Henri-Jean-Victor de Rouvroy de Saint-SimonHenri-Jean-Victor de Rouvroy de Saint-Simon
Henri-Jean-Victor de Rouvroy de Saint-Simon, né à Péreuil le , mort à Paris le , vicomte de Saint-Simon, puis grand d'Espagne, marquis de Saint-Simon et « pair de France » (membre de la Chambre des pairs), est un général et homme politique français. À partir de 1842, il se fait appeler « duc de Saint-Simon ». Il est à l'origine, en 1829 et 1830, de la première édition complète des Mémoires de son lointain parent, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon. BiographieHenri-Jean-Victor naît le au château des Doucets, à Péreuil, en Angoumois (dans l'actuel département de la Charente)[2]. Il est le fils de Louis-Charles de Rouvroy, vicomte de Saint-Simon (1744-1790), marquis de Montbléru, capitaine au régiment Royal-Picardie ; et d'Adélaïde Blanche Marie de Rouvroy de Saint-Simon Sandricourt (1759-1820)[3]. Consulat et Premier EmpireEn 1800, âgé de dix-huit ans, Henri s'engage comme simple hussard dans un régiment de volontaires[4]. Il combat dans l'armée du Rhin sous le général Moreau[3]. Son régiment est licencié en 1801. Henri passe alors au 2e régiment de carabiniers, avec le grade de sous-lieutenant[4]. Il est officier attaché à l'état-major général, puis aide de camp du maréchal Ney. Le , il devient « membre de la Légion d'honneur »[5],[6]. Le , il est grièvement blessé à la bataille d'Iéna[5]. Il est fait capitaine sur le champ de bataille[3]. En 1808, promu chef d'escadron[3], il accompagne le maréchal Ney en Espagne. Il fait à ses côtés deux campagnes. En 1809, il prend du service auprès du roi Joseph[4]. Il commande un des régiments de sa garde[2], puis, en Catalogne, le 29e régiment de chasseurs. Il combat souvent à l'avant-garde[5]. Il se distingue durant cette guerre[4], et particulièrement au combat de Vic, où il est blessé alors qu'il charge les Espagnols[5]. La déchéance de l'Empereur est prononcée par le Sénat le [7]. Napoléon abdique le [8]. Un armistice est décidé par le gouvernement provisoire formé par Talleyrand. Le colonel de Saint-Simon et un officier britannique, Cooke, sont chargés d'en informer les maréchaux Soult et Suchet[5] et le maréchal britannique Wellington, qui s'apprêtent à livrer bataille à Toulouse. Mais la bataille a lieu le , Soult évacue la ville le [8] et Wellington y fait son entrée le , vers dix heures. Les deux émissaires arrivent deux heures plus tard. Ce n'est que le lendemain, , qu'ils réussissent à joindre Soult[9]. C'est la fin de la campagne de France. RestaurationAu retour de Louis XVIII, le vicomte de Saint-Simon se rallie aux Bourbons[4]. Il sert, dans son grade de colonel, comme sous-lieutenant des gardes du corps du roi, unité de cavalerie qui vient d'être rétablie. Il obtient la croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis le , et le ruban d'officier de la Légion d'honneur le [5],[6]. Cent-JoursPendant les Cent-Jours, il suit Louis XVIII à Gand[10]. Il y reçoit, le le brevet de maréchal de camp. Il accompagne en cette qualité le duc d'Aumont à la tête du détachement royaliste qui débarque en Normandie pour y faire reconnaître l'autorité de Louis XVIII[5]. Sous Louis XVIIIAprès la Seconde Restauration, Saint-Simon est attaché à l'inspection générale de la cavalerie[5]. Puis il commande successivement les départements du Calvados, de la Manche et du Loiret[3]. Le vicomte de Saint-Simon est le neveu de Claude-Anne de Rouvroy, marquis de Saint-Simon, créé grand d'Espagne de la première classe par Charles IV en 1803[11],[12], élevé à la dignité de duc par Ferdinand VII en 1814. Claude-Anne meurt à Madrid le [13], ne laissant qu'une fille non mariée. Les notices biographiques s'accordent à dire qu'il lègue à son neveu sa grandesse d'Espagne[4],[10],[14]. Trois d'entre elles ajoutent qu'il lui lègue également son titre ducal espagnol[2],[3],[15] (non reconnu en France). Le , Henri-Jean-Victor est créé « pair de France » (membre de la Chambre des pairs), avec le titre de marquis (par suite de la mort de son oncle)[2]. Il est fait commandeur de