Le poème, suivant un midrash, met en contraste la glorieuse sortie d’Égypte vers la liberté lors de l’Exode et l’humiliante sortie de Jérusalem vers l’exil lors de la destruction des Temples. Alternant exaltation et désespoir, le poème connaît diverses mises en musique et versions, selon les rites ashkénaze, séfarade, italien et yéménite, témoignant de son ample réception dans la liturgie et la culture juives. Il a de plus inspiré de nombreuses kinot à travers le monde juif, dont une kina homonyme composée par le rabbin Shmuel Wosner pour pleurer la Shoah.
Présentation du poème
Historique
L’identité du poète est incertaine car il n’inclut pas son nom dans l’élégie et nombre de rituels s’en tiennent à cette anonymité mais plusieurs contraintes stylistiques démontrent son origine à l’âge d’or de la culture juive en Espagne. Pour Israël Levin, il faut attribuer ce poème à Abraham ibn Ezra, bien qu’il l’ait rangé dans la catégorie « douteux[1], » car il présente maintes ressemblances cruciales avec la kina A’haï shim’ou na li qui est incluse dans le diwan d’Ibn Ezra[2]. Cependant, l’analyse d’une liste d’œuvres de Juda Halevi conservée dans les archives d’Abraham Firkovich, a suffi à Ezra Fleischer pour l’inclure, comme Dov Yarden, dans le répertoire de cet auteur, plus réputé par ailleurs pour son diwan en général et ses élégies en particulier[3].
« Autre leçon : “Qui donnera [que] ma tête [devienne] eau et mes yeux source de larmes [afin que je puisse pleurer jour et nuit ceux qu’a vus succomber la fille de mon peuple] !” (Jrm 8:23) […] Le Saint, béni est-Il, a dit : Puissé-je n’être pas descendu sur le mont Sinaï et leur avoir donné la Torah pour qu’ils ne la transgressent pas et ne soient pas punis par elle […] Viens et vois : Moïse les louait par “qui donnera”, ainsi qu’il est dit “Qui donnera que leurs cœurs demeurent [à me craindre et à garder tous mes commandements, afin qu’ils soient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais] !” (Dt 5:25), Jérémie a dit “Qui donnera que ma tête devienne eau”, et Daniel [a conclu] “C’est lui qui modifie les temps et les époques” (Dan 2:21) :
Lorsqu’Israël est sorti d’Égypte, Moïse a dit “H’ sauva, en ce jour, Israël de la main de l’Égypte” (Ex 14:30), et lorsqu’Israël est sorti de Jérusalem, Jérémie a dit “H’ m’a livrée entre des mains contre lesquelles je ne puis me défendre” (Lam 1:14) […] Lorsqu’Israël est sorti d’Égypte, Moïse a dit “Et la nuée divine était au-dessus d’eux, le jour (Nb 10:34), et lorsqu’Israël est sorti de Jérusalem, Jérémie a dit “Tu t’es entouré de nuées, pour empêcher les prières de passer” (Lam 3:44)
Lorsqu’ils sont sortis d’Égypte, c’est en chantant qu’ils sont sortis, ainsi qu’il est dit “Alors Moïse et les enfants d'Israël chantèrent ce chant” (Ex 15:1), et lorsqu’ils sont sortis de Jérusalem, c’est en pleurant qu’ils sont sortis, ainsi qu’il est dit “Elle en pleure, des pleurs dans la nuit, les larmes inondent ses joues” (Lam 1:2). »
Le midrash met en parallèle l’exode hors d’Égypte et la chute de Jérusalem mais plutôt que de traiter de ces deux réalités comme antinomiques puisque situées aux deux pôles de la période biblique, tant d’un point de vue historique que politique (l’une marque la naissance du peuple d’Israël tandis que l’autre signe la disparition, fût-elle momentanée, de la nation juive), il choisit, au vu de mots-clés partagés, de présenter ces moments-clés de l’histoire d’Israël comme deux « sorties » procédant toutes deux de la volonté divine[4]. Cette comparaison entre Moïse et Jérémie pourrait trouver sa source dans la Bible, où la mort de Ghedalia parachève la sortie de Jérusalem par un retour en Égypte (2R 25:25-26) ; elle aurait ensuite été combinée dans les Talmuds et le Midrash au thème de la haine gratuite(he) qui, s’emparant des frères de Joseph, aurait causé la première descente en Égypte puis, consommant Ishmaël ben Netanya, la seconde, avant de consumer le second temple de Jérusalem en raison de la zizanie qu’elle aurait semé parmi ses habitants (selon le Talmud de Babylone, la Grande révolte des Juifs contre Rome commença par une dispute évitable au sujet de dénommés Qamtsa et Bar Qamtsa)[5]. Ces deux thèmes se retrouvent dans la qedoushta de Yannaï intitulée Azkira yamim beyamim (« J’évoquerai des jours par des jours ») qui a inspiré à Eléazar Hakalir la kina Ouvkhen Moshe amar, conservée dans le rite romaniote ; or, contrairement à Yannaï dont l’œuvre s’est cantonnée à la Palestine byzantine, les pièces d’Eléazar Hakalir sont parvenues en Europe, et auraient pu influencer le poème[6].
