Evgueni Aronovitch Dolmatovski (Евге́ний Аро́нович Долмато́вский), né le 22 avril[1]/5 mai[2] 1915 à Moscou et mort le 10 septembre 1994 à Moscou, est un poète soviétique, auteur de nombreuses chansons connues, et correspondant de guerre.
Biographie
Evgueni Dolmatovski naît dans la famille d'un avocat juif, Aron Moïsseïvitch Dolmatovski (1880-1939, mort pendant les purges staliniennes), et de son épouse Adela Meyerovna, née Ingal (morte à Moscou en 1958), fille d'un commerçant de Novograd-Volynski (gouvernement de Volhynie), Meyer Noutovitch Ingal, qui s'est installé en 1885 à Rostov-sur-le-Don. Du côté des Dolmatovski, son arrière-grand-père, Leïb Iosselevitch Dolmatovski, est arrivé à Rostov-sur-le-Don en 1846 où son fils Moïsseï a ouvert un magasin de prêt-à-porter.
Evgueni Dolmatovski passe son enfance à Rostov-sur-le-Don, puis à Moscou à partir de 1924. Il poursuit ses études à l'institut pédagogique où il commence déjà à publier dans la presse des pionniers. En 1932-1934, il travaille à la construction du métro de Moscou. En 1937, il est diplômé de l'institut de littérature. Son premier recueil de vers lyriques est publié en 1934. Lors d'une réunion du comité d'organisation de l'Union des écrivains soviétiques du 15 juin 1934, il est critiqué pour son amitié avec Pavel Vassiliev[3].
Son père est accusé le 28 mars 1938 de participation à une organisation contrerévolutionnaire; il est fusillé le 20 février 1939[4].
De 1939 à 1945, Dolmatovski est correspondant de guerre au sein de l'Armée rouge et participe à l'annexion de la Biélorussie occidentale à l'URSS, des suites de l'invasion de la Pologne, à la guerre d'Hiver contre la Finlande. En août 1941, alors que l'opération Barbarossa a été déclenchée, il se trouve au siège d'Ouman où il est grièvement blessé. Il est fait prisonnier et parvient à s'enfuir, se cachant en territoire occupé par les Allemands. Le 4 novembre 1941, il arrive à traverser la ligne de front (il raconte cet événement dans son poème Disparu sans nouvelles et dans son livre de souvenirs, Le Passé. Notes d'un poète («Было: Записки поэта»). Après avoir été interrogé par le département spécial du NKVD, il retourne au combat en janvier 1942 avec le grade de commissaire de bataillon (major). Il est affecté à la division du colonel Alexandre Rodimtsev avec qui il était ami depuis 1939. Dolmatovski est blessé aux jambes à la bataille de Stalingrad. Il raconte les combats d'Ouman dans sa nouvelle Zelionaïa Brama[5],[6].
Il entre au PCUS en 1941. Il est correspondant de guerre jusqu'à l'acte de capitulation de l'Allemagne le 8/9 mai 1945. Il se trouve à Berlin à la chute de la capitale de l'ancien Reich. Une photographie célèbre d'Evgueni Khaldeï montre le jeune poète portant sous le bras un buste d'Hitler comme trophée, le 2 mai 1945, près du palais du Reichstag[7].
Dolmatovski a surtout connu la popularité du public comme parolier avec des chansons très connues à l'époque, comme La Valse du hasard («Случайный вальс»,) Chanson du Dniepr («Песня о Днепре»), Les Engagés volontaires («Добровольцы») de Mark Fradkine, Mon aimée («Моя любимая») de Matveï Blanter, Second Cœur («Второе сердце»), La Ville préférée («Любимый город»), Lizaveta («Лизавета») de Nikita Bogoslovski, etc. dont beaucoup ont été chantées dans des films à grande audience, comme Les Combattants («Истребители», 1939), Alexandre Parkhomenko, Rencontre sur l'Elbe. Il a correspondu avec nombre d'écrivains de son temps.
Evgueni Dolmatovski meurt le 10 septembre 1994 des suites d'un traumatisme subi dans un accident de la circulation plusieurs semaines auparavant.
Il est enterré à Moscou au nouveau cimetière Donskoï[9],[10].
Famille
Frère: Iouri Dolmatovski, constructeur d'automobiles et historien de l'automobile.
Oncle (mari de la sœur de sa mère, Anna Meyerovna Ingal): David Abramovitch Levine, juriste, journaliste, rédacteur et éditeur de La Gazette juridique, du journal Le Droit (1898-1917), de L'Aube, rédacteur aux journaux Liberté et Égalité et Notre vie; sa sœur Maria était l'épouse du gynécologue Nikolaï Samouilovitch Kannegiesser et après sa mort du traducteur Issaï Mandelstam.
Evgueni Dolmatovski a eu quatre compagnes et trois filles. Il était le cousin germain du sculpteur Vladimir Ingal.
1956: Школьные годы (Les Années d'école) – Musique: Dmitri Kabalevski
1957: Если бы парни всей земли (Si tous les gars du monde) – Musique: Vassili Soloviov-Sedoï
1958: Комсомольцы-добровольцы (Les Volontaires du Komsomol) – Musique: Mark Fradkine
1958: За фабричной заставой… (Derrière l'avant-poste de l'usine...) – Musique: Mark Fradkine
1958: Вот так и живём... (C'est ainsi que nous vivons...) – Musique: Mark Grigorievitch Fradkine
1962: И на Марсе будут яблони цвести (Et les pommiers fleuriront sur Mars) – Musique: Vano Mouradeli
Prose
Зелёная брама: Документальная легенда об одном из первых сражений Великой Отечественной войны (1979-1989) (Zelionaïa Brama: légende documentaire sur l'une des premières batailles de la Grande Guerre patriotique) (1979-1989), Moscou, éd. Politizdat, 1989, 3e éd. 319 pages.
Очевидец: Писатели на войне. (Témoin oculaire. Les écrivains dans la guerre), in Octobre, 1995, n° 5, pp. 3-78.
↑Nom d'une forêt le long de la rivière Sinioukha, près du village de Podvyssokoïé dans la région de Krivoï Rog où eurent lieu de violents combats en août 1941, à la suite desquels Dolmatovski a été fait prisonnier par les Allemands.