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Le Groupe EGAU (Études en Groupe d'Architecture et d'Urbanisme) est un groupement d'architectes liégeois fondé en 1940 par Charles Carlier et Hyacinthe Lhoest. À la fin de la guerre, Jules Mozin rejoint l'équipe. Le groupe sera particulièrement actif dans la cité ardente et ses alentours pendant près d'un demi siècle entre le début des années 1950 et 1992, année du décès du fils de Charles Carlier. Leurs projets sont caractérisés par une architecture moderniste, brutaliste et fonctionnaliste.
Associés du Groupe EGAU
Les trois associés sont complémentaires et chacun occupe une place particulière en fonction de sa personnalité. Carlier joue le rôle de locomotive et est chargé des relations publiques. Lhoest est plutôt le plancheur alors que Mozin est le rêveur[1].
Charles Carlier
Né à Ougrée le , Charles Carlier est diplômé en architecture de Saint-Luc Liège en 1939. Après une expérience au sein du groupe L'Equerre, il fonde EGAU avec Hyacinthe Lhoest en 1940. En 1945, il obtient le certificat d'urbaniste à l'université de Liège. Il est délégué du Conseil National des Architectes de Bruxelles, membre du Conseil de l'ordre des architectes de la province de Liège dont il sera président. Il fait construire sa maison, la maison Carlier. Il décède en 1993[2].
Hyacinthe Lhoest
Né à Jemeppe-sur-Meuse le , Hyacinthe Lhoest est diplômé en architecture de l'académie des Beaux-Arts de Liège en 1936. Il se forge une expérience dans divers bureaux d'architectes avant de créer EGAU avec Charles Carlier. Il obtient son certificat d'urbaniste à l'université de Liège en 1940. Il est membre du Conseil de l'ordre des architectes de la province de Liège et membre de la Commission d'Esthétique et d'Urbanisme. Il décède en 1983<[2].
Jules Mozin
Né à Liège le , Jules Mozin est diplômé en architecture de Saint-Luc Liège en 1939. Après une brève expérience professionnelle, il intègre EGAU en 1944. Il obtient son certificat d'Urbaniste à l'université de Liège en 1945. Il est membre de la Commission d'Architecture et d'Urbanisme de l'APIAW (Association pour le Progrès Intellectuel et Artistique de la Wallonie). Il décède en 1995[2].
Histoire du Groupe EGAU
Après avoir collaboré au sein du groupe l'Equerre, Charles Carlier et Hyacinthe Lhoest s'associent pour former EGAU en 1940 à Liège. Ils sont rejoints en 1944 par Jules Mozin. L'histoire, avec un grand H, a une influence sur leur œuvre ; que ce soit la reconstruction puis l'expansion économique d'après-guerre ou la crise des années 1970[3],[4].
Ils sont les auteurs tant de bâtiments publics (gare des Guillemins, maison communale d'Ougrée[3]…) que d'immeubles à appartements (Cité de Droixhe, résidence du Champ des Oiseaux…) et de maisons d'habitation (maison Bagon, maisons Derwael et Frans…) dont leurs propres maisons (maison Lhoest, maison Carlier et maison Mozin)[4].
Leur influence faiblit à partir des années 1970 où le modernisme cède la place au post-modernisme[5]. Bien que jugée sévèrement par le grand public à cette époque, leur œuvre tend à être reconnue à l'heure actuelle et certains bâtiments sont classés, notamment la maison Carlier qui est inscrite au patrimoine monumental de Belgique ainsi que la maison Mozin répertoriée au patrimoine de la Région wallonne[2].
Tout au long de l'existence du groupe, plus de 60 collaborateurs se succèdent et après 3 déménagements, les bureaux prennent place dans la maison même de Charles Carlier.
Jules Mozin quitte le groupe en 1979 pour des raisons de santé. Hyacinthe Lhoest décède en 1983. Et c'est le décès du fils de Charles Carlier en 1992 qui marque la fin d'EGAU.
En vue de conserver l'héritage, les documents qui n'ont pas été incendiés sont conservés au GAR[3] (Groupe d'Ateliers de Recherche) à la Faculté d'architecture de l'Université de Liège.
Pour améliorer la vérifiabilité de l'article ainsi que son intérêt encyclopédique, il est nécessaire, quand des sources primaires sont citées, de les associer à des analyses faites par des sources secondaires. Motif : Un aussi long développement sur l'analyse du style du groupe EGAU, avec aussi peu de sources secondaires pour valider ces analyses ? C'est franchement insuffisant, ce qui confère à cet article une certaine tonalité promotionnelle.
