Gilles ChâteletGilles Châtelet
Gilles Châtelet, né le à Bezons et mort le à Paris 9e[1], est un mathématicien et philosophe français. BiographieEntré en 1963 à l'École normale supérieure de Saint-Cloud en section scientifique, il obtient un doctorat d'État de Mathématiques en topologie différentielle le [2]. Il devient professeur de mathématiques en 1979 à l'Université Paris VIII Saint-Denis, anciennement Université libre de Vincennes[3]. Directeur de Programme au Collège international de philosophie entre 1989 et 1995, il fonde le séminaire « Rencontres Science-Philosophie ». En 1994, il rejoint le laboratoire « Pensée des sciences » qui vient d’être fondé à l'École normale supérieure de la rue d’Ulm par Charles Alunni. Il prend, jusqu'à sa mort, une part particulièrement active au séminaire « Acte, Puissance, Virtualité » et y exerce une influence notable[4]. De 1981 à 1983, il fut attaché scientifique de l'ambassade de France en Israël. À partir de 1990, il collabore au mensuel L'Autre Journal lancé par Michel Butel dont la parution avait été suspendue depuis 1986. Traits marquants de son œuvreGilles Châtelet s'est également formé à l'économie, comme en témoigne son dernier livre, paru de son vivant : Vivre et penser comme des porcs. De l'incitation à l'envie et à l'ennui dans les démocraties-marchés, essai dans lequel il dénonce le système libéral, dont l’efficacité repose sur une triple alliance entre le politique, l’économique et le cybernétique, c’est-à-dire le communicationnel. Refusant un processus de domestication généralisée, il en appelle à une philosophie de combat face aux effets désastreux de la décomposition d’un certain optimisme libertaire devenu cynisme et imposture pseudo-libérale car, disait-il, « nous devons vaincre là où Hegel, Marx et Nietzsche n'ont pas vaincu… »[3],[5]. Les Animaux malades du consensus[3] retrace la généalogie de cette critique qui commence dès la fin des années 1970 dans la presse ou les revues. L'ensemble de ces textes prouvent que Gilles Châtelet n’aura finalement jamais cessé d’exercer une critique sans réserve du consensus. Fabliau des temps modernes, on y retrouve le bestiaire et les généalogies de son précédent pamphlet, mais surtout un ensemble d’analyses des dispositifs redoutables de l’industrie du ressentiment[3]. Il critique le réformisme comme « progressisme gradué, comme solution de rechange raisonnable face à la violence », il dénonce des hystéries médiatiques qui trahissent le caractère putrescible du consensus, ou encore des « gloutonneries de l’Élite consensuelle qui dévore du Différent pour chier du Même ». Ainsi fin 1997 il prend position « contre l'hystérie antipédophile » dispositif qu'il estime « fondé sur le vieux principe du bouc émissaire (...) (qui) procède par amalgame et métaphore cannibale : c'est le fameux lynchage médiatique (...) » Il s'agit, selon lui, des « balbutiements d'une démarche qui viserait à refuser la juxtaposition des tranches d'âge et l'opposition de deux sexualités : celle totalement « réelle » et « terminée » de l'adulte et celle totalement virtuelle de l'enfant[6] ». Sa ténacité à pointer les illusions et les fantasmes liés à la vitesse, à la performance sont autant de questions jusque-là subversives qui commencent à peine à émerger du silence où elles étaient retenues. Enfin, il rappelle qu’en tout état de cause, « qu’il soit mathématicien ou pas, tout homme épris de liberté a le devoir de dire que certaines choses sont insupportables lorsqu’il en a la possibilité ». Son succès de pamphlétaire a finalement occulté une œuvre philosophique dont on n'a pas encore pris toute la mesure[7]. Publications
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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