Heymans a étudié le droit et la philosophie à l’Université de Leyde sous la direction de Jan Pieter Land, Simon Vissering et Joannes Buys. Il est reçu licencié en droit civil le puis soutient le une thèse d’économie politique intitulée « Caractère et méthode statistique » (Karakter en methode der staathuishoudkunde). Il poursuit ses études de philosophie en Allemagne et soutient un mémoire de maîtrise consacré à la morale[4].
Les idées de Heymans sur la définition statistique de la caractérologie ont été introduites en France par René Le Senne, notamment son « Traité de Caractérologie » (PUF, 1945), puis par Gaston Berger ; et en Belgique, par le P. Troisfontaines[6]. L'Association Heymans (Heymans-Genootschap), se propose depuis 1944 de poursuivre l’œuvre du philosophe de Groningue.
Inspiré par les travaux d’Ernst Kretschmer et de Jung, Heymans s'est efforcé d’élaborer une classification systématique des caractères (ou tempéraments). Aidé par un psychiatre, Enno D. Wiersma (1858-1940), il a réalisé de 1905 à 1918 une enquête sur l’hérédité des traits de caractère : Heymans soumit un questionnaire aux médecins et professeurs de l’enseignement secondaire des Pays-Bas sur les élèves et leurs parents[7]. L'examen des réponses suggère à Heymans l’existence de deux composantes fondamentales du caractère : l’émotivité et l’activité ; il suggère également que ces dispositions peuvent être dites primaires, c'est-à-dire spontanées, naturelles et plus ou moins fluctuantes ; ou bien secondaires, c'est-à-dire provoquant un retentissement plus profond et plus durable, mais aussi plus de cohérence et d'intégration au comportement[6]. Il résume ces observations suivant trois axes[8]:
activité (axe des abscisses), notée A : énergie et importance de la réaction physique à un stimulus
émotivité (axe des ordonnées), notée E : intensité et fréquence de la réaction émotionnelle à un affect ou stimulus
« secondarité », notée S : persistance, ou intensité à long terme des affects
Ce graphe cubique suggère une combinatoire de huit tempéraments, repérés par les sommets (les dénominations sont inspirées de celles déjà employées précédemment par les médecins grecs Galien et Hippocrate):
passionné : E+ A+ S+
phlegmatique : E- A+ S+
colérique : E+ A+ S-
sanguin : E- A+ S-
sentimental : E+ A- S+
apathique : E- A- S+
nerveux : E+ A- S-
amorphe : E- A- S-
Cette classification, longtemps utilisée dans les pays néerlandophones (Afrique du Sud, Indonésie, etc.) a connu diverses adaptations (indicateurs de Myer-Briggs) depuis.
Œuvres
Heymans est l'auteur d'une vingtaine de monographies (dont certaines n'ont paru qu'après sa mort), et d'une centaine d'articles.
Quantitative Untersuchungen über die Zoellnersche und die Loebsche Taüschung (Études quantitatives sur les illusions de Zœllner et de Lœb, 1897) , Z. für Psychologie und Physiologie der Sinn, vol. XIV, pp.130-139
Einführung in die Metaphysik (« Introduction à la métaphysique », 1905). Leipzig, Barth.
De toekomstige eeuw der psychologie (« L'avenir de la psychologie », 1909). Conférence prononcée devant le rectorat de l'université royale de Groningue le . Groningue, éd. Wolters.
G. Heymans (trad. R. Le Senne), La Psychologie des femmes [« Psychologie der vrouwen »], (réimpr. 1925 Ch. Hérissey pour l'édition française), 323 p.
De oorlog en de vredesbeweging (« La guerre et le mouvement pacifiste », 1914). Groningue.
Einführung in die Ethik auf Grundlage der Erfahrung (« Introduction à l'éthique sur la base de l'expérience individuelle », 1914). Leipzig, éd. Barth.
Die Gesetze und Elemente des wissenschaftlichen Denkens, Ein Lehrbuch der Erkenntnistheorie in Grundzügen. (1915). Leipzig, éd. Barth (3e éd.).
Het psychisch monisme (1915). Baarn, Hollandia Uitgeverij.
G. Heymans & T.J.C. Gerritsen, La philosophie de Heymans (1938, pothume), éd. F. Alcan, Paris.
Notes
↑Lettres inédites..., p.231 : « G Heymans – ce dernier déclara plus tard, que Spir avait exercé naguère une réelle influence sur la formation de sa pensée. »
↑ a et bD'après Armand Cuvillier, Précis de Philosophie -- Classes de mathématiques, Armand Colin, (réimpr. 2e), « X -- La personne et le caractère », p. 107-108
↑L'exposé original se trouve dans G. Heymans, « Des méthodes dans la psychologie spéciale. », L'année psychologique, vol. 17, , p. 64-79 (DOIhttps://doi.org/10.3406/psy.1910.7272).