Le poète mène donc son lecteur au désespoir sur vingt-deux stances, ordonnées selon l’alphabet hébreu. Chaque stance est composée de deux vers à rime double: dans la première partie du distique, le cœur se gonfle à l’évocation des miracles qui ont marqué la sortie d’Égypte, depuis l’exode jusqu’à la fin de la traversée du désert ; dans la seconde en revanche, c’est la poitrine qui se gonfle lorsqu’au premier hémistiche qui reprend étroitement les images de la première, succède le second qui souligne avec acuité tout le contraste entre l’éloignement divin à la limite de l’abandon, et la proximité divine qu’elle évoquait un vers à peine plus haut. L’utilisation d’un vaste répertoire biblique, remanié sous sa plume et occasionnellement agrémenté de traditions orales autour de ces versets, permet au poète de se répéter dans une même stance sans pour autant tomber dans la redondance entre elles — le premier des couplets de l’acrostiche compare les situations sous l’angle des eaux, comme le midrash, un autre sous celui de la nourriture et la boissons, un troisième contraste entre célébrations de l’évènement joyeux et commémorations des souvenirs douloureux, et ainsi de suite selon le nombre auquel le contraint les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. Il élargit le champ du midrash lorsqu’il évoque, après les auteurs babyloniens de la dévastation du Premier Temple, les Romains responsables de la destruction du Second. Dans la dernière stance, à l’exception du rite de Provence, le poète inverse son propos : la rédemption d’Égypte, toute glorieuse fût-elle, n’était qu’un préliminaire au salut véritable, « mon retour à Jérusalem »[5].
Alors Moïse chanta, un chant qu’on n’oubliera pas, lorsque je sortis d’Égypte. Et Jérémie se lamenta, et sanglot se fit sanglota, quand je sortis de Jérusalem.
Ma Maison fut fondée, et s’y posa la nuée, lorsque je sortis d’Égypte. Et la colère divine se posa, comme une nuée sur moi, quand je sortis de Jérusalem.
Nourriture du ciel, et du roc l’eau [qui] ruisselle, lorsque je sortis d’Égypte. Armoises, autres glaires, ainsi que les eaux amères, quand je sortis de Jérusalem.
L’aspect de la gloire de Dieu, brûle devant moi comme un feu, lorsque je sortis d’Égypte. Une épée acérée, apprêtée à la curée, quand je sortis de Jérusalem.
Sabbats, célébrations, miracles et signes [à foison], lorsque je sortis d’Égypte. Deuils et attrition, et des poursuites sans raison, quand je sortis de Jérusalem.
Belles, les tanières, pour les quatre bannières, lorsque je sortis d’Égypte. Tentes d’Ismaéliens, et campements de païens, quand je sortis de Jérusalem.
Propitiatoire, armoire, et les pierres de mémoire, lorsque je sortis d’Égypte. Pierres de fronde [qu’on me lance] et outils de malfaisance, quand je sortis de Jérusalem.
Lévites, aaronites, [et] 70 archimandrites, lorsque je sortis d’Égypte. Oppresseurs, persécuteurs, [ainsi que] vendeurs et acheteurs, quand je sortis de Jérusalem.
