Un fluide caloporteur (lit. porte-chaleur) est un fluide chargé de transporter la chaleur entre plusieurs sources de température. Le terme « caloporteur » est synonyme de « caloriporteur ».
Industriellement, le fluide caloporteur le plus utilisé est l'eau. Celui-ci peut être utilisé à des températures largement supérieures à 100 °C (sous pression). Il est très bon marché, ne se décompose pas, possède la plus grande capacité calorifique de tous les corps. On l'utilise également dans les installations de chauffage central domestique ou pour refroidir les moteurs des voitures. L'huile est également utilisée dans les radiateurs électriques car elle ne présente pas de danger au contact avec la résistance électrique.
Le sodium fondu (métal sous forme liquide) constitue un fluide caloporteur efficace pour des usages spécifiques. On l'utilise dans ce but principalement dans les soupapes creuses de moteurs poussés. Il est également utilisé dans les réacteurs rapides refroidis au sodium. Cependant, c’est un produit chimique fortement réactif et il y a un risque de feu de sodium, feu particulièrement difficile à éteindre.
Comparaison de fluides caloporteurs
Propriétés calo-vectrices des fluides caloporteurs
Il est possible de faire une comparaison au vu des caractéristiques thermodynamiques des fluides qui permet de classer les fluides envisageables pour la réfrigération d'un échangeur ou d'un réseau tel que celui d'un cœur de réacteur nucléaire.
Cette comparaison est faite à géométrie du réseau et températures entrée/sortie du réseau côté fluide et côté paroi données. La comparaison permet de dégager deux groupes de propriétés calo-vectrices, l'une pour la puissance extraite, l'autre pour la puissance de pompage du fluide utilisé.
Corrélation d'échange thermique applicable
Puissance thermique extraite : proportionnelle à
Puissance de pompage du fluide : proportionnelle à
On peut voir dans les expressions ci-dessus le poids prépondérant de la conductibilité thermique du fluide λ, ce qui rejoint entre autres, le constat fait par ailleurs de l’efficacité des métaux liquides comme fluide caloporteur. Par ailleurs Cp et λ ont le même exposant comme dans l’expression du nombre de Nusselt. Il est à remarquer que la masse volumique du fluide n'intervient pas dans le terme donnant la puissance.
Notations complémentaires
Grandeur physique
Notation
Unité
Grandeur physique
Notation
Unité
Longueur du réseau
L
m
Coefficient d’échange entre fluide et paroi du réseau
Température du fluide réfrigérant en sortie de réseau
Ts
°C
Température du fluide réfrigérant en entrée de réseau
Te
°C
Écart de température entrée sortie du fluide
ΔT
°C
Écart de température logarithmique
ΔTln
°C
Démonstration
La comparaison est conduite à géométrie du réseau et températures entrée/sortie du réseau côté fluide et côté paroi données. Le réseau combustible est un système «athermane» qui assure le maintien des températures de paroi (de gaine) (ce qui correspond d'ailleurs au 1er ordre au mode de fonctionnement d’un réacteur dont la puissance est gouvernée par la puissance extractible par le réfrigérant caloporteur). La puissance thermique extraite est variable en fonction du fluide utilisé. La température à cœur du réseau combustible est variable en fonction de la puissance. Cette démarche permet de simplifier grandement les équations physiques et de ramener l’essentiel des termes de la comparaison sur les caractéristiques du fluide de travail lui-même.
On écrit les équations liant les grandeurs thermodynamiques en éliminant les termes invariants dans la comparaison relatifs à la géométrie du réseau ou de l'échangeur et aux températures.
Puissance extraite - Échange thermique – Température de paroi
S et ΔTln sont invariants dans la comparaison d'où
No, x et y dépendent de la corrélation utilisée, avec en général : 0,2 ≤ x ≤ 0,3 et 0,3 ≤ y ≤ 0,4.
