Henri Verjus
Henri Baptiste Stanislas Verjus (né le à Oleggio (Piémont-Sardaigne), mort le dans la même ville devenue italienne) est un missionnaire français, vicaire apostolique de Nouvelle-Poméranie (actuelle Nouvelle-Bretagne, en Papouasie) en 1889. Le , il est déclaré vénérable par le pape François. L'« apôtre des Papous » entre au monastère à 12 ans, devient missionnaire à 17 et part dès 1884 pour la Nouvelle-Guinée. L'année suivante, après être passé par l'île Thursday et les îles proches au nord du Queensland où il commence sa mission avec Louis André Navarre, il parvient en Nouvelle-Guinée, en entreprend l’évangélisation et y fonde des missions, sur l'île d'York puis sur l'île Yule. Confronté à la présence protestante et à l'opposition des Britanniques, il doit en partir mais il y retourne en 1886 et effectue plusieurs explorations et missions d'évangélisation. En 1889, il est nommé vicaire apostolique de la Nouvelle-Poméranie (Nouvelle-Bretagne) puis vicaire apostolique coadjuteur de Nouvelle-Guinée, avec le titre d'évêque titulaire de Limyra (de) ou Limyre. Épuisé par un labeur incessant et par la maladie — il a contracté la fièvre typhoïde dès 1884 —, il meurt à l'âge de 32 ans lors de son unique retour en France. BiographieHenri Verjus est le second fils, après Jean, d'une mère italienne, Laure Massara, et d'un père, Philippe-Alexis Verjus, carabinier dans l'armée sarde[Cad 1]. Originaire de Savoie, il naît à Oleggio[1] deux mois après l'annexion de cette région par la France : il est donc de nationalité française d'autant plus que son père, qui n'a pas opté pour la nationalité italienne, est français « par défaut »[Vau 1]. Lorsque Philippe Verjus apprend que pour continuer à toucher sa pension, il doit vivre en France, la famille déménage le et arrive à Saint-Jean-de-Maurienne dans la nuit du 19-20 d'où elle prend le train pour Annecy[Cad 2] et s'installe à Seynod[Vau 2]. Henri Verjus et son frère entrent à l’école des Sœurs de Saint Joseph d'Annecy où la sœur Louise de Sainte Croix les accueille[Cad 2]. Henri Verjus reçoit la confirmation le de Mgr Magnin et fait sa première communion l'année suivante, à huit ans[Cad 3]. Le , il perd brutalement son père[Cad 4]. Les Sœurs de Saint-Joseph décident alors de loger la famille dans une maison de campagne qui leur appartient aux Molasses, près d'Annecy, la mère ayant pour tâche de s'occuper des vers à soie de la propriété[Cad 2]. Henri Verjus apprend le latin avec le curé de Seynod et, montrant une grande piété, est admis à poursuivre ses études à Annecy à la Petite-Œuvre du Sacré-Cœur (printemps 1872)[Cad 5]. Il entre alors dans la Société des missionnaires d'Issoudun au monastère de Chezal-Benoît[Cad 6] sous les ordres du père Rémi-Joseph Ledoux, dans la classe du père François Miniot et sous la surveillance de Théophile Cramaille qui accompagne plus tard Henri Verjus en Nouvelle-Guinée[Cad 2]. Jeune religieuxLe , il devient novice à Saint-Gérand-le-Puy[Cad 7] et le devient frère Verjus[Vau 3] puis missionnaire du Sacré-Cœur ()[Cad 8]. Après ses études, en , il est nommé professeur à la Petite-Œuvre de Chezal-Benoît[Cad 9]. À la suite des décrets du de Jules Ferry déclenchant l'expulsion des congrégations, la Petite-Œuvre étant fermée, il est appelé à Barcelone[Cad 10]. Il part alors avec les frères Charles Marie et William Neenan et passe à Montauban, Toulouse et Perpignan avant d'atteindre Barcelone[Cad 11]. Les trois hommes s'installent le au 15, calle Ancha[Cad 12]. En , il est envoyé à Rome avec le frère Neenan où ils arrivent le 20. Ils logent alors au no 32 de la Via della Sapienza[Cad 13] et Verjus sert comme infirmier[Cad 14]. Le , Henri Verjus reçoit les deux premiers ordres mineurs à Saint-Jean de Latran et le , les deux autres suivants. Il se prépare au sous-diaconat à partir du [Cad 15] et reçoit le diaconat le [Cad 16]. Il est ordonné prêtre le à la chapelle du Vicariat romain[Cad 17]. Il célèbre le lendemain sa première messe dans la chapelle de la communauté du Sacré-Cœur[Cad 18]. Missionnaire en