À partir de 1860, Hippolyte Arnoux travaille comme photographe en Égypte, à Port-Saïd, où il installe un studio photographique place des Consuls, puis un second place Ferdinand-de-Lesseps[1] ; il est l'un des photographes attitrés, sinon officiel, des travaux de percement du canal de Suez qui débutent en 1859[3] : son studio place Ferdinand-de-Lesseps porte d'ailleurs le nom de Photographie du canal. Il est visité par de nombreux touristes de passage[4], Port-Saïd étant une escale pour les voyageurs qui se rendent en Extrême-Orient via le canal de Suez[5].
Hippolyte Arnoux apparaît comme photographe établi à Alexandrie, rue Lifonti, dans un guide publié en 1868[6].
À la même époque, il a pu collaborer avec le studio photographique des frères Georges et Constantin (Costis) Zangaki également installés à Port-Saïd, comme en témoigne la présentation en commun de leurs photographies dans le pavillon de la compagnie de Suez à l’exposition universelle de 1889 à Paris avec ce commentaire : « 324 photographies dont 9 panoramas de MM. Arnoux et Zangaki frères, photographes à Port-Saïd. Ces peintures et ces photographies représentaient l’aspect général ou des vues partielles des villes de l’Isthme, des gares du Canal, de navires en transit, d’appareils employés »[7],[8]. Mais en 1874, Arnoux assigne en justice Georges Zangaki et un certain Antippa Spiridion, en les accusant d’usurpation de sa propriété intellectuelle, pour avoir reproduit et vendu certains de ses clichés. Le , malgré « l’absence de toute loi spéciale en vigueur en Égypte », les accusés sont condamnés par le tribunal d'Ismaïlia à verser huit cents francs de dommages et intérêts au plaignant[9]. Le 1er mars 1877, la cour d'Alexandrie rejette leur demande en appel[10],[8].
Il est toujours mentionné comme photographe à Port-Saïd dans la 10e édition de l'Annuaire oriental du commerce parue en 1891, tout comme les frères Zangaki[13].
Photographies
À l'instar de nombreux photographes installés en Égypte, tels Antonio Beato, Ermé Désiré ou Émile Béchard, Arnoux photographie les monuments de l'Égypte antique, les rues des villes et leurs habitants, réalise des portraits en studio, avant de consacrer une grande partie de son travail au canal de Suez, dont il couvre systématiquement les travaux de construction et l’exploitation. Il publie ces photos dans l'Album du canal de Suez[11].
Dans son studio, à l'instar des photographes de son époque, il utilise comme fonds des toiles peintes tendues représentant en général une végétation luxuriante, souvent de type europééen et non oriental, et photographie des scènes de rue reconstituées[14]. Il fait ainsi poser devant ce type de décor des jeunes hommes danakil, originaires de la côte des Somalis[15].
Femmes égyptiennes, portrait en studio.
Marchandes de pommes, scène de rue reconstituée en studio.
Navires en transit sur le canal de Suez.
Le HMS Invincible, à Port Taufig, à l'embouchure du canal de Suez.
à noter : un album de 89 photographies d'Arnoux et des frères Zangaki donné en 1893 par Albert Méhier de Mathuisieulx à la Société de géographie[8],[19],[20].
2008 : Focus Orient : orientalist photography from the late 19th and early 20th centuries. A selection from the Thomas Walther collection, Sharjah Art Museum, Charjah
↑Lucien Vigneron, Deux ans au Se-Tchouan (Chine centrale), Paris, Bray et Retaux, (lire en ligne), p. 5.
↑ a et bFrançois Pouillon (éd.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, Karthala Éditions, , 1007 p. (ISBN978-2-8111-4105-9, lire en ligne), p. 23
↑J. Millie, Orient. Collection des Guides-Bijou. Alexandrie d'Egypte et le Caire, avec le plan de ces deux villes ... 3me édition, Milan, (lire en ligne), p. 63
↑Compagnie universelle du Canal maritime de Suez, Exposition universelle de Paris (1889) : Notice sur la participation de la Compagnie, Paris, , 34 p. (présentation en ligne).
↑ ab et cIrini Apostolou, « Photographes français et locaux en Orient méditerranéen au XIXe siècle. Quelques cas de collaboration », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, no 24, juin 2013 (Lire en ligne).
↑« Égypte. Protection de la propriété intellectuelle par le droit naturel. Tribunal d'Ismaïlia. Jugement du 17 juillet 1876. Cour d'appel d'Alexandrie. Arrêt du 1er mars 1877 », La Propriété industrielle, no 8, , p. 64-65 (lire en ligne, consulté le )
↑Jurisprudence des tribunaux de la réforme en Égypte, 1876-1877 (lire en ligne), p. 159
↑ a et bGetty Center, « Arnoux, Hippolyte », sur www.getty.edu, ULAN Full Record Display (Getty Research) (consulté le ).
↑Sebah et Arnoux, « Vue panoramique de Constantinople », sur Musée Nicéphore-Niépce, Chusseau-Flaviens (diffuseur), vers 1885 (consulté le ).
↑Yasmine Chemali et Anne-Hélène Perrot, « Le regard des photographes commerciaux. Quelques clichés du fonds égyptien de la Collection Fouad Debbas à l’étude », Les Cahiers de l’École du Louvre, no 5, (lire en ligne).
↑Stéphanie Soubrier, « Portrait du guerrier indigène en soldat de la République : un essai d’étude visuelle (1870-1918) », Sociétés & Représentations, vol. 1, no 45, , p. 133-153 (lire en ligne).
↑Hélène Braeuner, « Quand le canal se construit. Visions idéalisantes et résistances à la modernité », Sociétés & Représentations, vol. 2, no 48, , p. 33-50 (lire en ligne).
Hippolyte Arnoux : photographe de l'Union des mers (catalogue d'exposition), Paris, Centre historique des Archives nationales, 1996, 139 p. (ISBN2-86000-256-1).
Tej El molk Aouicha, « La photographie orientaliste de 1860 à 1914 : une fausse vitrine de l’Humanisme. F. Bonfils, H. Arnoux, F.-J. Moulin, et Lehnert & Landrock », dans Mohammed Laouidat, Khouya El Omari Elalaoui (dir.), L'Humanisme revisité. Approches pluridisciplinaires. En hommage au professeur Saltani Bernoussi, Paris, l'Harmattan,, coll. « Collection Littérature, arts et cie », (ISBN978-2-14-031101-7), p. 177-185.
Jean-Yves Tréhin, « Arnoux Hippolyte », dans François Pouillon (dir.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris, Karthala, (ISBN978-2-84586-802-1), p. 23-24.