Granchain
Granchain, dénommée jusqu'au Grandchain[1], est une ancienne commune française, située dans le département de l'Eure en région Normandie, devenue le une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Mesnil-en-Ouche[2]. GéographieGranchain se situe dans le département de l'Eure à la limite nord du pays d'Ouche[3]. Entouré par les communes de Sainte-Marguerite-en-Ouche, Saint-Aubin-le-Vertueux, Saint-Clair-d'Arcey, Corneville-la-Fouquetière et Saint-Aubin-le-Guichard, Granchain est à mi-chemin entre Bernay (au nord) et Beaumesnil (au sud). C'est un petit village avec un habitat dispersé en hameaux sur un plateau où se succèdent des bois et des champs voués à l'agriculture et l'élevage, paysage traditionnel du pays d'Ouche qui « n’a rien changé à ses mornes étendues entre l’orée des bois, et seul y compte la magnificence du nuage, sur l’outremer atmosphérique » (La Varende). Ses habitants sont appelés les Granchinois et les Granchinoises. ToponymieGranchain est attesté sous les formes Grant Kahin vers l'an 1000[4] (dotalitium de la reine Judith)[5]; Grantchain en 1391 (titre); Granchehen en 1400 (dans des archives notariales de Bernay)[6]; Grancheen en 1419 ; Granchan en 1469[7]. L'élément Kahin semble se retrouver au féminin dans Cahaignes (Cahainnes 1134) et Chaignes (Cahaniis sans date), autres communes de l'Eure[4]. En outre, on note dans l'Ouest : Cahagnes (Calvados, Chaaines 1135, Kahaignae 1203, une famille de Cahaignes / Cahagnes a donné les Keynes de Grande-Bretagne) et Chahaignes (Sarthe, Chahannae IXe siècle)[4]. Jean Adigard des Gautries, Fernand Lechanteur et à leur suite René Lepelley ont proposé le bas latin catanus « genévrier » avec le suffixe collectif -eus, précédé de l'adjectif roman grand, d'où le sens global de « grand bois de genévriers »[8]. Ernest Nègre reprend la même explication en mentionnant l'origine « préceltique » de catanus[9]. Le mot latin tardif cata a donné l'ancien provençal cada « genévrier », dont est issu le français cade (huile de cade). Albert Dauzat n'a pas traité ce toponyme, mais considère les types Cahaignes, Chaignes, Cahagnes et Chahaignes comme semblables et issus du latin Cadanea, alors que Cadenet (Vaucluse, Cadaneto, Cadenato fin Xe siècle) basé sur le même nom d'arbre serait construit avec le suffixe -etum[10], qui a donné la terminaison -ey, -ay / -oy dans le nord de la France et dont la forme féminine -eta a donné le suffixe français -aie servant à la formation de collectif d'arbres (cf. chênaie, hêtraie, etc.). François de Beaurepaire reste sceptique sur ces explications[4]. En effet, aucune forme ancienne des différents Cahaignes; Chaignes; Cahagnes et Chahaignes n'est du type *Catanea, *Cadenea[4]. En outre, le suffixe collectif féminin -ea / -ia, masculin -eus / -ius n'a guère été utilisé dans la toponymie du nord de la France dans les formations toponymiques basées sur un nom d'arbre et ce, contrairement à la toponymie occitane (cf. occitan : La Fage « la hêtraie » / La Cassagne « la chênaie » correspondants des Fy, Fay / Le Queney, Le Quesnoy, Le Chesnay du nord de la France. Les recherches sur la botanique régionale montrent que les junipéraies occupent de façon primaire les corniches et les vires rocheuses calcicoles ou siliceuses qui surplombent la Seine et quelques rares sites en Basse-Normandie et que l'habitat secondaire des junipéraies est associé aux systèmes pastoraux extensifs hérités des traditions de parcours (ovin et caprin) et de pâturage maigre (bovin)[11]. On peut donc en déduire compte tenu de la situation géographique de Granchain, de la nature de ses sols et des pratiques d'élevage que la probabilité pour que des genévriers aient été présents avant l'an 1000 y est très faible. La forme Grant Kahin, qui s'oppose à la forme *Grant Chahin (non attestée) d'où Grandchain, révèle une fluctuation de la ligne Joret dans cette partie du pays