Nouvelle-GuinéeLe , il est choisi pour partir pour les missions de Nouvelle-Guinée[Cad 19]. Il quitte Rome le et gagne Annecy pour y revoir sa famille. Il prend alors le train et, par Aix-les-Bains, arrive à Issoudun où les religieux le reçoivent. Il dit le à l'autel de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur sa dernière messe et, au soir, part avec le père Couppé, les frères Mariano Travaglini, Salvatore Gasbarra et Nicola Marconi ainsi que cinq sœurs, pour Marseille où ils doivent tous embarquer pour l'Océanie[Cad 20]. Cependant, malade de la fièvre typhoïde, Henri Verjus est le seul à rester à quai le [Cad 21]. Rétabli, il part le à bord du Yarra pour la Mélanésie[Cad 22] et rejoint à La Réunion le le père Couppé qui, malade à son tour, y a été débarqué. Verjus, qui fait une rechute reste ainsi un mois à La Réunion en compagnie de Couppé, les deux hommes s'y soignant[Cad 23]. Le , Verjus et Couppé embarquent sur le Calédonien. Louis André Navarre les accueille à Sydney le 31 janvier suivant[Cad 23]. Henri Verjus gagne alors sur le Maranoa puis sur le Gunga, avec Louis Navarre et trois frères, la base des missionnaires mélanésiens de l'île Thursday qu'ils atteignent le . Ils y sont reçus par le père Fernand Hartzer, le frère de Sanctis et le gouverneur de l'île[Cad 24]. Aussitôt Navarre et Verjus entreprennent l'évangélisation de l'île et des autres îles du détroit de Torrès et construisent eux-mêmes une église inaugurée le [Cad 25]. Mais les missionnaires rêvent encore d'aborder la Nouvelle-Guinée. Un marin, Edward Mosby, qui avait été soigné par les religieux de Cooktown après une maladie, fournit en récompense un navire aux missionnaires[Vau 4]. Verjus et deux frères coadjuteurs, Nicolas Marconi et Salvatore Gasbarra, s'embarquent ainsi le pour tenter d'accoster en Nouvelle-Guinée[Cad 26]. Ils gagnent l'île York puis clandestinement, atteignent l'île Yule le . Verjus dénomme la baie où ils ont accosté Port-Léon en l'honneur du pape Léon XIII[2], il fait construire une cabane en guise de chapelle le et célèbre une première messe le [Cad 27]. Symboliquement, il s'est, à la pointe d'un canif, scarifié le torse de dessins représentant les stations d'un chemin de croix[3],[Vau 5]. Chassé par les autorités britanniques[Cad 28], Verjus tente de résister mais doit finalement se réfugier à l'île Thursday (4-17 septembre 1885)[4]. Lorsque meurt le gouverneur de l'île Yule, Scratchley, le père Durin et des sœurs de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur sont renvoyés à l'île Thursday où les sœurs fondent une école et un hôpital. Elles y occupent un couvent à partir du [Cad 29]. Les religieux reviennent à l'île Yule sur le petit bateau qu'ils ont acheté, l'ancien Gordon rebaptisé le Pie IX[Cad 30] et l'atteignent après quinze jours de navigation, le [Cad 31]. Ils reconstruisent alors la résidence et la chapelle et entretiennent un jardin potager pour éviter la famine. Verjus et ses compagnons commencent l'évangélisation des indigènes[5] mais les pasteurs anglais résistent vivement[6]. Le père Navarre et les frères Salvatore Gasbarra et Mariano Travaglini viennent le rejoindre le [Cad 32]. En , les premières conversions ont lieu. Malheureusement, le , le père Navarre, malade, doit être ramené à Thursday[Cad 33]. Verjus tente en , en se rendant à Port Moresby, d'obtenir le retrait des missionnaires protestants de l'île Yule, ce qui lui est refusé[Cad 34]. Le , le père Navarre revient en compagnie du père Louis Couppé[Cad 35]. Verjus tente ensuite de pénétrer dans la Grande Terre. Du 14 au , avec le Père Couppé et le frère Salvatore, il débarque chez les Roros à Pinupaka. À travers les marécages, ils atteignent Abiara, Mohu et Rapa et, dès novembre, arrivent chez les Mékéos[Cad 36]. Ils découvrent alors un grand fleuve qu’ils baptisent Saint-Joseph[Note 1]. Les missionnaires visitent encore Inawabui, Inaopokoa et Inawaia avant de rentrer à Yule[Cad 37]. En , en compagnie du père Couppé, du frère Mariano et du père Navarre, Verjus tente une nouvelle