Né en Crète, devenu tôt orphelin, il vint étudier en Italie grâce à la générosité d'un ami de sa famille. Il étudia six ans à Padoue, puis vint à Venise et fut admis dans l'école grecque de la ville, dont il devint bientôt le directeur (« ἀρχιδιδάσκαλος καὶ πρωτοκαθηγητὴς τῶν Ἑλλήνων »). On signale aussi, dans la décennie 1526/35, son importante activité comme copiste de manuscrits grecs[1]. Mais des remarques moqueuses qu'il se permit sur les rites de la religion chrétienne traditionnelle (jeûnes, culte des images) le firent renvoyer.
En 1536, il obtint une chaire de langue grecque à Modène (bien qu'il ait fait des difficultés à signer la profession de foi qu'on exigeait des fonctionnaires publics). En 1542, il fut embauché à Ferrare par la duchesse Renée de France qui fit de lui le précepteur de ses fils et le chargea aussi de la correspondance secrète qu'elle entretenait avec Jean Calvin. Il fut admis à l'Accademia dei Filareti, fondée à Ferrare en 1554, et prononça devant elle un discours à la louange de la langue grecque.
Après la mort de son époux le duc Hercule d'Este (), la duchesse Renée regagna la France. Craignant l'Inquisition à cause de ses opinions religieuses, François Portus quitta Ferrare avec sa famille, erra quelque temps du côté du Frioul, puis s'installa à Genève. Il fut reçu citoyen de cette ville en 1562. La même année, il se vit confier la chaire de grec de l'Académie, qu'il occupa jusqu'à sa mort. Il eut notamment pour élève Isaac Casaubon, qu'il recommanda pour sa succession.
Après la Saint-Barthélemy, il eut un échange épistolaire polémique avec son ancien collègue Pierre Charpentier, qui se fit l'instrument de la propagande gouvernementale française et justifia le massacre par l'existence d'un prétendu complot contre la famille royale[2].
Peu après sa mort, son fils a publié plusieurs volumes de ses travaux à Lausanne : Commentarii in Pindari Olympia, Pythia, Nemea, Isthmia (1583) ; six de ses discours et des dissertations intitulées In omnes Sophoclis tragœdias prolegomena, Sophoclis et Euripidis collatio, etc. (1584) ; Commentarii in varia Xenophontis opuscula (1586). Il a aussi publié son commentaire à la Rhétorique d'Aristote à Spire en 1598.
Paolo Tavonatti (éd.), Francisci Porti Cretensis Commentaria in Æschyli Tragœdias, thèse de doctorat, Université de Trente et EHESS Paris, 2010.
Bibliographie
Paolo Tavonatti, « Il contributo di Francesco Porto alla filologia eschilea », Ítaca. Quaderns Catalans de Cultura Clàssica, no 27, 2011, p. 155-164.
Notes et références
↑Maria Papanicolaou, Giovanni Pugliese Carratelli, « Identificazione del dotto copista anonimo di un manipolo di manoscritti greci databile al decennio 1526-1535 : Francesco Porto », Atti della Accademia nazionale dei Lincei. Rendiconti Classe di scienze morali storiche e filologiche, vol. 21, n° 3-4, 2010, p. 427-489.
↑Lettre de Pierre Charpentier, jurisconsulte, à François Portus Candiois, par laquelle il monstre que les persecutions des Églises de France sont advenues, non par la faulte de ceux qui faisoient profession de la Religion, mais de ceux qui nourrissoient les factions et conspirations, qu'on appelle la Cause, publiée fin 1572 ; Response de François Candiot aux lettres diffamatoires de Pierre Carpentier advocat, pour l'innocence des fideles serviteurs de Dieu et obeissans subjects du Roy, massacrez le 24. jour d'aoust 1572, appellez factieux par ce plaidereau, lettre écrite à l'origine en latin, diffusée d'abord secrètement en mars 1573, publiée en traduction française en 1574.
Liens externes
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