la Légion d'honneur le [14]. Le marquis appartient à la branche de Sandricourt des Rouvroy de Saint-Simon. Il est donc un lointain cousin de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, qui appartient à la branche de Rasse. Les papiers — parmi lesquels les Mémoires — que le duc laisse à sa mort, en 1755, vont remplir cinq caisses. Confiés à un notaire le , ces documents sont transférés et séquestrés cinq ans plus tard, par ordonnance royale, au dépôt des Affaires étrangères. Ils sont néanmoins consultés. Ils commencent à exciter la curiosité. Le ministre Choiseul en fait copier des extraits[16]. Ces extraits sont copiés à leur tour et, de 1781 à 1818, sept éditions défigurées ou tronquées des Mémoires voient le jour. Henri-Jean-Victor cherche alors à entrer en possession des écrits de son parent : en 1819, il sollicite du roi la « grâce d'un prisonnier de la Bastille ». Louis XVIII lui accorde l'octroi des manuscrits. Mais l'administration va faire traîner les choses neuf ans[17]. Le marquis de Saint-Simon représente la France durant quelques mois au Portugal[3],[2]. Le [4], il est nommé ministre plénipotentiaire à Copenhague. Sous Charles XIl réussit à garder son ambassade au Danemark, en dépit de « singularités » qu'évoque André Borel d'Hauterive :
Le , il est fait grand officier de l'ordre royal de la Légion d'honneur[6]. Ce n'est qu'en 1828 que le marquis réunit enfin les 11 portefeuilles contenant les 2 854 pages des Mémoires du duc de Saint-Simon[19]. Il publie l'œuvre en 1829 et 1830 chez le libraire Auguste Sautelet, en 27 volumes, sous le titre Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence : publiés pour la première fois sur le manuscrit original entièrement écrit de la main de l'auteur par le M[arqu]is de Saint-Simon[20] : « Pour la première fois, dit Gonzague Truc, à part quelques négligences et quelques omissions, on avait un texte exact des Mémoires de Saint-Simon[21]. » Monarchie de JuilletEn 1830, le marquis de Saint-Simon est maintenu dans ses fonctions par le gouvernement de Juillet[3]. Il est rappelé le . Le [2], grâce à l'estime portée par Louis-Philippe à la mémoire de son oncle[22], il est envoyé à Pondichéry comme gouverneur général des possessions françaises dans l'Inde. Rappelé en France le [2], il est promu lieutenant général cinq jours plus tard. Il siège au palais du Luxembourg, où il soutient la politique ministérielle[4]. En 1842, le généalogiste André Borel d'Hauterive s'étonne de ce qu'il soit appelé « duc » dans Le Moniteur universel, organe officiel du gouvernement. Il formule une hypothèse : « C'est sans doute comme grand d'Espagne qu'il s'est fait donner le titre de duc par Le Moniteur[22]. » Toujours est-il qu'à partir de cette période, Saint-Simon est désigné comme duc dans les documents officiels[6]. Il inspecte en 1842 et 1843 le cinquième arrondissement de cavalerie. Il commande, de 1844 à 1848, la 17e division militaire (Corse)[23]. La révolution de 1848 lui vaut sa mise à la retraite[2]. Second EmpireAprès le coup d'État du 2 décembre 1851, il est nommé sénateur (). Il soutient avec zèle le gouvernement impérial[2]. Il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur le [6],[23]. La Cour impériale de Paris lui ayant reconnu des droits de propriété sur les Mémoires de son parent, le marquis en effectue la cession à la librairie Hachette[23]. Par un nouveau collationnement sur les manuscrits, Adolphe Chéruel établit ce qui est considéré comme l'édition princeps des Mémoires. Elle paraît chez Hachette en 1856-1858[21]. Le marquis de Saint-Simon meurt à Paris le [2]. FamilleHenri-Jean-Victor de Rouvroy de Saint-Simon épouse le [24] Anne-Marie de Lasalle (1791-1844), dont il a :
Selon André Borel d'Hauterive, « un affreux accident de chasse » lui fait tuer son fils « de sa propre main »[22]. Son épouse Anne-Marie meurt en 1844. Il se remarie le avec Zénaïde Sénéchal (1813-1881), veuve Duval, dont il aurait eu bien avant :
Distinctions
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
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