Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
Racheté en 1935 par la ville de Namur, il est depuis un musée des arts décoratifs du XVIIIe siècle et tend à étendre ses collections aux XIXe et XXIe siècles. Entre février 2013 et 2016, le musée est fermé pendant la restauration du bâtiment[2].
L'architecture
C’est l'architecte originaire de Thuin, Jean-Baptiste Chermanne qui, à la demande du comte Alexandre François de Grœsbeeck, transforme le probable ancien refuge de l’abbaye de Villers-en-Brabant en un élégant hôtel particulier entre 1751 et 1753.
L’édifice s’articule en trois ailes dont le corps central reprend une partie des vestiges du bâtiment du XVIIe siècle. La reconstruction de 1751 répond aux trois règles fondamentales de l’architecture au XVIIIe siècle : le respect de l’intimité, la recherche d’une fonctionnalité nouvelle ainsi que l’intérêt pour le monde extérieur.
Le besoin d’intimité se traduit dans l’aile sud par une succession de petits appartements, boudoirs et autres alcôves, desservis par des couloirs évitant la circulation à l’intérieur d’une pièce pour accéder à une autre.
Au rez-de-chaussée, Jean-Baptiste Chermanne a aménagé des salles d'apparat en enfilade afin que les invités, au gré de leurs déplacements, puissent admirer la richesse des intérieurs de leurs hôtes.
Au désir d’intimité répond la recherche de fonctionnalité, c’est-à-dire de tout ce qui facilite la vie quotidienne. La création de la salle à manger, qui devient permanente au XVIIIe siècle, empêche de devoir dresser la table, au sens propre, uniquement pour les grandes occasions et facilite le regroupement familial.
L’apparition des commodités et la multiplication des placards et lingeries sont autant d’autres innovations appliquées par Jean-Baptiste Chermanne.
À cela, il faut ajouter l'utilisation spécifique de la lumière, par la présence d’une coupole et de cours intérieures, ainsi que l’ouverture sur le monde extérieur au travers des grandes fenêtres[3].
Le décor intérieur
L'Hôtel de Groesbeeck-de Croix présente un large éventail de techniques de décoration propres au XVIIIe siècle. La surface murale est ornée de boiseries rehaussées de couleurs. Ces lambris encadrent des paysages champêtres et boisés, des vues marines, des toiles peintes de fleurs luxuriantes ou d’oiseaux paradisiaques, des tissus de soie brodés de motifs orientaux et des panneaux de rares cuirs gaufrés et dorés[4].
Les dessus de portes et les trumeaux de cheminées sont agrémentés de peintures représentant des scènes galantes à la manière de Jean-Antoine Watteau, des saynètes mythologiques ou encore des bouquets de fleurs. Les cheminées en marbre du pays sont sculptées de motifs de coquilles et de rocailles. A l'étage, on trouve un cabinet chinois, tandis qu’une cuisine d’époque est tapissée de carreaux de faïences à la manière de Delft.
Enfin, des stucsRococo ornementés habillent les cimaises du vestibule et le dôme de l’étage, à l’intérieur duquel masques, fleurs et rocailles s’enchevêtrent.
Collections d’ici et d’ailleurs
Déposées par plusieurs propriétaires, les collections représentent un ensemble des arts décoratifs du XVIIIe siècle. Elles peuvent être divisées en deux parties: les productions namuroises et les œuvres étrangères. Parmi les premières, on distingue du mobilier, des œuvres décoratives et des objets utilitaires. Le meuble namurois, architectural, s’inspire à la fois de la mode française et d’une tradition encore religieuse. Son décor appliqué témoigne de l’évolution des styles, du Baroque jusqu’au Louis XVI. Des meubles précieux français (cabinets, consoles, tables, commodes, fauteuils et chaises) sont conservés dans les salles du rez-de-chaussée.
Parmi les objets luxueux, une importante collection de cafetières, chocolatières, aiguières et autres sucriers, œuvres d'orfèvres namurois. Un échantillonnage de l’art de la coutellerie namuroise des XVIIIe et XIXe siècles complète cette panoplie.