Le groupe EGAU fait partie des quelques grands groupes d'architectes qui marquent la ville de Liège. Leur œuvre prend racine dans la situation d'après-guerre et bénéficie de la politique de reconstruction, soutenue par le plan Marshall[4] puis d'expansion. Elle s'inspire des tendances de l'époque : le modernisme, le brutalisme et le fonctionnalisme mais aussi de grands noms tels que Le Corbusier et Mies van der Rohe.
Le modernisme prend racine à Liège dans les années 1920 avec la revue « L'Equerre » et le groupe d'architectes du même nom. C'est au sein de ce groupe que Charles Carlier fait ses premières armes et se fait remarquer en construisant une structure métallique innovante : l'entrée de Bressoux. Ceci se passe dans le cadre de l'Exposition internationale de l'eau de Liège de 1939[5],[6]. Cette exposition fait la part belle à l'architecture moderne.
Le modernisme est au centre des réalisations du groupe EGAU et se retrouve, notamment, dans le plan d'urbanisation et dans la construction de 1 800 logements sociaux pouvant accueillir 7 000 habitants, sur la plaine de Droixhe[2]. Ce projet leur vaut la reconnaissance dans tout le bassin liégeois et même au-delà vu que leur projet fait l'objet d'une publication dans The New Architecture of Europe, 1962 (E. Kidder Smith). Il est également répertorié dans le Patrimoine monumental de la Belgique (1974) et dans l'Architecture contemporaine en Belgique (G. Bekaert, 1993)[7]. Les architectes s'inspirent des théories de Le Corbusier (La Cité radieuse) et de différents points émis par les modernistes réunis aux Congrès Internationaux d'Architecture Moderne (CIAM). Cette influence apparaît dans l'orientation des tours, les pilotis en V qui dégagent de l'espace au sol, l'aménagement urbain… D'ailleurs, le parc de la cité est le seul parc moderniste du XXe siècle présent à Liège. Le béton est largement utilisé dans l'ensemble des structures mais chaque bâtiment est personnalisé en fonction de son usage. La rationalité et la sobriété permettent de ne pas tomber dans la monumentalité malgré la dimension de certains édifices.
Le fonctionnalisme, prôné par la Charte d'Athènes[8],[4], est très présent dans ce complexe tant dans le plan d'urbanisation que dans le bâti. En effet, les architectes prennent en considération les quatre fonctions du concept de la Charte pour créer des zones indépendantes. Ces quatre fonctions sont la vie/l'habitation, le travail, les loisirs et la circulation. Ils mettent en œuvre aussi d'autres recommandations telles que la construction en hauteur, la prise en considération d'un nombre minimal d'heures d'ensoleillement, la création d'espaces verts… en somme, les « trois premiers matériaux de l'urbanisme » selon les CIAM, à savoir, le soleil, la verdure et l'espace. En effet, ces éléments se retrouvent tant autour des immeubles (exemple, les piliers en V au rez-de-chaussée), sur les toitures-terrasses, ou encore, aux alentours des bâtiments d'habitation, avec d'autres fonctions faisant partie du projet telles qu'une crèche, un centre de santé, une salle des fêtes, deux écoles (filles – garçons), des plaines de jeux, des terrains de sport[9],[2]… C'est pour ces raisons également, que les façades des bâtiments sont orientées est et ouest permettant aux appartements de jouir d'un maximum de luminosité[10]. Autre exemple, l'Église paroissiale Saints-Pierre-et-Paul, un plan d'eau en longe la façade et de ce fait, un jeu de reflets et de réverbération du soleil amplifie l'entrée de lumière à l'intérieur du bâtiment.
Le brutalisme[11] est bien présent également avec ses codes que sont le béton brut, la répétition d'éléments tels que les fenêtres, l'absence d'ornements ostentatoires mais aussi la verticalité puisque les appartements sont répartis sur une hauteur pouvant atteindre 28 étages. En effet, l'utilisation de la verticalité permet, comme l'explique Le Corbusier d'utiliser un vertical cartésien qui permet de rassembler les locaux dans le soleil tout en dégageant de l'espace au sol qui sera utilisé au profit des usagers, des résidents[12]. Ce style, né pour répondre au besoin de construire rapidement et à moindre coût, répond bien aux besoins de la construction de la Cité de Droixhe dans le contexte d'après-guerre. Ce mode de construction est influencé par les nouveaux matériaux mis en œuvre dans le cadre de l'exposition universelle de 1958, tels que le béton, l'acier, le bois lamellé collé, le béton précontraint…[2] Cependant, le côté stricte et monumentaliste du brutalisme choque et dérange au point de ne plus être reconnu dans les périodes ultérieures.
