Spécialiste de la troisième page des journaux, consacrée en Italie à la critique où à la réflexion, il a écrit entre autres pour Oggi, Il Mondo, Corriere della Sera. Il a longtemps collaboré avec Federico Fellini, avec lequel il a travaillé aux scénarios d'autres réalisateurs ainsi qu'aux scénarios de Fellini lui-même, parmi lesquels La strada, La dolce vita et 8½. Il a remporté le prix Strega en 1947, année de la création du prix, pour son roman Un temps pour tuer(it) (Tempo di uccidere), porté à l'écran en 1990 sous le titre Le Raccourci (Tempo di uccidere).
Biographie
Ennio Flaiano est le dernier de sept enfants. Il passe son enfance à voyager et déménager continuellement entre Pescara, Camerino, Senigallia, Fermo et Chieti. En 1922, il arrive à Rome (en voyageant par train le , il est par pur hasard en compagnie des fascistes qui font la marche sur Rome). Il fait ses études secondaires dans la capitale au pensionnat national, en lycée artistique. Il s'inscrit en faculté d'architecture, mais ne termine pas ses études universitaires.
Au début des années 1930, alors qu'il partage une chambre avec le peintre Orfeo Tamburi, et qu'il collabore comme metteur en scène avec Anton Giulio Bragaglia, il fait la connaissance du journaliste Mario Pannunzio(it), avec lequel il restera extrêmement lié (et qui, encore un hasard, est né le même jour que lui). Il fait également la connaissance de Telesio Interlandi, Leo Longanesi et d'autres signatures du journalisme italien, et commence à collaborer aux revues L'Italia Letteraria(it), Omnibus et Quadrivio. Entre 1933 et 1936, après un séjour à Pavie où il fréquente l'école d'officiers, il participe à la guerre d'Éthiopie.
En 1940, il épouse Rosetta Rota (1911-2003), professeur de mathématiques née à Vigevano et tante de Gian-Carlo Rota. En 1942, sa fille Luisa naît, mais on lui découvrira à l'âge de huit mois une forme d'attardement mental, ce qui touchera profondément Ennio Flaiano[2].
À partir des années 1940, il intervient en tant que critique théâtral, littéraire et cinématographique, et plus généralement comme journaliste, parfois sous des pseudonymes comme Patrizio Rossi, Ezio Bassetto et Ennio Di Michele ou Pickwick, dans de très nombreux journaux nationaux ou spécialisés italiens[3]. En 1946, il fonde Cinelandia qui paraît pendant cinq mois. Il est rédacteur en chef de Il MondoIl Mondo de 1949 à 1951.
En 1947, il remporte le premier prix Strega avec Un temps pour tuer(it) (Tempo di uccidere), son unique roman. Il écrit cette œuvre sur l'expérience de l'étranger alimentée par son passage en Éthiopie en à peine trois mois, à la demande expresse de Leo Longanesi.
Il entreprend des voyages dans les années 1960[4]. Il se rend en Espagne, où il travaille avec le réalisateur Luis Berlanga, à Paris où il écrit pour Louis Malle un film qui ne sera pas réalisé, à Amsterdam pour La Fille dans la vitrine, à Zurich pour rencontrer la veuve de Thomas Mann sur qui Tonio Kröger écrit un film, de nouveau à Paris pour René Clément pour un autre film qui ne sera pas tourné, à Prague où il rencontre Miloš Forman, etc.
Au début de , il est frappé par un premier infarctus. Il écrit dans ses notes « tout devra changer ». Il va vivre seul dans une résidence, en emportant peu de livres. Il commence à mettre de l'ordre dans ses papiers. Une grande partie de ce corpus ne sera publiée qu'après sa mort. Le , il publie son dernier article dans la Corriere della sera. Le , il meurt d'un second infarctus. Sa fille mourra en 1992 et sa femme en 2003.
