Ginette Mathiot est la fille d'un pasteurprotestant, sa mère est alsacienne. Elle fait ses études secondaires au lycée Fénelon, à Paris, où elle a pour condisciple Simone Weil. Sa famille ne l'autorise pas à entreprendre des études de médecine. Elle ne l'autorise pas non plus à se marier, les sept prétendants successifs n'étant pas protestants[2] : « Si les gens qui se servent de mon livre, soupire-t-elle, savaient combien de larmes d'amour contrarié ont mouillé les fiches sur lesquelles j'écrivais mes recettes[2] ! » Elle suit des cours de pédagogie en Sorbonne. Elle est élève de l'École normale d'enseignement ménager de la ville de Paris[2].
En 1930, l'éditeur Albin Michel souhaite publier un livre de cuisine prenant en compte la diététique. Il se rend au collège de jeunes filles Paul-Bert, situé juste en face de ses bureaux, rue Huyghens. On lui recommande une jeune enseignante, Hélène Delage. Celle-ci hésite devant l'ampleur de la tâche. Elle fait appel à Ginette Mathiot, 23 ans, une camarade de l'École normale. Les parents de cette dernière, qui ne croient pas au succès, lui conseillent une cession définitive du manuscrit, plutôt qu'un pourcentage sur les ventes. Le forfait est donc fixé à 8 000 francs (l'équivalent de 4 808 euros en 2021), somme à partager entre les deux jeunes femmes[2]. Toutes les recettes sont testées par Ginette Mathiot ou par un de ses élèves. Hélène Delage ne participe pas au travail. Elle perçoit néanmoins sa part en tant qu'intermédiaire, et voit son nom porté en couverture du livre au côté de celui de Ginette Mathiot[2]. Je sais cuisiner paraît le , en 650 pages contenant « près de 2 000 recettes »[3] (1 900 recettes[4]).
Après la Seconde Guerre mondiale, Robert Esmenard, le successeur d'Albin Michel, accorde à Ginette Mathiot un modeste pourcentage sur les ventes[2]. Jusqu'en 1950, Je sais cuisiner porte les deux signatures[5]. En 1953, il paraît dans une « nouvelle édition revue par Ginette Mathiot[6] », où le nom d'Hélène Delage ne figure plus. En 1955, le livre est adapté pour la collection « Le Livre de poche », créée deux ans plus tôt. Intitulé La Cuisine pour tous, il est ramené à 500 pages et 1 243 recettes[7].
Fin , quelques mois avant sa mort, le tirage de Je sais cuisiner est de 2 443 129 exemplaires, tandis que les ventes de La Cuisine pour tous atteignent les 2 500 000 exemplaires[2]. L'ensemble constitue à l'époque un « record absolu de diffusion pour un ouvrage français dont l'auteur est toujours vivant[2] ».
Ginette Mathiot meurt le , à 91 ans. En 2008, son best-seller cumule des ventes de 6,3 millions d'exemplaires dans le monde[8]. Luc Rosenzweig explique « l'étonnante longévité » du livre par son « immense sérieux », son « refus de la cuisine paillettes […] qui nous mène bien loin des histrions médiatico-culinaires[2] ».
1932 : Je sais cuisiner, par un groupe de cordons bleus, sous la direction de Mlles H. Delage et G. Mathiot, professeurs d'enseignement ménager à la ville de Paris : près de 2 000 recettes de plats exquis, de recettes simples, de conseils rationnels, de données d'hygiène alimentaire, d'économies facilement réalisables, Paris, Albin Michel, 650 p. avec figures[3].
1938 : Je sais faire la pâtisserie.
1948 : Je sais faire les conserves.
1953 : La Cuisine à l'école et à la maison (avec Marie-Louis Cordillot et Janine Briand).
1955 : La Cuisine pour tous, par un groupe de professeurs de l'enseignement ménager sous la direction de Ginette Mathiot, coll. « Le livre de poche encyclopédique », 500 p., Paris, Albin Michel[7].
1959 : Je sais cuisiner en vacances, camping, caravaning, yachting (avec Sacha Nélidow).
1962 : 400 recettes pour 100 convives, bonne cuisine en collectivité (avec Raymond Paumier).
1963 : La Pâtisserie pour tous.
1965 : Je sais cuisiner autour du monde. Cuisine étrangère et exotique.
1966 : La Cuisine de tous les pays.
1967 : Merveilles de la cuisine internationale et exotique.
1969 : Cuisine pour toi et moi, plus de 500 recettes pour nous deux.