La forêt sacrée de Kpassè est un ilôt forestier situé à Ouidah – haut lieu du vaudou –, dans le Sud du Bénin. Elle abrite plusieurs divinités autour desquelles s'organisent périodiquement de grandes cérémonies rituelles. C'est aussi un musée à ciel ouvert qui accueille de nombreux visiteurs.
Localisation
La forêt se trouve dans le département de l'Atlantique, à l'est de la commune de Ouidah, dans l'arrondissement de Tovè II et le quartier de Tovè qui l'englobe entièrement. À l'origine elle s'étendait sur 30 hectares, mais avec l'extension des cités, elle ne compte plus que 4 hectares et se retrouve donc en pleine ville[1].
Histoire
Également connue sous le nom de Kpassèzoun – la « forêt de Kpassè » –, elle doit sa sacralisation à un épisode mystérieux de la vie du roi Kpassè, deuxième roi de Savi et véritable fondateur du royaume houéda. Vers le milieu du XVIIe siècle, le roi aurait disparu, puis serait réapparu dans un pied d'iroko (Milicia excelsa) au cœur de la forêt. Siège d'un phénomène surnaturel, l'arbre est devenu sacré[2].
Statut
Au Bénin, un arrêté interministériel de 2012 fixe les principes et les conditions de protection et de gestion des forêts sacrées, en mettant en œuvre des mesures de conservation, de mise en valeur et d’utilisation durable des ressources forestières du domaine sacré[3].
La forêt sacrée se définit comme « un écosystème de petite superficie qui est maintenu même dans une zone où les forêts n’existent plus depuis très longtemps par les populations locales, pour diverses raisons ayant un caractère sacré et que les populations respectent beaucoup[4] ».
Le gouvernement béninois a sollicité l'appui technique et financier du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) pour élaborer le « Projet d'intégration des forêts sacrées (comme aires communautaires) dans le Système des aires protégées du Bénin (PIFSAP)[5] », lancé en juin 2011 pour une durée de quatre ans. Cependant ce projet ayant connu une phase de léthargie en 2014, un nouveau cycle a été envisagé pour 2014-2018[6].
Collections
La forêt sacrée de Kpassè est aujourd'hui aussi un musée d'art contemporain[7],[8].
Patrimoine culturel et historique
On y trouve des statues symbolisant des divinités vaudous comme :
Gu (l'Ogoun des Yorubas), dieu de la guerre et des forgerons ;
Ogoun Zobla représentant l'intelligence pure et la réussite
Sakpata, dieu de la variole et plus généralement de la maladie, de la guérison et de la Terre ;
Hêbiosso (ou Hêvièsso), dieu de l'orage et de la foudre. Il est accompagné d'un nain ou d'un homoncule chargé de forger ses éclairs ;
Lègba, qui est l'intermédiaire et le messager des dieux. Il est assimilé, dans le vaudou syncrétiste haïtien, à saint Pierre, qui détient les clefs du paradis et de l'enfer. Il préside le lavage des mains d'eau et de rhum.
Entrée du couvant de La Forêt Sacrée de Kpassè.
Entrée féminine du couvant de La Forêt Sacrée de Kpassè.
Case pour rituels de La Forêt Sacrée de Kpassè.
Adepte de Sakpata.
Hêvièsso.
Tolègba.
Devin.
L'homme à deux visages.
Ancien roi.
Personnage féminin.
Arc-en-ciel
Agbadigan à la Forêt Sacrée de Kpassè
Le dieu du tonnerre à la Forêt Sacrée de Kpassè
Chapelet d'un roi de Kpassè
Un roi à la Forêt Sacrée de Kpassè
Mode d'habillement d'un roi à Kpassè
Gozin-xo à la Forêt Sacrée de Kpassè
La jarre trouée en bas de l'iroko à la Forêt Sacrée de Kpassè
Des arbres fétiches vénérés et des plantes médicinales comme Newbouldia laevis
Des fromagers et des essences consacrées, au pouvoir médicinal
Un grand iroko (Milicia excelsa) qui perdure encore depuis des siècles, symbole de la réincarnation du roi Kpassé disparu mystérieusement selon la légende
↑Arrêté interministériel n° 021/MEHU/MDGLAT/DC/SGM/DGFRN/SA du 16 novembre 2012, portant cadre de gestion communautaire des forêts sacrées fixe les principes et les conditions de protection, de gestion des forêts sacrées.
↑ David Godonou Houinsa et Adam Sounon Kon'de, Évaluation finale du Projet d’Intégration des Forêts Sacrées au Système des Aires Protégées du Bénin (PIFSAP). Rapport final, décembre 2016, p. 26, [lire en ligne]
Dominique Juhé-Beaulaton et Bernard Roussel, « Les sites religieux vodun : des patrimoines en permanente évolution », dans Marie-Christine Cormier-Salem, Dominique Juhé-Beaulaton, Jean Boutrais et Bernard Roussel (dir.), Patrimonialiser la nature tropicale. Dynamiques locales, enjeux internationaux, Paris, IRD, (lire en ligne), p. 415-438.
Dominique Juhé-Beaulaton (dir.), Forêts sacrées et sanctuaires boisés. Des créations culturelles et biologiques (Burkina Faso, Togo, Bénin), Paris, Karthala, , 280 p. (lire en ligne).
Plan d'aménagement et de gestion simplifié de la forêt sacrée de Kpassè, Institut d'application des méthodes de développement (IAMD), Projet d’Intégration des Forêts Sacrées dans le système des Aires Protégées (PIFSAP), , 44 p. (lire en ligne [PDF])
Potentiel en diversité biologique de 19 forêts sacrées des départements de l’Atlantique, Littoral, Mono, Couffo, Zou, Collines, Alibori et du Borgou au Bénin, Cotonou, PIFSAP, , 163 p..
N. Sokpon, A. Ametepe et V. Akpo, « Forêts sacrées et conservation de la biodiversité au Bénin : 1. cas du pays Adja au Sud-Ouest du Bénin », Annales des sciences agronomiques du Bénin, Cotonou, Université Nationale du Bénin, .