d'Ouche qui est mise en évidence par la toponymie[4]. HistoireGranchain et la Gaule romaineÀ l'époque gauloise, le site de Granchain faisait probablement partie du domaine des Lexovii car, selon le Dr Raoul Doranlo[12], sa limite[13] orientale devait passer à l'Est de Fontaine-l'Abbé, de Saint-Clair-d'Arcey et de Granchain et serait restée stable jusqu'au IIIe siècle[14]. Des hachettes de pierre trouvées dans les parages du chemin avoisinant les lieux-dits Le Beuron et La Tringale situés sur la commune de Granchain[15] tendent à prouver l'origine gauloise de l'axe antique qui reliait l'ancienne cité d'Uggade à Lisieux et Sées passant par Beaumont-le-Roger et Les Jonquerets. Mais c'est la découverte de nombreuses briques, tuiles, poteries et médailles romaines au long du parcours de cette route[16], elle-même bordée de buttes, mottes, vigies ou castelliers, qui en atteste l'antiquité[17]. Le lieu-dit La Tringale[18] conserve par ailleurs le souvenir d'une construction antique[19]. Granchain et le Moyen ÂgeAvant le Xe siècle, la localité de Granchain était attachée à un moulin, sans qu'on connaisse l'époque à laquelle elle s'est constituée en paroisse. Lors de la cession de la Neustrie occidentale à Rollon, devenu comte de Rouen, en 911, la Carentonne et ses localités voisines dont Granchain (globalement la région de Bernay) sont passées sous son contrôle. Vers les années 995-1008, Granchain, mentionné comme Maitgrant Kahin, est détaché du domaine ducal pour former la dotation de la reine Judith de Bretagne lors de son mariage avec Richard II de Normandie. Pour des raisons inconnues, Judith ne disposa pas de sa dotation en faveur de son abbaye de Bernay. En regard des successions, au XIe siècle, le domaine de Granchain appartenait très probablement à la famille Alis (orthographié parfois Alys). Guillaume Alis, premier du nom, aurait participé à la conquête de l'Angleterre à partir de 1066. Son petit-fils, Guillaume Alis, troisième du nom, étant mort sans enfants, c'est Guillaume de Sacquenville qui hérite de ses fiefs. Vers 1119, Éloi Le Blanc, chevalier et seigneur d'un fief à Granchain, donne à l'abbaye du Bec par l'entremise de Luc, archidiacre d'Évreux, les deux tiers de la dîme qui lui appartient. En 1199, Jean de Sacquenville, suzerain du lieu, et son frère Gilles approuvent les largesses faites à l'abbaye du Bec par Éloi Le Blanc et ils renoncent à toutes prétentions sur la dîme donnée aux religieux. À la fin du XIIIe siècle, messire Raoul d'Harcourt, seigneur de Carentonne, hérite du domaine de Granchain par son mariage avec Jeanne de Sacquenville. Son fils Jean d'Harcourt devenu sire de Granchain meurt vers 1390 sans laisser d'enfants de son mariage avec Jeanne d'Etouteville. Sa sœur et héritière, Isabeau d'Harcourt, épouse en premières noces Pierre de Mauvoisin, seigneur de Serquigny. À la mort de son mari, elle épouse en secondes noces Jean d'Achey (orthographié parfois Aché ou encore Achy) dit « le Grand Gallois » dont elle aura trois fils et une fille. L'aîné, Jean d'Achey dit « le Petit Gallois » pour le distinguer de son père, devient seigneur de Granchain. En 1420, le roi d'Angleterre Henri V retire le manoir de Granchain au « chevalier rebelle » Jean d'Achey, et le donne à sir Thomas Walton qui deviendra en 1425 speaker du Parlement d'Angleterre d'Henri VI. Quelques années plus tard, « le Petit Gallois »[20] récupère finalement son fief de Granchain. Avec le mariage de Marie d'Achey, fille du "Petit Gallois", avec Hue d'Avoise, la seigneurie de Granchain passe à la famille de ce dernier. Ainsi, c'est en tant que seigneur de Granchain, du Homme et du Val-Jardin que le chevalier Jehan d'Avoise († après 1478) est signalé absent lors de la Montre tenue les 17 et à Beaumont-le-Roger par Louis, bâtard de Bourbon († en 1487), comte de Roussillon en Dauphiné, amiral de France et lieutenant-général de Normandie[21]. Granchain