La première partie de sa carrière se déroule dans l'illustration publicitaire et littéraire. Plus tard, son œuvre a consacré sa réputation de peintre.
Biographie
Il est né à Bordeaux de mère française et de père juif russe. En 1919, ce jeune peintre réalise le premier livre pour enfants de la NRF, Macao et Cosmage ou l'expérience du bonheur[1]. Les compositions en sont coloriées en style Art déco à la main par Jean Saudé[2]. Cet album aux dimensions exceptionnelles est salué depuis les années 1980 comme un des jalons de l'histoire de l'album illustré pour enfants[3]. L'album a été réédité en 2000 et 2020.
Il participé à la première exposition universelle d'œuvres gravées de l'Art Institute of Chicago en 1932 où il représente la France. Exposé avec Picasso, Matisse et Derain, il a été le seul à recevoir la mention honorable.
Par la suite, il s'installe à Rabat, au Maroc. Il y vit environ vingt ans où il est très lié à Jacques Majorelle.
« Au Maroc, Edy-Legrand est fasciné par les éléments de vie qu'il découvre dans le mouvement incessant des foules et dans la mise en vibration de la couleur par les jeux de la lumière sur les costumes et le décor. Le spectacle est si totalement pictural qu'il se plaint, dans un premier temps, d'être obligé de lutter contre la tentation de reproduire fidèlement la réalité extérieure [...]. Plus il peint, plus il affirme nettement son indépendance vis-à-vis du spectacle de la nature. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est recréer le frémissement de la matière par les infinies combinaisons des masses colorées »
— Claude Leclanche-Boulé, Edy-Legrand, voyage au Maroc, itinéraire d'un peintre, 1993
Il a été marié[5] à la chorégraphe Myriam Edy-Legrand, née le 4 juin 1926.
Au soir de sa vie, Edy Legrand s'installe à « l'Ilet », près de Bonnieux, dans le Luberon. « À cette maison, évoque sa biographe Cécile Ritzenthaler[6], est accolée une vaste carrière de pierre, sorte de cathédrale transformée en atelier ». C'est dans ce paysage grandiose du Luberon auquel il se lie (« autant qu'aux vastes étendues du Maroc » écrit Cécile Ritzenthaler) qu'il peint ses dernières toiles et reçoit un cercle d'habitués, parmi lesquels Félix Vercel venant y choisir les tableaux à accrocher dans sa galerie de New York. Mort en 1970, Edy Legrand repose là, dans cette ancienne carrière qui fut son dernier atelier.
Jacques Bainville, Jaco et Lori, 37 compositions originales à l'eau-forte et au burin par Edy Legrand, 166 exemplaires numérotés, éditions du Capitole, 1929[8].
Pierre Mac Orlan, Œuvres poétiques complètes, Le-Capitole, 1929;
Dante, La Divine Comédie, Union Latine d'Édition, 1938 (traduction par André Doderet).
William Shakespeare, Les Tragédies, 5 volumes (242 dessins reproduits), Union Latine d'Édition, Paris, 1939.
Anatole France, L'Orme du mail, aquatintes et dessins, éditions Nationales, 1947.
La Bible (4 tomes), édité par Maurice Robert pour le « Club du livre de Marseille » illustré d'Edy Legrand, nombreuses illustrations de pleine page, publié en 1950
Albert Camus, La Peste, 12 aquarelles Le Rayon d’or nrf, 1950 ; 2 volumes, Illustrations de Edy Legrand, Imprimerie Nationale / André Sauret Éditeur, 1962.
Charles Vildrac, Les Lunettes du lion, Illustrations de Edy Legrand, Paul Hartmann Éditeur, Paris, 1932.
Macao et Cosmage, ou l'Expérience du bonheur, par Edy Legrand, aux éditions de la Nouvelle Revue Française, Paris, 1919.
Les Fioretti - Les petites fleurs de Saint François d'Assise, 60 illustrations par Edy Legrand, Tradition du Livre, Paris, 1964.
George Sand, François Le Champi, Lithographies de Edy-Legrand , Guy Le Prat éditeur, Paris, sans date.
« Edy Legrand a gravé pour Siegfried et le Limousin quelques cuivres d'un art extrêmement fin, d'un métier excellent, admirablement adaptés au texte de Jean Giraudoux, et qui placent ce bon et probe artiste au premier rang des nouveaux illustrateurs. » - Raymond Geiger, 1929[7]
« Edy Legrand publie aux éditions du Capitole de bien jolis cuivres pour le Jaco et Lori de Jacques Bainville. On connaît le roman : Edy Legrand l'a illustré d'une façon fort spirituelle. L'eau-forte et le burin n'ont pas de secret pour lui : il rend les jeux de la lumière avec une diabolique virtuosité où l'art ne perd pas ses droits. Voilà encore une illustration toute à l'honneur de ce bel artiste. » - Raymond Geiger, 1930[8]
« Ce Bordelais est un analyste doublé d'un metteur en scène. En 1933, il découvre le Maroc où il retourne chaque année pendant vingt ans : il y retrouve "l'homme de toujours" (il y compose 300 illustrations pour une Bible qui paraît en 1950), et sa sincérité éclate dans ses toiles et pastels aux rythmes nerveux, fourmillants et rapides, riches de couleurs vives et de sensualité. » - Gérald Schurr[11]
Marché de l'art
L'une de ses huiles, L'Ahouache (98 cm × 128 cm) a été vendue plus de deux cent mille euros en 2008 chez Christie's.[réf. nécessaire]
↑Alain Tirefort, « Un album pour enfants, Macao et Cosmage ou l’expérience du bonheur », Images et Mémoire, vol. 51, hiver 2016-2017, p. 5 (lire en ligne, consulté le ).
↑Olivier Piffault (dir.), Babar, Harry Potter & Cie : livres d'enfants d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Bibliothèque nationale de France, , 580 p. (ISBN978-2-7177-2422-6), p. 239.
Exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, du 14 octobre 2008 au 11 avril 2009.