Exemples classiques :
corrélation de Dittus-Boelter : No = 0,0243 ; x = 0,2 ; y = 0,4 si réchauffement du fluide ; y = 0,3 si refroidissement ;
corrélation de Colburn : No = 0,023 ; x = 0,2 ; y = 1/3.
No et D sont invariants dans la comparaison
s est invariant dans la comparaison
ΔT est invariant dans la comparaison
d'où en remplaçant :
Finalement :
Corrélation de Colburn : x = 0,2 ; y = 1/3 :
Corrélation de Dittus-Boelter : x = 0,2 ; y =0,4 :
Perte de charge et puissance de pompage du fluide réfrigérant.
Le régime est turbulent, on ne tient compte que des pertes de charge par frottement[1].
Corrélation de Dittus-Boelter : x = 0,2 ; y =0,4 :
Les exposants sont élevés ; une variation relativement faible des caractéristiques du fluide se traduit par une variation importante de la puissance de pompage. Par exemple : un écart de 10 % de la valeur de Cp ou de λ se traduit par un doublement ou division par 2 de la puissance de pompage.
La masse volumique du fluide intervient au carré au dénominateur ; on retrouve ici l'intérêt de pressuriser les gaz caloporteurs de façon à réduire la puissance des soufflantes ou compresseurs.
Résultat de la comparaison des fluides caloporteurs
Tableaux de résultats comparatifs respectivement pour : les gaz ; l'eau et les fluides organiques ; et les métaux liquides. Les valeurs de la puissance extraite (W) et de la puissance de pompage (wp) et du rapport (W/wp) sont exprimées en variable réduite par rapport à celles de l'air, de l'eau et du sodium liquide.
Gaz
Les valeurs de l'air sec pris comme référence sont ramenées à 1.
La vapeur d'eau mise à part, les valeurs des caractéristiques des gaz sont prises à 25 °C sous une atmosphère.
Comparaison de gaz caloporteurs
Gaz
λ (W m−1 K−1)
Cp (kJ kg−1 K−1)
μ (kg m−1 s−1)
ρ (kg/m3)
W (sans dimension)
wp (sans dimension)
W/wp (sans dimension)
Hydrogène
0,139 91
14,299
8,85 × 10−6
0,082 40
3,149
2,711
1,162
Hélium
0,152
5,1966
1,962 × 10−5
0,1636
6,877
116,27
0,0592
Néon
0,0493
1,029 26
3,144 × 10−5
0,824 83
2,346
22,955
0,1022
Argon
0,017 72
0,518 82
2,247 × 10−5
1,6328
0,839
2,095
0,400 45
Oxygène
0,0266 59
0,9163
2,055 × 10−5
1,3079
1,059
1,270
0,8345
Azote
0,025 976
1,0407
1,77 × 10−5
1,145
1,032
1,046
0,987
Air sec
0,025 905
1,004 578
1,852 × 10−5
1,1839
1
1
1
CO2
0,016 4659
0,8681
1,505 × 10−5
1,7989
0,503
0,093
5,408
Xénon
0,005 66
0,158 16
2,295 × 10−5
5,3665
0,284
0,259
1,0936
Krypton
0,009 435
0,24686
2,46 × 10−5
3,425 16
0,470
0,76
0,6157
Vapeur d'eau à 120 °C/1 bar
0,0262
2,005
1,292 × 10−5
0,5577
0,479
0,082
5,88
Vapeur d'eau à 300 °C/10 bar
0,0442
2,145
2,022 × 10−5
3,876
0,823
0,007
118,7
Eau liquide à 25 °C/1 atm
0,611
4,199
89,85 × 10−5
997,0
0,156
4,369 8 × 10−10
3,555 × 108
Le classement des gaz, est le suivant :
pour la puissance extraite, l'hélium est en premier qui présente en revanche une puissance de soufflage plus importante, d'où la nécessité de l'utiliser sous pression ;
l'hydrogène vient en second (l'hélium et l'hydrogène sont systématiquement à part des autres gaz) ;