expédition qui échoue rapidement en raison d'un courant trop fort sur le fleuve[Cad 38]. Il se rend alors le au village de Motu-Motu[Note 2] pour s'occuper d'une réba-réba, sorte de pirogue insubmersible qu'il transforme en petit voilier[Cad 39]. Il repart le avec le père Couppé et le frère Georges[Cad 40], atteignent Inawi et remontent le Saint-Joseph jusqu'à Beipaa où ils envisagent de fonder leur mission[Cad 41]. Mais, du 12 au 19 août, après Bébéo, le fleuve n'est plus navigable et leurs porteurs refusent d'avancer de peur d'être dévorés par les Papous[Cad 42]. Malade, Verjus doit passer l'été et l'automne 1888 à l'île Thursday pour se soigner[Cad 43]. Il rejoint le père Navarre le [Cad 44]. À son retour, il fonde la mission de Mohu dont Fernand Hartzer est nommé supérieur[Cad 45]. Le , à Nabuapaka, il apprend sa nomination à l'épiscopat[Cad 46]. Le pape Léon XIII l'a en effet nommé en date du [Note 3] évêque titulaire de Limyre et vicaire apostolique de la Nouvelle-Poméranie, actuelle Nouvelle-Bretagne[Cad 47]. Il reçoit les bulles le [Cad 2]. Le , il quitte la mission pour aller recevoir à Sydney l'onction épiscopale des mains du cardinal Moran[Cad 48], mais revient rapidement[Note 4]. Il reçoit ainsi finalement l'onction de Mgr Navarre[Cad 49]. Le , il est nommé coadjuteur de Mgr Navarre[Cad 50]. À Sydney, il achète pour la mission un yacht en acier[Cad 51] et retourne à Port-Léon le [Cad 52]. Retour en EuropeMalade, il décide de revenir en Europe en 1892[Cad 53]. Il débarque à Sydney le et embarque le 25 à bord de l'Océanien. Il fait escale à Mahé et arrive à Marseille le d'où il rejoint Lyon pour se présenter devant le Conseil central de la propagation de la foi. Le , il gagne enfin Issoudun[Cad 54]. Il est ausculté par un médecin qui lui prescrit plusieurs semaines de repos (25 juillet-10 août)[Vau 6]. Le , il part pour Annecy revoir sa mère et prend en passant son frère, Jean, à Lyon. De retour à Marseille, il est accueilli très malade par le chanoine Caseneuve qui le soigne et met à sa disposition le frère Claudius Alléra qui ne le quittera plus[Cad 55]. Profitant d'une amélioration de sa santé, il visite les maisons des Missionnaires du Sacré-Cœur en Belgique et aux Pays-Bas. Il est ainsi à Anvers en et y ordonne des scolastiques[Cad 56]. Le , il est à Rome pour rendre compte à Léon XIII de l'état de la Mission de Nouvelle-Guinée. Il est reçu le 18[Cad 57] par le pape dont il reçoit la bénédiction[Cad 58]. Fin , il se rend à Oleggio, son village natal, où il n'était pas revenu depuis 1861, pour y revoir sa famille maternelle[Vau 7]. Mais, à peine arrivé, il doit s'aliter. Entouré de sa mère et de son secrétaire Claudius Alléra, il reçoit le les deux sacrements de l'Eucharistie et de l'extrême-onction[Cad 59]. Le père Helfer les rejoint. Verjus est en proie à une très forte fièvre durant une quinzaine de jours[Vau 7]. Le , le père Jouët, envoyé par le supérieur général, arrive à son chevet[Cad 60]. Il renouvelle alors ses vœux perpétuels de Missionnaire du Sacré-Cœur[Cad 61]. À minuit, Henri Verjus n'est plus conscient. Il meurt sept heures plus tard, à l'âge de 32 ans, cinq mois et dix-huit jours, le dimanche , jour de son saint patron Stanislas Kostka[Cad 62]. Le , par décret pontifical, la cause de sa béatification est approuvée[7]. Il est déclaré vénérable par le pape François, le [8]. Environnement familialLa généalogie d'Henri Verjus est établie par l'abbé Gontier, cité par Cadoux[Cad 63].
HommagesLa bande dessinée Odilon Verjus, écrite par Yann Le Pennetier, dessinée par Laurent Verron et publiée au Lombard en 1996, est très librement inspirée de sa vie[9]. Des rues Henri-Verjus existent à Seynod[10] ainsi qu'à Saint-Pierre (Jura)[11]. Une montagne de la Province centrale de Papouasie-Nouvelle-Guinée est baptisée du nom de Verjus Dome. Son altitude estimée est de 1 304 m[12]. AnnexesBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Article liéLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
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