À la guerre, nous sommes montés, avec Dieu à nos côtés, lorsque je sortis d’Égypte. De nous, il s’est reclus, et voici [qu’]il n’est plus, quand je sortis de Jérusalem.
Barrières de la drapée, ordonnances de la rangée, lorsque je sortis d’Égypte. Une colère enflamée m’enserre [sans se consumer], quand je sortis de Jérusalem.
Holocaustes, sacrifices, et les bûchers, propices, lorsque je sortis d’Égypte. [Et] les épées poinçonnent les chers fils de Sion, quand je sortis de Jérusalem.
Les turbans de dignité dans toute leur splendeur portés, lorsque je sortis d’Égypte. Clameurs et railleries, quolibets et moqueries, quand je sortis de Jérusalem.
D’or le diadème, la souveraineté et l’emblème, lorsque je sortis d’Égypte. Il n’y a plus personne, on a jeté la couronne, quand je sortis de Jérusalem.
Joie et rédemption, et trompettes d’expédition, lorsque je sortis d’Égypte. Cris du nourrisson, cadavre mort d’inanition, quand je sortis de Jérusalem.
Table et chandelier, encens, offrande à brûler, lorsque je sortis d’Égypte. Faux dieu abominable, statue, stèle [haïssables], quand je sortis de Jérusalem.
↑D’après Lamentations 3:15 ; le manuscrit Oxford 7736 porte מְרוֹרִים merorim, « herbes amères, » qui suit plus fidèlement le verset, évoque l’offrande pascale (cf. Ex 12:8), et par conséquent la sortie d’Égypte.
↑Double allusion à Lévitique 6:6 : « Un feu perpétuel brûlera sur l’autel (eš tamid tûqad ʿal hamizbeaḥ), » et à Psaume 39:4 : « Mon cœur était brûlant en moi en méditant, je sentais comme un feu ardent (ḥam libi beqirbi behaǵiǵi tiḇʿar eš) » ; le « cœur » n’apparaît cependant pas dans le premier membre du vers mais dans le second, qui fait allusion à Jérémie 7:31 : « [Ils ont bâti les hauts-lieux du Tofèt … pour brûler leurs fils et leurs filles par le feu, chose …] qui (litt.) ne m’est pas montée au cœur (welo ʿalta ʿal libi) ».
↑D’après Ezéchiel 2:10, « et le rouleau […] contenait des lamentations (ḳinim), des plaintes et des gémissements. »
↑Citation du premier membre d’Exode 15:1, suivi de son commentaire rabbinique (Mekhilta deRabbi Ishmaël, massekhta deshirata, cité in TB Sanhédrin 91b): le verbe yashir est conjugué au futur bien que traduit au passé, ce qui signifie qu’il sera chanté plus d’une fois et qu’on ne l’oubliera donc pas — Posner 2011, p. 520
↑Citation de Michée 2:4, nehi est l’onomatopée du sanglot, naha sa forme verbale et nihyâ un paronyme, forme passive du verbe lihyot (« être ») ; le poète a tronqué 2Chr 35:25, et Yirmeyahou a été remplacé par Yirmiya, afin de rimer avec nihya (c’est, selon Shinan et Zakovitch 2017, p. 13, entre autres sur la base de ce verset que le recueil de complaintes sur Jérusalem a été attribué à Jérémie et appelé Sefer Kinot, devenant par le biais du grec et du latin le Livre des Lamentations).
