Par son père, le comte Gyula Apponyi (1873-1924), maréchal de la cour royale de Hongrie[1], elle descend de l'une des plus vieilles familles de la noblesse hongroise, dont les origines remontent au IXe siècle. Sa mère, Gladys Virginia Stewart (1891-1947), est quant à elle issue de la haute société américaine (son père est consul général des États-Unis à Anvers) et descend d'Irlandais et d’Écossais qui ont émigré vers le Nouveau Monde[2]. Elle descend également par son père de la princesse Henriette-Catherine-Agnès d'Anhalt-Dessau, ce qui l'apparente avec la plupart des familles royales européennes.
L'Autriche-Hongrie défaite en 1918, sa famille s'exile en Suisse auprès de sa grand-mère maternelle, pour ne rentrer en Hongrie que trois ans plus tard. Cependant, à la mort du comte Gyula en 1924, Géraldine, sa mère, sa sœur et son frère quittent à nouveau la Hongrie et partent vivre dans la station balnéaire française de Menton. La comtesse se remarie en 1926, à Roquebrune-Cap-Martin, avec le colonel français Gontran Girault (1882-1964) et ses beaux-parents hongrois insistent pour que ses trois enfants (Géraldine, Virginia et Gyula) soient renvoyés en Hongrie pour leur scolarité. Le colonel Girault et la comtesse Apponyi (désormais Mme Girault) ont trois enfants de leur mariage (Sylviane[3], Patricia et Guy).
En , Géraldine s'installe au château familial de Nagy-Appony (à Oponice en actuelle Slovaquie) auprès de sa grand-mère paternelle la comtesse Marguerite von Seherr-Thoß, morte en 1931, puis est scolarisée comme pensionnaire au couvent du Sacré-Cœur de Pressbaum[4], près de Vienne. Elle y laisse le souvenir d'une bonne élève, pieuse, plongée dans les livres et déjà très jolie. La future reine d'Albanie termine ses études par un examen validé à l'université de Vienne.
Reine des Albanais
Géraldine Apponyi fut présentée en décembre 1937 au roi Zog Ier d'Albanie, qui avait vu une photo d'elle. Elle visita à ses côtés le royaume albanais et, quelques jours plus tard, le roi la demanda en mariage. Elle fut, durant ses fiançailles, appelée par les médias internationaux « la Rose blanche de Hongrie ».
Le , elle épouse le roi Zog Ier d'Albanie à Tirana au cours d'une cérémonie civile, le pays étant laïc et les époux étant de surcroît de confessions différentes (elle catholique et lui musulman)[5].
Le , la reine met au monde le prince Leka, héritier du trône. Le , l'invasion italienne force la famille royale à se réfugier successivement en Grèce (les journaux du 11 font état de son état de santé : la jeune femme souffrant de fièvre puerpérale, son état s'étant aggravé).
Le , le gouvernement Nano et les députés albanais votent en faveur du retour de l'ancienne famille royale.
Le , la reine Géraldine, le prince héritier Leka (Ier), la princesse héritière Susan et leur fils, le prince Leka (II), font une arrivée triomphale en Albanie[5].
Le , la reine Géraldine s'éteint après plusieurs crises cardiaques[6]. Ses funérailles rassemblent plusieurs représentants de la classe politique et de nombreux Albanais. Elle est inhumée au cimetière de Sharra à Tirana.
Fondation Reine-Géraldine
En , Elia Zaharia, fiancée du prince Leka, lui-même petit-fils de Géraldine, crée la « Fondation Reine Géraldine » (Queen Geraldine Foundation) en son honneur. Le visuel de l'œuvre caritative affiche le portrait de l'ancienne reine. Ses missions s'articulent en faveur des familles et enfants défavorisés, ou encore de la rénovation d'écoles[7].
Joséphine Dedet, Géraldine, reine des Albanais, Paris, Belfond, , 3e éd. (1re éd. 1996, Criterion ; 2012, Belfond), 384 p. (ISBN978-2-7144-7504-6, présentation en ligne). Biographie de référence, fondée sur le témoignage direct de la reine. Traduction hongroise, chez Europakiado, 2015 (ISBN9789634052029), réédité en 2016 et en . Traduction albanaise : éditions Greentech, .
Patrice Najbor, Histoire de l'Albanie et de sa maison royale, Paris, JePublie, , 5 volumes.