Forêt domaniale de BonsecoursLa forêt domaniale de Bon-Secours (ou Bonsecours), plus souvent dénommée « forêt de Bonsecours » est située à Condé-sur-l'Escaut et fait partie des massifs boisés de la région Nord-Pas-de-Calais, au sein du Parc naturel régional de Scarpe-Escaut (France) et du Parc naturel des Plaines de l'Escaut (Belgique), l'ensemble formant un parc naturel transfrontalier. C'est l'un des rares massifs qui soit « franco-belge » (il est situé - côté belge - dans la province de Hainaut sur l'entité communale de Péruwelz (village de Bon-Secours) avec le massif forestier dit de « l'Hermitage » et des bois privés, sur environ 1 200 ha (dont 392 ha classés zone Natura 2000[1]). L'ensemble du massif (1 200 ha) est parfois nommé « Forêt de l'Hermitage ». Il couvre environ 607 hectares côté français.
Le massif a appartenu durant plusieurs siècles à la famille des ducs de Croÿ, avant d'être divisé entre la France et la Belgique par la frontière de 1815, et d'être un siècle plus tard domanialisé - côté français, en 1924 - à la suite de la Première Guerre mondiale. Cette forêt abrite encore le château de Bonsecours (un grand pavillon de chasse aussi dit « château de l'Hermitage » ou « château d'Emmanuel de Croÿ », ancienne propriété de la puissante famille de Croÿ). La forêt, ou plus précisément l'ancienne lisière du parc du château, abrite aussi plusieurs arbres remarquables. ÉtymologieLe nom « Bon-secours » peut évoquer un lieu secourable où l'on pouvait se cacher, un lieu où l'on pouvait trouver du secours, ou plus probablement un lieu de dévotion à un ou plusieurs saints ou saintes. On venait aussi tirer dans la région une eau censée guérir les maux des aveugles. Le nom du château (de l'Hermitage) peut laisser penser que des moines ermites ont pu autrefois vivre dans ce massif, mais il peut également s'agir d'une métaphore désignant le château comme lieu isolé pour la famille de Croÿ. Localisation et contexte géographique, biogéographique et géologiqueLe massif situé entre Mons, Tournai et Valenciennes, au nord de la commune française de Condé-sur-Escaut, fait partie d'un ensemble à la fois situé en France, en région Nord-Pas-de-Calais (département du Nord), et en Belgique (« bois de Bon-Secours » et « bois de la Haie Donsart » côté belge).
Géologie, pédologie : Le massif couvre (et protège de l'érosion) un relief sableux, relique de l'époque tertiaire, daté du landénien, alors que le versant sud est recouvert de limons de plateaux (également sensibles à l'érosion et au tassement des sols). Quelques affleurements marneux apparaissent ponctuellement au sud-est du boisement. Écologie du paysage: La forêt elle-même a été écologiquement fragmentée par un grand nombre de routes et chemins macadamisés et artificialisés au XXe siècle. À cause du développement des houillères, de la carbochimie et de l'industrie métallurgique les paysages périphériques ont été très fortement urbanisés, pollués et artificialisés au XIXe siècle.
HistoireLa région ayant connu une importante occupation préhistorique, on peut supposer que la forêt, relique de l'immense forêt charbonnière décrite par les chroniqueurs de l'Antiquité et Jules César lors de la Guerre des Gaules, a été exploitée par des hommes préhistoriques puis par les Gaulois. Au haut Moyen Âge, alors que les forêts continuent à régresser dans tout l'Ouest de l'Europe, surtout depuis la conquête des Gaules par César, la zone de l'actuelle forêt de Bon-Secours semble relativement épargnée par les grands défrichements.
La forêt a probablement maintes fois servi de refuge ou de lieux de combats, lors des passages de diverses armées ou troupes de pilleurs, notamment lors des batailles franco-flamandes du XIVe siècle et durant la guerre de Cent Ans. Au début du XVIIIe siècle, alors que la forêt - hors forêts royales - avait presque disparu d'Europe de l'Ouest sous la pression de l'agriculture et de l'essartage, le massif feuillu de Bon-Secours était divisé entre quatre seigneuries ; celles de Condé, de Bailleul et de Briffoei du côté français et du comté de Hainaut côté belge. C'est ensuite la famille de Croÿ qui devint propriétaire de l'ensemble et qui y fit construire l'actuel château de l'Hermitage, un grand pavillon de chasse et de repos, de style classique, autour duquel on aménagea un parc paysager avec une grande pièce d'eau. Par héritage, la famille noble allemande d'Arenberg devint propriétaire du château, de son parc et des bois périphériques. Au titre des dommages de guerre après l'armistice de , cette famille fut contrainte d'abandonner ces biens qui devinrent pour une grande partie propriété publique, gérée par l'ONF côté français et par la Région wallonne côté belge. Bien que frontalière, cette forêt a été épargnée par les grands aménagements militaires qui ont caractérisé l'Est de la France (ligne Maginot et autres forts militaires). Et durant la Seconde Guerre mondiale, à la différence d’autres zones utilisées pour y cacher des canons géants, des rampes de lancement de missiles V1 ou V2, ou des blockhaus géants (éperlecques, plateau d'Helfaut), ce massif a été relativement épargné, même si indirectement touché par les deux guerres mondiales. Il a moins souffert que d'autres massifs proches, tels que la Forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers ou celle de Mormal qui ont été dévastées ou surexploitées par les Allemands puis les Américains après les guerres mondiales du XXe siècle. La forêt de Bonsecours semble avoir toujours produit un bois réputé de qualité, et jusqu’à l’apparition de la tronçonneuse et des scieries elle a fourni du travail à des charbonniers et de nombreux bûcherons et scieurs de long qui habitaient les communes voisines. Mais elle a surtout dans le passé été une réserve de chasse pour les seigneurs et ducs qui s'y sont succédé comme propriétaires, et qui ont construit dans la forêt ou non loin d'elle plusieurs châteaux de familles (une dizaine de châteaux environnent encore la forêt). Environnement, écologieIntérêt : le ministère chargé de l'environnement a classé le site en ZNIEFF de type I (« modernisée » au 01/09/2007) pour ses intérêts patrimoniaux (faunistique, fongistique et floristique) mais aussi pour sa qualité écopaysagère et ses fonctions écologiques (habitat pour de nombreuses populations d'espèces animales et végétales, comme zone particulière de reproduction pour certaines espèces. Description : selon la fiche ZNIEFF décrivant le massif, les communautés végétales forestières et pré-forestières abritent des végétations exprimant les diverses potentialités du site ou marquées par des modes d’exploitation variés :
Recommandations : les scientifiques - via la fiche ZNIEFF - ont recommandé le maintien de parcelles de vieilles futaies feuillues afin de conserver la faune forestière ; de rares espèces de l’avifaune régionale se reproduisent ainsi dans la forêt de Bonsecours dont les divers habitats sont d’ailleurs complémentaires de ceux situés dans le massif belge attenant. Classements : la richesse du massif a justifié son classement en Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique de type 1[2],[3].