Les tendances majeures qui caractérisent les réalisations du groupe EGAU sont le modernisme, le brutalisme et le fonctionnalisme et elles se retrouvent dans d'autres bâtiments du groupe : tant d'un point de vue d'immeubles à appartements tels que le complexe de logements d'Angleur, que dans des habitations individuelles telles que la Villa Moury, les maisons de la Cité du Bois Saint-Jean, dans des bâtiments publics tels que la gare des Guillemins (1958), le service d'études techniques de l'Université ou l'Hôtel de Ville d'Ougrée que dans des bâtiments de bureaux et entrepôts tels que l'immeuble de bureaux et de vente avec entrepôt Fenwick[source secondaire nécessaire].
Les architectes du groupe ont utilisé les mêmes codes et influences dans leurs propres habitations. La maison Carlier[2], par exemple, construite à Cointe en 1958, est inscrite au patrimoine monumental de Belgique. Elle détonne par rapport aux bâtiments environnants. L'architecte adapte le bâtiment à l'environnement topographique mais ne se soucie pas de l'intégration par rapport aux bâtiments existants. Il s'agit d'un parallélépipède rectangle de béton, d'acier et de verre[13] sur 3 niveaux côté jardin dont uniquement le niveau supérieur est visible de la route avec pour seules ouvertures deux portes de garage et une porte d'entrée. L'horizontalité de ce niveau est accentuée en façade par une poutre en béton armé agissant comme une corniche. La façade est ornée d'un panneau vertical de béton bouchardé signé P. Bury.
Tout comme Pol Bury, d'autres artistes collaborent avec le groupe liégeois, que ce soit aux rez des immeubles de Droixhe, dans la piscine du Centre sportif du Grand Séminaire[5] ou encore dans le cadre de la gare des Guillemins[14].
Carlier, Lhoest et Mozin ont exploité les caractéristiques du modernisme et l'ont intégré dans nombreuses de leurs réalisations. Malheureusement, le modernisme n'est pas resté aux goûts du jour et a essuyé de nombreuses critiques dans la période postmoderniste. Il s'est ensuivi que bon nombre de bâtiments du groupe EGAU ont été détruits[source secondaire nécessaire]. D'autres, tels que l'Hôtel de Ville d'Ougrée ou le Centre sportif du Grand Séminaire de L'Evêché, sont destinés à disparaître, faute de moyen, de décision des pouvoirs publics. Par contre, certains immeubles sont destinés à être rénovés tels que les tours de la cité de Droixhe, par le bureau Dethier Architectures en 1999[15]. Et heureusement, beaucoup de documents ont été sauvés et sont conservés au GAR, Groupe d'ateliers de recherche, bibliothèque et centre d'archives faisant partie de la Faculté d'architecture de l'Université de Liège. Ils représentent pas moins de 350 boîtes d'archives et 2 armoires à plans[3].
Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items. D'autre part, Wikipédia n'a pas pour rôle de constituer une base de données et privilégie un contenu encyclopédique plutôt que la recherche de l'exhaustivité.
Anne Van Loo, Marc Dubois, Natascha Langerman et Norbert Poulain, Dictionnaire de l'architecture en Belgique : de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, (ISBN978-90-6153-527-0)
Sébastien Charlier et Thomas Moor (dir.), Guide d'architecture moderne et contemporaine 1895-2014 – Liège, Bruxelles, Edition Margada - Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, , 399 p. (ISBN978-2-8047-0192-5, présentation en ligne)
Jacques Sbriglio, Le Corbusier, l'unité d'habitation de Marseille, Marseille, Parenthèses, , 186 p. (ISBN978-2-86364-277-1)
Tatiana Debroux, Judith Le Maire et Yannick Vanhaelen, L'entrée en ville. Aménager, expérimenter, représenter, Bruxelles, Edition de l'Université de Bruxelles, , 218 p. (ISBN978-2-8004-1616-8)
Revues/journaux
Quand le logement public participe au développement de l'architecture en Wallonie (Deuxième partie), dans Les Echos du Logement, Numéro 2-2016 – (), p. 53, en ligne, [réf. du ].
S. J., « La Maison de Charles Carlier, comme un appel de vue sur la ville », La Gazette de Liège,
Géraldine Brausch, « La Charte d'Athènes. Lecture collective d'un classique de la pensée urbaine », Dérivations: pour le Débat Urbain, no 3, (ISSN2466-5983, résumé, lire en ligne, consulté le )
Mémoire
Gérard Deplus (mémoire de fin d'études), Mémoire(s) d'EGAU : un demi-siècle d'architecture, Liège, Institut supérieur d'architecture Saint-Luc de Wallonie,