↑Allusion à Nombres 9:18 : « C’est sur l’ordre de Dieu que partaient les enfants d’Israël, et sur l’ordre de Dieu qu'ils s’arrêtaient: tant que la nuée restait fixée (wayiškôn hēʿânân) sur le tabernacle, ils demeuraient campés. »
↑Allusion à Lamentations 3:44, « Tu t’es entouré de nuées, pour empêcher les prières de passer, » dans les termes de Job 3:5, « qu’une épaisse nuée pèse sur lui » (tiškan ʿalaw ʿânânâ)
↑Allusion à Exode 14:29 : « et les eaux étaient pour eux muraille (vehammayim lahem ḥoma). »
↑Allusions à Lamentations 3:54 — « Les eaux ont monté par-dessus ma tête (ṣap̄û mayim ʿal roši) » —, à son commentaire rabbinique en Lamentations Rabba 3 — [les eaux,] ce sont les nations, ainsi qu’il est dit “Oh, la multitude d’innombrables peuplades! Elles mugissent comme mugit la mer et la rumeur des nations est comme le grondement des eaux violentes!” (Isaïe 17:12) —, et à Psaumes 124:5 — « Oui, notre âme aurait vu passer sur elle les eaux impétueuses (hamayim hazēdonym). »
↑D’après Psaumes 78:24 (« et il leur octroya du blé céleste »ûdǝgan-šamayim natan lamô) et 78:20 (« certes, il a frappé un rocher, et les eaux ont jailli »hen hika ṣûr wayazûḇû mayim), respectivement
↑Évocation de l’épreuve imposée à la femme accusée d’adultère (Nombres 5:18-24) ; celui-ci symbolise, dans la tradition rabbinique, l’idolâtrie qui causa la destruction du premier temple de Jérusalem (Posner 2011). Le poète fait par ailleurs allusion à la mishna Avot 1:11, où Avtalion met les sages en garde contre des propos qui pourraient leur valoir l’exil en « un lieu d’eaux mauvaises »
↑D’après 1 Sam 17:16 pour le texte, et Ex 19:16 pour l’image (« Au matin du troisième jour » etc.).
↑Citation verbatim d’Exode 24:17 jusqu’à ce point.
↑D’après Psaumes 7:13, « si l’on ne s’amende pas, [Dieu] aiguise son glaive » (ḥarbo yiltoš), et Isaïe 21:15, « C'est devant les glaives qu'ils ont fui, devant les glaives tranchants (mipnei ḥērēḇ nēṭûšâ) » ; la suite de ce verset, « devant les arcs tendus » (oumipnei ḳēšēt dǝrûḵa), évoque Lam 2:4, « [Dieu] a bandé son arc comme un ennemi » (daraḵ ḳašto kǝʾoyeḇ).
↑D’après Psaumes 40:7 (« Tu n’as souhaité ni sacrifice ni oblation » et Nombres 4:16 (« Les fonctions d’Eléazar, fils d'Aaron le cohen, comprendront l’huile du luminaire […] et l’huile d’onction »)
↑D’après Jérémie 12:3, « Entraîne les [impies] comme des brebis destinées à la boucherie (hatiḳem kǝṣon lǝṭiḇḥâ), réserve-les pour le jour de l'égorgement »
↑D’après Psaumes 135:9, « Il a envoyé signes et prodiges (šalaḥ ôtot ûmop̄tim) en ton sein, ô Egypte »
↑D’après Jérémie 2:5, « ils ont poursuivi des choses vaines (wayelḵû ʾaḥarê hahēḇēl) » mais le poète entend ici que les exilés sont persécutés sans raison (Goldschmidt 1972, p. 113n8)
↑D’après Nombres 24:5, « Qu’elles sont belles tes tentes (mâ ṭoḇû ʾohâlēḵâ), Jacob, » et les quatre bannières sont celles de Nombres 2
↑D’après Psaumes 83:7, « les tentes d’Edom et les Ismaélites (ʾohâlē ʾedôm wǝyišmǝēlim) »
↑D’après Zacharie 1:11, « voilà que toute la terre est tranquille et paisible (vehine ḵol-haʾârēṣ yošēḇēt wešoḳâtēt) »
↑Contre-pied à Lévitique 25:23 (« La terre ne sera pas vendue irrévocablement »wehâʾârēṣ loʾ timâḵer liṣmitut) et possible allusion à Deutéronome 24:1 ; le poète s’appuie sur des traditions bibliques (Lv 36:24, Jrm 34:8-22) et rabbiniques (notamment Avot 5:9) pour expliquer l’exil et l’esclavage comme une rétribution mesure pour mesure de l’inobservance de l’année de jachère tous les sept ans et de l’affranchissement des esclaves lors du jubilé.