et l’Époque moderneSelon les registres d'Évreux, François d'Avoise, fils de Jehan, se présente à la cure de Granchain en 1514. Marié à Jeanne d'Orbec, il meurt en 1529. Selon les mêmes sources, son fils Jean se présente aussi à la cure de Granchain en 1541. Mais la famille d'Avoise s'éteint et la seigneurie de Granchain passe à la famille du Rouyl. Florence du Rouyl[22], fille d’honneur de Diane de Poitiers (1499-1560), duchesse de Valentinois, puis de Catherine de Médicis (1519-1589), apporte vers 1550 les fiefs de Granchain et du Mesnil-Simon[23], à son mari Charles-Robert du Quesnel († le ), baron de Coupigny[24] et seigneur d’Anet[25]. Charles-Robert du Quesnel se présente à la cure de Granchain en 1561. De son union avec Florence du Rouyl naquirent au moins quatre enfants : Gabriel Ier, Florence, Jeanne-Charlotte[26] et enfin Françoise du Quesnel[27]. C'est comme seigneur et patron de Granchain en 1575, mais aussi marquis de Coupigny, baron de Saint-Just, seigneur du Mesnil-Germain[28] et chevalier de l’ordre de Saint-Michel, que Gabriel Ier du Quesnel († après 1598) fut nommé à la tête d’une compagnie d’ordonnance de 50 lances[29]. Gabriel Ier du Quesnel avait épousé en 1res noces[30] le Isabeau d’Alègre, devenue marquise d’Alègre en 1599[31], qui lui donna : Gabriel II[32], Marguerite[33], et Pierre du Quesnel[34]. Naquirent également Charlotte du Quesnel qui prendra le titre de baronne de Granchain et une autre fille qui épousera Gédéon de Pigace. Charlotte du Quesnel, veuve en secondes noces d'Isaac de Briqueville, mourut sans descendance et c'est sa nièce Anne de Pigace qui recueillit sa succession dont Granchain. En 1646, Anne de Pigace, dame de Granchain, épouse Jean de Mauduit. Ce sont probablement Anne de Pigace ou Jean de Mauduit qui vendirent le fief de Granchain, sans doute après 1652, à François II Liberge (ca 1612 - Grandchain )[35], fils de maître Emery Liberge[36] et de son épouse Charlotte de Monteilles[37]. Écuyer, vicomte baillivial et juge criminel ès vicomtés de Plasnes et d’Échanfray à Notre-Dame-du-Hamel jusqu’à 1653 au moins et frère servant en la charité de Sainte-Croix de Bernay en 1653-1654, le nouveau seigneur de Granchain fut anobli par lettres patentes données en par le jeune roi Louis XIV et enregistrées en la Cour des Aides de Normandie à Rouen le [38], bien que ses ancêtres aient pris la qualité de nobles depuis la seconde moitié du XVIe siècle. Ces patentes précisent que François II Liberge demeurait alors à Orbec[39]. Enfin, François II Liberge fut procureur de François Feydeau de Brou († en 1666)[40]. Écuyer, licencié ès-lois, il exerçait la charge de sénéchal de la baronnie de Bernay le . Son acte d’inhumation rédigé en 1661 par son cousin André de Monteilles, curé de Grandchain, le désigne ainsi : « escuyer, seigneur et patron de cette paroisse, honneur très considérable pour l’exercice de la justice et autres […] dont il estoit doüé ». D’une épouse encore inconnue, il eut au moins 3 enfants, lesquels auraient renoncé à la qualité de nobles lors de la recherche commencée en 1666[41]. Granchain et la période révolutionnaireAvec la période révolutionnaire, c'est surtout la question de la constitution civile du clergé qui agite la population de Granchain. Ainsi, Jacques Bénard, curé de Granchain, se cache. En , il est déclaré émigré et condamné en tant que tel à la déportation, en application de la loi du . Marie-Catherine Bertrand, sœur de Saint-Vincent, née à Granchain vers 1760 et hospitalière à Angers comparaît devant le citoyen Berger, maire de la commune d'Angers et refuse le serment. Elle sera alors conduite aux Pénitentes[42] puis traduite devant une commission militaire et condamnée à la déportation[43]. De même, Jacques Bertrand, né le à Granchain, tonsuré en 1785, ordonné en 1788 et professeur au collège d'Evreux, annonce le qu'il est prêt à jurer fidélité à la Constitution