Théâtre
, première de La guerra spiegata ai poveri au Teatro Arlecchino de Rome
, première de La donna nell'armadio au Teatro Gobetti de Turin, mise en scène de Luciano Lucignani
, première de Il caso Papaleo au festival dei due mondi de Spolète, mise en scène de Sandro Sequi
: Il caso Papaleo, comédie radiophonique réalisée par Luciano Mondolfo
1966 : Carta bianca, réalisé par Romolo Siena
1966-1969 : Meridiano di Roma, émission radio
1970 : quatre premiers épisodes de Come ridevano gli italiani
1973 : Oceano Canada, documentaire réalisé par Andrea Andermann
Écrits
Tempo di uccidere, Milan, Longanesi, - traduction française Un temps pour tuer (trad. de l'italien), Paris, Gallimard, coll. « Le Promeneur », , 304 p. (ISBN978-2-07-012731-3)
Diario notturno e altri scritti, Milan, Bompiani, comprend : Diario notturno, Supplemento ai viaggi di Marco Polo, Sei raccontini utili, La saggezza di Pickwick, Un marziano a Roma, Fine di un caso, Variazioni su un commendatore
Il gioco e il massacro, Milan, Rizzoli, , sélectionné au Prix Campiello - traduction française Le jeu et le massacre (trad. de l'italien), Paris, Buchet/Chastel, , 264 p. (ISBN978-2-283-02990-9)
Un marziano a Roma e altre farse, Turin, Einaudi,
Présentation de L'opera completa di Paolo Uccello, Milan, Rizzoli,
Le ombre bianche, Milan, Rizzoli,
La solitudine del satiro, Milan, Rizzoli,
Autobiografia del blu di Prussia, Milan, Rizzoli,
Melampus, Milan, Rizzol, coll. « Biblioteca universale », réédité sous le titre Melampo, Turin, Einaudi,
Diario degli errori, Milan, Rizzoli,
Lettere d'amore al cinema, Milan, Rizzoli,
Un bel giorno di libertà, Milan, Rizzoli,
Un giorno a Bombay e altre note di viaggio, Milan, Rizzoli,
Il messia, Milan, All'insegna del pesce d'oro,
Lo spettatore addormentato, Milan, Rizzoli,
Storie inedite per film mai fatti, Milan, Frassinelli, (ISBN88-7684-008-7)
Frasario essenziale. Per passare inosservati in società, Milan, Bompiani, - traduction française Palmina Di Meo (trad. de l'italien), Jargon essentiel pour passer inaperçu en société, Lormont, Le Bord de l'eau, coll. « La Muette », , 221 p. (ISBN978-2-35687-133-6)
Traduction de Jules Laforgue, Hamlet ou Les Suites de la piété filiale : Amleto, ovvero Le conseguenze della pietà filiale, Milan, Libri Scheiwiller, , 71 p. (ISBN88-7644-064-X)
L'uovo di Marx. Epigrammi, satire, occasioni, Milan, Libri Scheiwiller, , 188 p. (ISBN88-7644-071-2)
Un film alla settimana. 55 critiche da «Cine illustrato» (1939-1940), Rome, Bulzoni,
Scritti postumi, Milan, Bompiani,
Progetto Proust. Una sceneggiatura per «La recherche du temps perdu», Milan, Bompiani, , 295 p. (ISBN88-452-1458-3)
(it) Nuove lettere d'amore al cinema, Milan, Rizzoli, , 355 p. (ISBN88-17-66352-2)
(it) Opere. 1947-1972, Milan, Bompiani, , 1487 p. (ISBN88-452-1507-5)
Il cavastivale, Rome, Biblioteca del Vascello, , 80 p. (ISBN88-7227-516-4)
L'occhiale indiscreto, Milan, Bompiani, , 206 p. (ISBN88-452-2429-5)
(it) Soltanto le parole. Lettere di e a Ennio Flaiano, 1933-1972, Milan, Bompiani, , 659 p. (ISBN88-452-2671-9)
La valigia delle Indie, Milan, Bompiani, , 105 p. (ISBN88-452-2770-7)
(it) Ombre fatte a macchina, Milan, Bompiani, , 289 p. (ISBN88-452-2957-2)
Il bambino cattivo, Milan, Libri Scheiwiller, , 81 p. (ISBN88-7644-258-8)
Cristo torna sulla terra, Lugano, Quaderni di Cartevive,
(it) La notte porta consiglio : e altri racconti cinematografici, Milan, Bompiani, , 320 p. (ISBN88-452-4920-4)
Satira e vita : i disegni del fondo Flaiano della Biblioteca cantonale di Lugano, con cinquanta brevi testi di Ennio Flaiano, Bologne, Pendragon, , 159 p. (ISBN88-8342-163-9, lire en ligne)
Scena all'aperto. Sceneggiatura inedita da una novella di Marino Moretti, Bologne, CLUEB, , 95 p. (ISBN88-491-2316-7)
Lettere a Giuseppe Rosato (1967-1972). Con scritti su Flaiano e l'Abruzzo, Lanciano, Rocco Carabba,
Opere scelte, Milan, Adelphi, , 1516 p. (ISBN978-88-459-2499-6) comprend : Tempo di uccidere (1947), Diario notturno (1956), Una e una notte (1959), Un marziano a Roma (1960), Il gioco e il massacro (1970), Le ombre bianche (1972), La valigia delle Indie (1996), Diario degli errori (1977) et L'occhiale indiscreto
Hommages
En 1969, le Teatro Arlecchino, via Santo Stefano del Cacco à Rome devient en son honneur le Teatro Flaiano(it).
Le prix Flaiano récompense depuis 1974 les meilleurs scénarios de cinéma.
La bibliothèque communale du Municipio IV de Rome porte aussi son nom.
Citations
« En Italie les fascistes se divisent en deux catégories : les fascistes et les antifascistes. »[5]
« La chasteté est le mirage des obscènes. »
« Dans trente ans, l'Italie ne sera pas comme l'auront faite les gouvernements, mais comment l'aura faite la télévision. »
« Pour les Italiens, le plus court chemin d'un point à un autre ressemble à une arabesque. »
Notes et références
↑(it) Ennio Flaiano, Lettere d'amore al cinema, Rizzoli, .