↑D’après Exode 25:17 (« Tu feras un propitiatoire »weʿâśitâ kaporēt), 25:10 (« On fera une arche, » litt. armoire, weʿâśû ʾaron) et 28:12 (« Tu adapteras ces deux pierres … comme pierres commémoratives »weśamtâ ēt-štē hâʾaḇânim ʾaḇnē zikâron)
↑D’après 2Chr 26:14 (« Ouzzia leur fit préparer … les pierres de fronde ûleʾaḇnē qǝlâʿim ») et Psaumes 52:6 (« Tu as aimé tous les discours de malfaisance ʾâhaḇtâ ḵōl-diḇrē-ḇâlaʿ »)
↑Cf. Nombres 11:25, où Dieu distribue de l’esprit saint dont il a fait don à Moïse aux « 70 anciens (ʿal šiḇʿim ʾis hazḳenim). »
↑Multiples allusions à Dt 15:2, « Il n’exercera pas de contrainte (lô-ygos) contre son prochain et son frère » à Lv 25:14, « Si vous vendez (weḵi-timkerû) une vente à ton (sic) prochain ou achetez (ʾô ḳanoh), ne vous lésez (ʾal-tônû) pas entre frères, » et à Is 49:26, « Et je ferai dévorer à tes persécuteurs (mônayiḵ) leur chair »
↑D’après Exode 3:1, « Or, Moïse faisait paître les brebis (ûmošē hâyâ roʿē ēt-ṣon) [de Jéthro son beau-père], » et son interprétation rabbinique, « Tu as la miséricorde de conduire le troupeau [d’un homme] de chair et de sans ? Par ta vie, tu conduiras Mon troupeau, Israël » (Exode Rabba 2:2)
↑Inversion de Nombres 14:42 (« N’y montez pas car Dieu n’est pas parmi vous ») en reprenant les termes d’Ézéchiel 48:35 (« et désormais le nom de la ville sera A'donaï Shama », i.e. « Dieu est là »).
↑Double allusion à Lamentations 1:16, « car le consolateur s’est éloigné de moi » (ki raḥaḳ mimmēni mǝnaḥem), et Psaumes 37:35-36, « J’ai vu le méchant triomphant et majestueux comme un arbre verdoyant ; il n’a fait que passer, et voici, il n’est plus (wǝhinne ʾēnennû)) » mais le poète joue en outre sur l’homophonie ʾēnennû/ʾēnenû (« il n’est plus/nous ne sommes plus »).
↑ a et bLe rideau (paroḵēt) avait pour fonction de séparer le Saint, où officiait le prêtre de Dieu, du Saints des Saints où se trouvait l’arche d’alliance (Exode 26:31-33). Dans le saint se trouvaient le candélabre à sept branches, l’autel de l’encens et la table du pain de présentation, que le poète évoque d’après Lévitique 24:6, « Tu disposeras [les pains de présentation] en deux rangées, six par rangée (šeš hammaʿaraḵēt), sur la table d'or pur, devant Dieu » ; voir aussi (he) Shaoul Regev, « Hasimbolyka shel ma’asse hamishkan bepeiroushou shel Raab’a lamiqra » [« La symbolique de l’arrangement du tabernacle dans le commentaire biblique du rabbin Abraham ibn Ezra »], Sinaï, (lire en ligne, consulté le )
↑D’après Jérémie 7:20, « Voici, ma colère enflammée va fondre (ʾapi waḥamâti nitēḵēt) sur ce lieu, » c’est-à-dire le « lieu où je [fais] invoquer mon nom » (Exode 20:20), soit Jérusalem, son temple et le Saint des Saints, où le grand-prêtre entre une fois par an pour obtenir la propitiation des fautes d’Israël
↑D’après Jérémie 7:21, « Joignez vos holocaustes à vos autres sacrifices (ʿolōteḵēm sǝp̄û ʿal ziḇḥēḵēm) » mais ils sont, ici, agréés par la divinité.