mais il se ravise, ne prête pas serment et il est destitué[44]. Un certificat du 21 pluviôse an II () donne écho aux prédications d'inspiration révolutionnaire et très anti-papiste du curé de Granchain[45]. Il s'agit du "prêtre constitutionnel" Denis qui a été mis en place à Granchain. Celui-ci déclare que les prêtres catholiques sont réfractaires à la loi et qu'ils n'ont pas juré à cause de leur orgueil. Un jour où il se fait réprimander par un paroissien pour avoir uriner contre l'église, il répondit qu'il n'y avait pas de décret pour l'empêcher de faire de l'eau ! Il abandonnera l'exercice de son culte le 22 ventôse an II (). Parallèlement, des prêtres non assermentés continuent d'exercer clandestinement aux alentours, en particulier des mariages. C'est ainsi qu'en 1797 des paroissiens de Granchain, de Sainte-Marguerite-en-Ouche, de Saint-Aubin-le-Guichard et de Saint-Clair-d'Arcey se cotisent pour avoir des ornements et habits sacerdotaux à l'usage des prêtres catholiques pour exercer leur ministère de la religion chrétienne.[46] La famille de Liberge reste influente sur la paroisse et en particulier en cette fin du XVIIIe siècle, avec Guillaume Jacques Constant de Liberge de Granchain (1744-1805), seigneur et patron de Granchain, amiral de France. Celui-ci avait épousé en 1782 Françoise de Mauduit de Carentonne, de 19 ans sa cadette. Le 28 fructidor de l'an II () la nouvelle municipalité de Beaumesnil leur donne un certificat de résidence à Granchain aux noms de citoyen Guillaume Jacques Constant Liberge Granchain et citoyenne Françoise Amélie Mauduit. Granchain et la guerre de 1870Après que la France ait déclaré la guerre à la Prusse le , la guerre tourne rapidement au désastre. Ce qui restait des armées françaises tenta de résister. Des volontaires s'engagèrent, des unités de la Garde nationale mobile regroupées en bataillons départementaux font face aux Prussiens et des francs-tireurs harcèlent les arrières de l'ennemi. En Normandie, les mobiles de l'Eure, de la Loire-Inférieure renforcés par ceux de l'Ardèche et des Landes vont livrer combat jusqu'en . En , la vallée de la Risle a été choisie comme ligne de défense stratégique avec comme avant-poste le nœud ferroviaire de Serquigny situé au cœur d'un triangle dont les trois branches se dirigent vers Rouen, Caen et Paris. Les Francs-Tireurs de Bernay prennent position dans la forêt de Beaumesnil[47] et traversent donc Granchain. L'entrée des Prussiens à Rouen le modifie la situation. Le alors que des désordres se produisent à Bernay[48], le commandement militaire décide de prendre des positions défensives en avant de la ville, sur les hauteurs dominant la rive gauche de la Risle face à la menace prussienne qui arrive de Rouen (ville prise le ) et d’Évreux (ville prise le ). En conséquence, le 1er bataillon de l'Eure est envoyé à Rôtes, le 3e à Carsix, et le 2e autour du carrefour des routes de Rouen à Bernay et de Paris à Caen (dit carrefour de Malbrouck). Le bataillon de la Loire-Inférieure va occuper les côtes d'Aclou et le bataillon des Landes, Fontaine-l'Abbé et Granchain. En même temps, plusieurs compagnies de francs-tireurs sont envoyées à l'Est de la ligne de défense pour connaître les positions de l'ennemi. La saison ne permet pas de camper et les soldats ne reçoivent pas de vivres. Les mobiles des Landes avec leur blouse et leur pantalon de toile bleue[49] ne sont pas équipés contre le froid. Ce n'est donc que dans les lieux habités qu'ils peuvent trouver un abri et de la nourriture. Un mobile du Vexin témoigne du bon accueil réservé par la population de Bernay et de ses environs mais aussi des conditions de neige et de gel particulièrement éprouvantes (jusqu'à - 15 °C) pour les soldats en ces difficiles journées de [50]. Le , les troupes prussiennes qui ont investi puis pénétré dans Beaumont-le-Roger évacuent cette ville, mais le les Prussiens sont à