Fraction du painLa fraction du pain (latin : fractio panis, « rompre le pain ») est mentionnée dans le Nouveau Testament comme un geste fondamental du mémorial de la mort de Christ en rémission des péchés. Dans ce texte, le rite de la fraction du pain, inspiré du judaïsme, est institué par Jésus-Christ lors de la Cène. Aujourd'hui, cette fraction est pratiquée, d'une façon ou d'une autre et parfois avec des interprétations différentes, dans la plupart des confessions chrétiennes[1],[2],[3],[4],[5],[6]. La fraction du pain peut désigner soit l'acte de rompre un pain dans le culte chrétien, soit, par métonymie, l'ensemble du rite relatif à la « Cène dominicale », aussi appelé « repas du Seigneur », et à la communion. JudaïsmeEn Orient, la fraction du pain est un processus ayant lieu au début d'un repas, comme un signal du plus haut rang permettant la suite du repas. Cependant, l'expression « rompre le pain » n'existe pas dans la Bible hébraïque en tant que phrase spécifique et n'a pas de fonction métonymique inventée pour une « tenue de repas »[7]. Dans la Bible hébraïque (ou l'Ancien Testament), la rupture et le partage du pain (le'hem)[Note 1] est une coutume courante :
Dans le judaïsme, la fraction du pain, pétri d'une ou plusieurs céréales (parmi le blé, l'orge, le seigle, l'avoine ou l'épeautre), n'est pas seulement un renforcement de la communauté juive, c'est aussi une mitsvah (prescription légale) et une bénédiction. Après s'être lavé rituellement les mains en remerciant Dieu d'avoir prescrit l'ablution des mains, une prière (bracha, hébreu ברכה) appelée ha-Motsi (מּוצִיא) est prononcée sur le pain - en le soulevant légèrement à ce moment[8] - juste avant qu'il soit rompu, distribué et consommé, donc au début de chaque repas[9] :
Quiconque répond « Amen » et reçoit le pain fractionné et salé a sa part dans la bénédiction car considéré comme ayant lui-même prononcé la bénédiction du Motzi - ainsi comme pour toute prière. Le maître de cérémonie, généralement le chef de famille ou de tablée, mange alors le premier morceau rompu puis distribue les autres. Une fois que la bénédiction sur le pain est prononcée, tous les autres aliments et boissons (hormis le vin) qui suivent dans le repas y sont inclus sans qu'il soit besoin de prononcer d'autres bénédictions sur chacun d'eux[10]. Le Shabath, la fraction du pain toujours précédée de la prière du Motzi se fait sur deux pains (pour vendredi soir et samedi, en souvenir de la portion double[11] reçue le vendredi par les Hébreux dans le désert : la manne[Note 1])[12]. Selon l’avis de Maïmonide, de Rachi et du Choul’han ‘Aroukh (274, 1) (mais non du Gaon de Vilna), la coutume est de rompre seulement l’un des deux pains car le fait de les avoir tenus ensemble au moment de la bénédiction accomplit la mitsvah de « rompre le pain à partir de deux miches »[12],[13]. Ensuite, chaque morceau est trempé dans le sel avant d'être distribué aux convives qui le consomment immédiatement. C'est un cérémonial typique associé à la célébration du Kiddouch qui est la prière de sanctification sur le vin prononcée tous les Shabaths et jours de fêtes juives dont le Seder de Pessah (Pâque) où du pain azyme (matza) est rompu, salé et consommé en lieu du pain levé habituel[14]. Selon les prescriptions de la Halakha, après tout repas comprenant du pain (levé ou non), les juifs doivent prononcer la bénédiction sur la nourriture consommée : le Birkat haMazone, « actions de grâces après le repas ». ChristianismeTextes testamentairesAu chapitre 11 de la Première épître aux Corinthiens, Paul de Tarse définit la fraction du pain comme suit:
Cette scène est également rapportée dans l'Évangile selon Luc:
Dans les évangiles selon Matthieu et selon Marc, la scène est mentionnée brièvement (Évangile selon Matthieu 26, 26; Évangile selon Marc 14, 22). Aspects historiquesL'Évangile selon Luc et les Actes des Apôtres, écrits par le même auteur, sont les deux textes du Nouveau Testament qui contiennent les principales références à la fraction, soit comme substantif (Lc, 24, 35, Ac. 2, 42), soit comme verbe (Lc, 24, 30; Ac. 2, 46; 20, 7, 11; 27, 35). Dans tous ces passages, il s'agit d'un repas de type eucharistique. Plus précisément, le repas et l'eucharistie ne semblent pas y être deux choses différentes. Le repas précédé de la fraction du pain devait être suivi des bénédictions habituelles de la Birkat ha-mazon juive, auxquelles les chrétiens ajoutaient une coloration christologique, comme on le voit dans la Didachè : d'abord une « eucharistie » sur la coupe et sur le pain rompu, suivie du repas, lui-même suivi des trois bénédictions de la Birkat ha-mazon. Des allusions à la fraction du pain comme repas eucharistique se trouvent aussi dans d'autres passages du Nouveau Testament, comme I Co. 11, 24 et le récit de la multiplication des pains (Mt. 14, 19 et parallèles). ÉvolutionDans les temps anciens, un gros pain au levain est utilisé pour ce rite eucharistique mais au fil du temps (tournant des IXe et Xe siècles), le pain laisse place à de petites hosties, si bien que le rite devient plutôt symbolique[15]. Depuis le concile Vatican II, le prêtre brise uniquement une grande hostie en trois morceaux. Il combine le premier d'entre eux avec le vin consacré dans le calice, consomme le second et laisse le troisième pour le viatique ou la communion des malades. Une grande hostie brisée peut également être donnée lors de l'Eucharistie. Aujourd'hui, la fraction du pain a, d'une part, une signification fonctionnelle car elle permet de préparer un nombre approprié d'hosties à distribuer lors de l'Eucharistie, et d'autre part, elle symbolise une certaine communauté eucharistique qui mange à une table commune et est unie par des valeurs similaires et une foi commune[16]. Bibliographie
Articles connexesNotes et référencesNotesRéférences
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