De la même époque, le musée conserve des pièces de cristallerie. Namur fut en effet le centre verrier le plus important du pays, et les noms prestigieux des verreries Zoude et de Vonêche sont internationalement reconnus. Des coupes, plats, carafes, verres, bonbonnières mais aussi une série de pendules en cristal taillé et bronze doré ainsi que des lustres, agrémentent les diverses salles de l’hôtel. La collection comprend également des faïenceries d’Andenne et de Saint-Servais, parmi lesquelles des groupes animés d’enfants et de couples attribués au célèbre artiste français Jacques Richardot, qui passa quelque temps à Namur en 1786[5].
Certaines pièces du musée sont des productions d'artistes passés à la postérité, comme un ensemble de terres cuites et de marbres du sculpteur Laurent Delvaux, le moulage d'un buste de Vauban par Coysevox, sculpteur officiel de Louis XIV, une grande esquisse du peintre ornemaniste italien Giambattista Tiepolo, des tableaux de fleurs de Pierre-Joseph Redouté, ainsi qu’un portrait du roi Soleil attribué à Hyacinthe Rigaud.
Jardin à la française
Le jardin change au fil des saisons avec le fleurissement de plantes vivaces et de roses odorantes[6],[7].
La renaissance du musée
La ville de Namur et son service du Patrimoine ont commencé en 2013 la restauration de l’hôtel de Grœsbeeck-de Croix. À cette occasion, le service de la Culture a entamé une réforme de fond du musée des arts décoratifs, hébergé par l’édifice[8].
L’extension des expositions temporaires à la chapelle des Bateliers, contiguë au musée, permettra des événements communs avec le futur Musée archéologique voisin.
Une interruption des travaux en juin 2015 permet le tournage durant quatre à cinq jours de plusieurs scènes tant en extérieur (dans la cour d'honneur) qu'en intérieur (hall, rotonde, cuisine, salon des cuirs, salon des tapisseries, salon du peintre Lafabrique) du film de Jean-Marie Poiré. Le musée sert de décors pour l'hôtel particulier parisien de la famille de Montmirail et les trois salons de l'étage figurent l'appartement du révolutionnaire Marat. Une conciergerie factice est construite pour l'occasion à l'entrée de la cour d'honneur[9].
↑Alex Furnémont, L'architecture des hôtels de maître et maisons patriciennes à Namur aux XVIIe et XVIIIe siècles dans J. Toussaint (dir.), Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, 2001, p. 61-64.
↑Jean-Philippe Huys, Les revêtements muraux en cuir doré et peint dans J. Toussaint (dir.) Hôtels de maître à Namur de style Louis XIV au premier Empire, Namur, 2001, p. 167-171 (=Monographies du Musée des Arts Anciens du Namurois, n°19).
↑Norbert Bastin, Hôtel de Groesbeeck-de Croix dans Jean-Marie Duvosquel et Valentin Vermeersch (dir.) Musées de Namur, collection Musea Nostra, Ludion s.a.- Cultura Nostra - Bruxelles 1988, p. 84-111.
↑Josine de Fraipont-de Francquen, La décoration murale, l'ameublement, le jardin de l'hôtel de Groesbeeck de Croix au XVIIIe siècle dans J. Toussaint (dir.), Hôtels de maîtres à Namur du style Louis XVI au premier Empire, Namur, 2001, p. 173-207 (= Monographies du Musée des Arts Anciens du Namurois, n°19).
↑Nathalie de Harlez de Deulin, Jardin du Musée de Croix dans Parcs et jardins historiques de Wallonie - Inventaires thématiques Namur, Division du Patrimoine, MRW, 2005, p. 239-241.
↑Fabrice Giot, L'Hôtel de Grœsbeeck-de Croix, Musée des Arts Décoratifs, prépare sa renaissance..., dans Journal des Musées en Province de Namur, no 20, Namur, Services des musées en province de Namur, 2013, p. 1
Dimitri Belayew, Des hommes et des milieux de vie, De Boeck, (lire en ligne), p. 263.