Montfort-sur-Risle et Pont-Authou et des renseignements nombreux annoncent de Rouen 15,000 Prussiens, et une quarantaine de canons marchant sur Brionne et Serquigny. La contre-offensive du général Louis Faidherbe vers Amiens fait faire demi-tour aux Prussiens qui repartent vers Rouen. Le bataillon des Landes regroupé à Fontaine-l'Abbé va être renforcé et reprendra sa progression vers Saint-Denis-des-Monts, puis Thuit-Hébert pour ensuite participer aux combats de Maison-Brulée et de Château-Robert avant la terrible attaque prussienne du qui sonnera l'heure de sa débâcle vers Pont-Audemer, puis Honfleur et Pont-l'Évêque. Après les ultimes combats (21 et ) de la guerre de 1870-1871 à Bernay et à Orbec contre le XIIIe corps prussien commandé par le Grand-Duc de Mecklembourg[53], le des Prussiens de la 22e Division d'infanterie[54] aux ordres du général von Rheinbaben[55] traversent Granchain alors qu'ils se rendent de Broglie au Neubourg[56]. Granchain connaitra un meilleur sort que Conches-en-Ouche qui fut livré au pillage[57]. Politique et administrationDémographieL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[58]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[59],[Note 1]. En 2013, la commune comptait 210 habitants, en évolution de −7,89 % par rapport à 2008 (Eure : +2,66 %, France hors Mayotte : +2,49 %). Lieux et monumentsLe château de Granchain[62] fut construit dans le style Louis XVI entre 1783 et 1785, sur les plans que l'amiral de Granchain traça lors de ses voyages en mer, à l'emplacement d'un vieux manoir mentionné depuis 1119. C'est l'architecte bernayen Jacques Fresnel (1755-1803) qui est chargé des travaux. Jacques Fresnel épousa, en 1785, Charlotte-Augustine Mérimée, l'une des filles de François Mérimée, avocat, avec laquelle il eut Augustin Fresnel (Broglie 1788 - Ville-d'Avray 1803). Charlotte-Augustine Mérimée était la tante de l'écrivain Prosper Mérimée (1818-1870). Quant à l'amiral de Granchain, il rapporta d'Amérique du Nord graines et semences de plusieurs essences d'arbres qu'il planta dans le parc et dans tous les environs du château. Descendants de Liberge de Granchain, les Deshayes de Forval puis les La Barre de Nanteuil furent propriétaires du château jusqu'en 1920, époque où il passa à la famille d'un industriel, Victor du Lac de Fugères ( en Haute-Loire - ), qui fit venir des exploitants hollandais pour cultiver ses propriétés. En 1966, le domaine fut acheté par l'Œuvre de l'Hospitalité du Travail, association loi de 1901, reconnue d'utilité publique et ayant pour but d’aider moralement et matériellement les femmes qui, par suite de circonstances accidentelles ou habituelles, ne sont pas en mesure de gagner normalement leur vie. Sous la houlette des sœurs de Notre-Dame du Calvaire de Gramat, dans les Causses, qui le baptisèrent du nom de leur fondateur, le bienheureux Pierre Bonhomme (1803-1861)[63], l'OHT demeura jusqu'en 2007 au château de Granchain, avant que ce dernier ne fût revendu à un particulier. L'église Saint-Pierre[64] présente un gros œuvre en partie du XIIe siècle, des baies repercées au XVIe siècle, ainsi qu'un chœur et une nef reconstruits au XVIIIe siècle. À la suite d'un incendie dû à la foudre, une campagne de restauration générale fut entreprise en 1880 par l'architecte Ludovic Renou (Laigle 1833 - ?), architecte du département de l'Eure de 1866 à 1880, sous la houlette du maître d'œuvre Daniel Darcy (Cateau-Cambrésis - ), architecte diocésain d'Évreux depuis le . Dans le style néo-gothique flamboyant, ces derniers ajoutèrent des ouvertures de pierre et construisirent un nouveau clocher, inspiré de celui de l'église paroissiale Notre-Dame de la Couture à Bernay, depuis basilique.
Dans le vieux cimetière se trouvent les tombes des familles de Liberge de Granchain et Deshayes de Forval, ainsi que celle du capitaine de frégate Pierre Charles François d'Argence (1764 - 1833)[66].