↑D’après Lamentations 4:9, « Plus heureuses les victimes du glaive que les victimes de la faim, qui s’évidèrent transpercés » (ḥalelē-ḥērēḇ … mǝdŭḳârim ; ce verset semble faire contrepied à Jérémie 51:4, « Que [les Babyloniens] tombent […], transpercés par l’épée ! ») et 4:2, « Les chers fils de Sion (bnē ṣiôn hayeḳârîm) qui valaient leur pesant d'or fin, hélas! Les voilà estimés à l'égal de vases de terre, œuvre des mains du potier! »
↑Allusions à Exode 39:28, « les turbans pour coiffure (wǝēt-paʾarē hammigbaʿot) en lin », et 28:40, « Pour les fils d’Aaron également, tu feras des tuniques, et pour eux aussi, des écharpes ; puis tu leur feras des turbans, signes d’honneur et de dignité. »
↑D’après Jérémie 18:16, « ils font de leur pays une désolation, un objet d’éternelles railleries (šriqot ʿolam) »
↑Allusion à Lévitique 8:9, « il fixa sur la tiare, du côté de la face, le diadème d’or (ṣiṣ hazâhäḇ) » mais le poète a adopté la forme ṣiṣa (cf. Isaïe 28:4) par souci de métrique
↑Allusion à Exode 16:10, « et voici que la majesté de Dieu apparut dans la nuée »
↑D’après Sophonie 3:1, « elle est salie et souillée (morʾâ wǝnigʾâlâ), la ville, » et Zacharie 13:2, « de même les prophètes et l'esprit d'impureté, je les ferai disparaître du pays »
↑D’après Psaumes 118:15, « Le son des chants de joie et de salut (ḳol rinnâ wiyšûʿâ) [retentit] dans les tentes des justes, » et Nombres 31:6, « avec eux, pour diriger l’expédition, Pinḥas fils d’Eléazar le prêtre, muni de l’appareil sacré et des trompettes retentissantes (waḥaṣoṣrot hatǝrûâ) »
↑Allusions à Lamentations 4:4, « La langue du nourrisson, altéré de soif, s’attache à son palais ; les petits enfants (ʿôlâlîm) demandent du pain, personne ne leur en offre, » et 4:9, « Plus heureuses les victimes du glaive que les victimes de la faim ([me]ḥalǝlē râʿâḇ), qui s'étiolèrent, débilitées par le manque de tout produit des champs ! »
↑D’après Deutéronome 33:10, « [les prêtres lévites] présenteront l’encens (ḳǝṭorâ) devant ta face, et l’holocauste (wǝḵâlîl) sur ton autel. »
↑D’après Lévitique 26:1, « Ne vous faites pas de faux dieux (ʾelîlim), n’érigez pas chez vous de statue ni de stèle (ûp̄ēśēl ûmaṣeḇâ) »
↑D’après Isaïe 8:20, « Tirez-en un enseignement, une leçon (lǝtôrâ wǝlitʿûdâ) »
(en) R’ Simon Posner (dir.), « Commentary on Kina 31 », dans The Koren Mesorat HaRav Kinot • Nusach Ashkenaz, Jérusalem, Koren Publishers/OU Press, , p. 514-523
(he) Binyamin Bar-Tikva, « Pe'er ha'ouma kenegged efer ’hourbana beqinot harefren hamit’halef: haqina 'Esh touqad beqirbi' vehaqinot shenikhtevou be’iqvoteha », dans Shmuel Glick, Evelyn Cohen & Angelo Fiateli, Ma’hva leMena’hem: Assoufat meh’qarim likhvod Menahem Hayim Shmeltzer [« La gloire de la nation face aux cendres de sa destruction dans les kinot à refrain alternant : la kina Esh toukad bekirbi et les kinot écrites sous son influence, in Hommage à Menahem : Mélanges en l’honneur de Menahem Haïm Shmeltzer »], Jérusalem, Makhon Shocken lem’hqar Yahadoy & Jewish Theological Seminary, (ISBN978-965-456-071-9, lire en ligne), p. 55-96
(he) Ernst Daniel Goldschmidt, Seder hakinnot lètisha bèav, Jérusalem, Mossad Harav Kook, , p. 112-114
(he) Micah Goodman, « Yetsiat Mitsrayim viytsiat Yeroushalayim » [« Sortie d’Égypte et sortie de Jérusalem »], Analyse textuelle d’Esh Toukad bekirbi, sur Hazmana la-Piyyout