenant la base de la chanson mais en modifiant les paroles dans son titre American Wedding ;
  • Le chanteur kabyle Oulahlou dans son album Araw t-lelli, en 2006 ;
  • The Moog Cookbook, dans leur album Ye Old Spaceband en 1997 ;
  • Le groupe Emblem3 (en) lors de leurs tournée Bandlife et ensuite une version studio ;
  • Camille et Kennerly Kitt, reprise à la harpe sur l'album Harp Attack 2 en  ;
  • Le groupe américain Our Last Night, en version post-hardcore, disponible sur YouTube, depuis  ;
  • Le groupe Akelarre l'a reprise en basque ;
  • Une adaptation française, signée Michel Jourdan, a été enregistrée par le duo Shuky & Aviva ;
  • Une transposition musicale au Guzheng (cithare chinoise) par la Hongkongaise Moyun en 2023.

Distribution

Notes et références

  1. Paroles originales et traduction sur le site Paroles-Musique.com.
  2. a et b (en) « 500 Greatest Songs of All Time (2004) », sur rollingstone.com, (consulté le ).
  3. Bosso, Joe (August 21, 2012). "Interview: Don Felder on The Eagles' classic song, Hotel California". Musicradar.
  4. Crowe, Cameron. "Conversations with Don Henley and Glenn Frey" (The Very Best Of liner notes) (2003)
  5. "Don Felder interview segment". The Howard Stern Show. Sirius Satellite Radio. July 17, 2008.
  6. Eliot, Marc (December 13, 2006). "The Eagles: "It's A Record About The Dark Underbelly Of America"". Team Rock. Archived from the original on March 2, 2016.
  7. a et b (en) Steve Sullivan, Encyclopedia of Great Popular Song Recordings, vol. 2, Lanham, Scarecrow Press, , 1016 p. (ISBN 978-0-8108-8295-9), p. 135–137.
  8. (en) « Songwriter Interviews », sur www.songfacts.com (consulté le )
  9. (en) « Was Hotel California based on a Jethro Tull song? », sur www.youtube.com, (consulté le )
  10. (en-US) Lori Dorn, « The Incredible Harmonic Complexity Found Within Each Part of the Iconic Eagles Song 'Hotel California' », sur Laughing Squid, (consulté le )
  11. [1]) de Don Felder et Joe Walsh
  12. "Billboard Hot 100: February 26, 1977". Billboard.
  13. (en)« Revisionist History, Holiday Edition: Mariah Gets a ‘Christmas’ Gift, Wham! Gets the Boot », sur billboard.com
  14. (en) « 500 Songs That Shaped Rock », sur Infoplease (consulté le ).
  15. (en)« Grammy Hall of Fame Award », sur grammy.com
  16. (da)« Certificeringsnummer », sur ifpi.dk
  17. (en)« Gold & Platinum », sur riaa.com
  18. « Les certifications depuis 1973 », sur infodisc.fr(Chercher The Eagles dans le déroulant)
  19. (it)« Certificazioni », sur fimi.it(Choisir Singoli dans Sezione, entrer Hotel California dans Filtra, sélectionner tutti gli anni dans Anno)
  20. (en)« Official Catalogue Singles », sur nztop40.co.nz
  21. (en) « BRIT Certified », sur Bpi.co.uk (consulté le )
  22. L'histoire secrète d'Hôtel California article sur le site Le Figaro.fr publié le 19 janvier 2016. Cet article décrypte la chanson en la rattachant aux obsessions addictives de ses auteurs.
  23. (en) « Hotel California, California Rehabilitation Center », Simpson Gumpertz & Heger,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. Clémentine Goldszal, « Les fantômes de Chateau Marmont », sur lepoint.fr,

Liens externes