La Rufaudière[67] est un fief mentionné depuis 1562, année où les héritiers de Guillaume le Loutterel[68], seigneurs du lieu, furent taxés pour le ban à 7 livres et 4 sols, ce qui représentait alors le dixième du revenu du fief. C'est en tant que seigneur de la Rufaudière que Louis d'Argence fut maintenu noble en 1667 ; il avait épousé Marie Morin, dont il eut un fils : Louis. Louis d'Argence va mourir laissant un fils du même nom qui fait aveu pour la Rufaudière en 1690. Ancien manoir, le logis de la Rufaudière est reconstruit en 1774. En 1789, le seigneur de la Rufaudière était l'abbé d'Argence, alors curé de Grandcamp. Les armes des d'Argence étaient : de gueules, à la fleur de lys d'argent[69]. La Rufaudière est aujourd'hui une propriété privée. Le Presbytère a été reconstruit à la fin du XIXe siècle sur l'emplacement même d'un plus ancien. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, la maison du presbytère étant particulièrement en mauvais état, le curé de Granchain s'en plaint et la commune envisage alors la réalisation de travaux de réfection et, en particulier, sa mise hors d'eau. La commune achète ainsi 4000 vieilles tuiles à Madame de Sainte-Opportune[70] à Saint-Quentin-des-Isles. Mais les travaux de réfection ne suffisant plus, la commune décide alors la reconstruction du presbytère en 1897. Avec la Loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, l'abbé Dodeux, curé de Saint-Aubin-le-Vertueux et desservant Granchain perd la jouissance du nouveau presbytère. Celui-ci est désormais loué par la commune aux curés desservant Granchain (Huret - 1907 ; Heroult - 1910 ; Chéron - 1914). En 1917, Mademoiselle Victorine Magne qui dirige une petite école à Saint-Clair d’Arcey et qui souhaite venir en aide aux orphelins de guerre, loue le presbytère de Granchain pour réaliser son projet. C’est ainsi qu’elle y fonde en 1918 son Œuvre Familiale. Les orphelins devenant trop nombreux, elle s’installera dans un nouveau local à Bernay au 21 rue du Collège, qui prendra le nom d'Orphelinat Notre-Dame. Là aussi manquant rapidement de places, Mlle Victorine Magne installera alors sa fondation à Lisieux où, le 1er mai 1922, elle prend le nom d'Œuvre Familiale de Thérèse de Lisieux[71]. Après le départ de Mademoiselle Victorine Magne, l'ancien presbytère continue d'être loué à des particuliers à partir de 1923 avant d'être vendu[72]. L'ancien presbytère reste aujourd'hui une propriété privée.
Le patrimoine de Granchain comprend également Le Castel édifice fortifié XVIIe siècle[73], des maisons et fermes XVIIe siècle, XVIIIe siècle et XIXe siècle[74] , une grange aux dîmes XVIIIe siècle[75], une croix de cimetière XVIIIe siècle[76] et une croix de chemin XIXe siècle[77].
Au hameau de Beuron se trouvait un orme remarquable appelé « L'ormesse du Beuron » qui fut abattu vers 1840. Monument aux MortsGuerre 1914 - 1918 HUE Léon[78] LECOMTE Paul[79] ANNE Eugène[80] CHERON Jules[81] HUE Daniel[82] HEBERT Eugène[83] ISABEL Georges[84] MITATRE Louis[85] CHEMIN Édouard[86] Guerre 1939 - 1945 R. LEFEBVRE Musique et LittératureEn 1820, une chansonnette intitulée La petite Châtelaine de Grandchain est composée sur des paroles de Monsieur le chevalier de Saint-Denis et un accompagnement au piano ou harpe de Berton fils[87] Une scène du feuilleton Le Drame du Val-Martin écrit par Victor Garien et publié en 1899 dans le journal Le Petit Parisien se déroule à Granchain[88]. Le chef-d’œuvre Martine[89] de Jean-Jacques Bernard, se déroule dans un village appelé Grandchin avec un décor "normand" de pommiers, de bois et de champs pour cette mélancolique histoire d’une petite paysanne qui aime et souffre en silence. Personnalités liées à la commune
Voir aussiNotes et référencesNotes
Références
Liens externes
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