Une formule structurale est une formule chimique qui apporte, au-delà de la simple composition d'un composé chimique, d'une espèce chimique ou d'un minéral, une information plus ou moins complète sur la façon dont les atomes sont reliés entre eux et disposés dans l'espace. Les groupes d'atomes formant un ensemble autonome y sont indiqués séparément, notamment en les mettant entre parenthèses, entre crochets ou entre accolades.
Règles générales
Construction des formules
Quand les atomes d'un composé chimique sont alignés (liés de proche en proche du premier au dernier), la formule structurale cite les symboles des atomes dans l'ordre de cet alignement. Les formules structurales HCNO, HNCO, HOCN et HONC représentent ainsi quatre composés différents, alors qu'ils partagent la même formule empirique (CHNO).
Pour des structures plus complexes, il faut séparer des groupes d'atomes en les entourant de parenthèses, de crochets ou d'accolades ((), [] ou {}). La notation a été codifiée par l'UICPA[1] :
Les unités qui se répètent dans des composés en chaîne sont mises entre crochets.
Les groupes latéraux d'une chaîne principale et les ligands attachés à un atome central sont mis entre parenthèses, sauf quand il s'agit d'un seul atome et qu'il n'y a pas de confusion possible sur la façon dont il est lié à la structure (H par exemple dans les hydrures en chaîne).
Un groupe d'atomes formant une entité chimique à part entière est indiqué entre parenthèses, crochets ou accolades. Quand il s'agit de la formule tout entière, les crochets sont impératifs sauf quand la règle no 5 s'applique.
Un groupe d'atomes répété est mis entre parenthèses ou entre crochets, avec en indice le nombre de groupes dans la formule, sauf dans le cas des composés en chaîne (règle no 1).
Quand on veut préciser les liaisons entre les unités répétées d'un polymère, on délimite l'unité par des parenthèses barrées (barres simples, doubles ou triples selon la liaison). Si les contraintes typographiques ne le permettent pas, on place les barres (−, = ou ) avant et après les parenthèses.
Quand des entités à délimiter sont imbriquées, on utilise des crochets pour délimiter l'ensemble, et à l'intérieur des crochets on utilise les parenthèses et les accolades alternativement : (), {()}, ({()}), {({()})}, etc.
Les atomes ou groupes d'atomes nécessitant un préfixe (par exemple un modificateur de structure comme µ) sont mis entre parenthèses, crochets et/ou accolades, selon l'ordre d'imbrication de la règle no 6.
Dans une formule (d'un composé chimique ou d'un groupe d'atomes), les symboles des éléments chimiques apparaissent de gauche à droite dans l’ordre inverse de celui indiqué sur la figure ci-contre (donc de Rn jusqu'à F). C'est approximativement l'ordre d'électronégativité croissante[1].
Pour classer les formules entre elles (par exemple dans un index, un catalogue ou un tableau de propriétés), on utilise l'ordre alphanumérique. C'est d'abord l'ordre alphabétique des symboles des éléments, puis (pour une même succession d'éléments) l'ordre croissant des indices numériques. Exemple : B – BH – BO – B2O3.
Une exception est généralement faite pour le groupe NH4, considéré comme un symbole unique et placé juste après Na. Exemple : N3− – NH2− – NH3 – NO2− – NO22− – NO3− – N2O22− – N3− – Na – NaCl – NH4Cl.
On utilise parfois l'ordre alphanumérique au sein de groupes d'atomes, dans des formules globalement structurées par l'électronégativité.
Dans la formule d'un groupe de coordination, on place en premier le symbole de l'atome central, que l'on fait suivre des formules ou des abréviations des ligands.
S'il y a plusieurs atomes centraux on les cite dans l'ordre d'électronégativité croissante.
Les ligands sont placés par ordre alphanumérique de leurs formules ou abréviations.
L'ensemble du groupe de coordination peut être écrit entre crochets. C'est notamment l'usage constant quand l'atome central est un métal de transition.
Exemples
PBrCl2
SbCl2F ou [SbCl2F]
[Mo6O18]2−
[CuSb2]5−
[UO2]2+
[SiW12O40]4−
[BH4]−
[ClO4]− ou ClO4−
[PtCl2{P(OEt)3}2]
[Al(OH)(OH2)5]2+
[PtBrCl(NH3)(NO2)]−
[PtCl2(NH3)(py)]
[Co(en)F2(NH3)2]+ mais [CoF2(NH2CH2CH2NH2)(NH3)2]+
[Co(NH3)5(N3)]2−
Cas particulier des oxoacides
La formule chimique d'un oxoacide peut être écrite comme celle d'un composé de coordination, mais ce choix diffère du choix traditionnel, où l'on place successivement :
le ou les atomes d'hydrogène dits remplaçables (par un métal pour former un sel), c'est-à-dire celui ou ceux qui assurent la fonction acide ;
l'atome central ;
le ou les atomes d'hydrogène non remplaçables (le cas échéant) ;
le ou les atomes d'oxygène.
Exemples
Formule traditionnelle
Composé de coordination
HNO3
[NO2(OH)]
H2PHO3
[PHO(OH)2]
H2PO4−
[PO2(OH)2]−
H5P3O10
[(HO)2P(O)OP(O)(OH)OP(O)(OH)2]
(HBO2)n
(B(OH)O)n
Cas particulier des composés en chaîne
Quand les atomes d'un composé forment une chaîne, c'est-à-dire qu'ils sont liés de proche en proche, on abandonne généralement l'ordre d'électronégativité pour l'ordre géométrique des éléments dans la chaîne.
Exemples
Anion nitridosulfidocarbonate : NCS− ou SCN− (et non pas CNS−)
Pour certaines discussions on peut préférer écrire la formule comme celle d'un composé de coordination. Le premier exemple précédent peut ainsi être écrit [C(N)S]−.
le cas échéant, le nombre de molécules du composé chimique correspondant au nombre ci-après d'adduits (omis s'il est égal à un) ;
la formule du composé ;
un point centré (·) ;
le nombre de molécules d'adduit associées à la ou aux molécules du composé (omis s'il est égal à un) ;
la formule de l'adduit.
Cette règle vaut aussi bien pour les formules structurales que pour les formules moléculaires. En pratique cependant l'adduit, considéré comme banal, est généralement représenté par sa formule moléculaire, même quand le composé l'est par sa formule structurale.
↑la forme correcte est HO−, mais OH− est consacré par l'usage.
↑On connaît par exemple dix variétés différentes de ZnS (h).
↑L'attribution des lettres grecques (α, β, γ, etc.) s'est faite, pour chaque composé, par ordre chronologique de la découverte des divers polymorphes, et ne suit donc aucune logique structurale. De plus, la mention d'une de ces lettres n'est compréhensible que si l'on connaît déjà bien le composé chimique en question.