Le massif fait aussi partie du réseau Natura 2000 et est donc un élément du réseau écologique paneuropéen.
Du point de vue phytosociologique, les espèces déterminantes sont :
...parmi la faune remarquable, le promeneur pourra notamment observer des papillons diurnes devenus rares :
...des amphibiens tels que la grenouille rousse ou tels que :
Qualité de l'eau, de l'air et des sols : peu de données semblent disponibles. Évolutions : grâce à une gestion sylvicole privée plutôt de type "proche de la nature" (gestion en futaie jardinée, sans coupe rase, basée sur une régénération continue, bien que poussant sur des sols localement pauvres et acides. Le massif est cependant assez intensivement exploité et donc très appauvri en bois-mort, en dépit d'un chêne-relique, réputé le plus gros et vieux de la région qui est récemment mort, mais qui a été conservé debout. Le massif est néanmoins riche en champignons, ce qui explique la pauvreté des espèces saproxylophages et la relative pauvreté en champignons forestiers et localement en humus forestier. Pour ces raisons, et à cause du drainage et d'une fréquentation élevée dans le centre du massif, ce massif n’exprime probablement pas tout son potentiel écologique. Arbres remarquables :
État, pressions, menaces
Aspects sanitairesComme dans les autres forêts régionales, on a constaté une mortalité quasi totale des ormes dans les années 1970-1980.
Tourisme, aménitésDe nombreux visiteurs, randonneurs, cyclistes, écoliers, habitants locaux, quelques cavaliers, chasseurs et cueilleurs de champignons profitent du massif, dont la qualité paysagère est d'autant plus appréciée que l'espace régional est fortement urbanisé et pauvre en boisements.
Attention, la forêt est territoire de chasse : lors des actions de chasse à balle, tout ou partie du massif peut être fermé au public pour limiter les risques d'accidents par balle perdue. GestionElle est assurée par l'ONF, en mode dominant de futaie jardinée. AménagementsCe massif a depuis plusieurs siècles fait l’objet d’une exploitation plutôt plus extensive que la moyenne, mais en raison de la présence du château et d'une grande route conduisant à la commune voisine (D935), il est relativement fragmenté (fragmentation écologique). * Comme ailleurs en région et en France, la conduite en taillis ou taillis sous futaie qui dominait souvent les bois jusqu'au XIXe siècle, a été réorientée depuis quelques décennies vers la production de grands troncs de futaies. Mais l'ONF a maintenu une gestion plus jardinée qu'ailleurs en région où la futaie régulière domine souvent. La régénération naturelle y est favorisée et c'est l'un des deux massifs régionaux qui depuis l'an 2000 ont fait l'objet de démonstration de débardage par câble-mât (avec financements du Conseil Régional et du Conseil général), méthode qui respecte le mieux les sols fragiles de ce massif. L'autre expérience, la première en région, s'était déroulée en Forêt de Mormal. Gestion de la chasseLa chasse est en France une source de revenus importants pour l'ONF. Dans l'esprit du gestionnaire, elle vise aussi à maintenir ou retrouver les « équilibres sylvo-cynégétiques » qui ont été localement perturbés par un agrainage excessif, ou des plans de chasse qui ont favorisé de fortes augmentations (certains parlent de pullulation) de sangliers et de chevreuils, lesquels peuvent s'ils sont trop nombreux freiner ou empêcher la bonne régénération naturelle de la forêt et contribuer à véhiculer des maladies transportées par les tiques qu'ils véhiculent. Au moment de la chasse au grand gibier, les accès à la forêt peuvent être fermés. Plusieurs routes sont fermées aux véhicules toute l’année, ce qui offre une meilleure tranquillité aux animaux (hors période de chasse). ProtectionLe site présente un intérêt européen et est pour tout ou partie du massif concerné par :
Galerie d'imagesCinéma
Notes et références
Voir aussiArticles connexesBibliographie
Liens externes
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