Fabrice Giot, « Le Musée de Grœsbeeck de Croix », Musées de Namur, Namur, Services de la culture de la Ville et la Province de Namur, , p. 21-25.
Fabrice Giot, « L'Hôtel de Grœsbeeck-de Croix, Musée des Arts Décoratifs, prépare sa renaissance... », Journal des Musées en Province de Namur, Namur, Services des musées en province de Namur, no 20, , p. 1.
Carole Carpeaux, Décors intérieurs en Wallonie, t. 3, éditions Luc Pire, .
F. Courtois, L'Hôtel de Groesbeeck de Croix à Namur, .
Josine de Fraipont-de Francquen, « La décoration murale, l'ameublement, le jardin de l'hôtel de Groesbeeck de Croix au XVIIIe siècle », dans J. Toussaint, Hôtels de maîtres à Namur du style Louis XVI au premier Empire, Namur, , chap. 19, p. 173-207
Monographies du Musée des Arts Anciens du Namurois.
Fabrice Giot, « Décors civils namurois en stuc et en plâtre au XVIII et XIX », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , chap. 19, p. 139-166
Monographies du Musée des Arts Anciens du Namurois.
Jean-Philippe Huys, « Les revêtements muraux en cuir doré et peint », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur de style Louis XIV au premier Empire, Namur, , chap. 19, p. 167-171
Monographies du Musée des Arts anciens du Namurois.
Jean-Louis Javaux, « Les Boreux, marbriers dinantais », dans Jacques Toussaint, Boiseries et marbres sculptés en Namurois. Dessins de la collection Charles Van Herck, Namur, , p. 39-65.
Jean-Louis Javaux, « Une dynastie de marbriers dinantais : les Boreux », Dossier de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, Liège, no 11 « Pouvoir(s) de marbres », , p. 109-119 (ISBN2-87401-169-X).
Hadrien Kockerols, Monuments funéraires en pays mosan. Arrondissement de Namur. Tombes et épitaphes 1000-1800, Malonne, .
Alex Furnémont, « L'architecture des hôtels de maître et maisons patriciennes à Namur aux XVII et XVIIIe siècles », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , p. 61-64.
Francis Tourneur, « Matériaux pierreux », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , p. 84, 88, 89.
Bernard Wodon, « Le Fer forgé dans les demeures namuroises patriciennes du XVIIIe siècle », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , p. 115.
Bernadette Gillain, « Les escaliers à Namur au XVIIIe siècle », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , p. 119,127,128.
Eugène Nemery de Bellevaux, « La cheminée namuroise », dans J. Toussaint, Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV au premier Empire, Namur, , p. 134.
Norbert Bastin,, « Hôtel de Groesbeeck-de Croix », L'Eventail, no 3, .
Cécile Douxchamps-Lefèvre, « Rue Joseph Saintraint, 90, Hôtel de Groesbeeck de Croix », dans Hôtels de maître à Namur XVIIIe – XXe siècles : Leurs Occupants, Wépion-Namur, , p. 131-132.
Norbert Bastin, « Hôtel de Groesbeeck-de Croix », dans Jean-Marie Duvosquel et Valentin Vermeersch, Musées de Namur, collection Musea Nostra, Ludion s.a.- Cultura Nostra - Bruxelles, , p. 84-111.
Nathalie de Harlez de Deulin, « Jardin du Musée de Croix », dans Parcs et jardins historiques de Wallonie - Inventaires thématiques, Namur, Division du Patrimoine, MRW, , p. 239-241.
Jean-Paul Copay, « Ce site va bientôt retrouver tout son éclat... La restauration du musée de Groesbeeck-de Croix, fierté culturelle namuroise, va bon train. », dans L'Avenir, Namur, , p. 10-11.
Catherine Vandenbroucke, « Antica Namur : Des nouvelles du Musée de Groesbeeck-de Croix. », =Confluent (Le Bimensuel des Namurois), Namur, no 468, , p. 16,18,20,22.
« Le musée des Arts décoratifs », dans Namur, Confluent, Culture, Namur, , p. 102-103.