Son père, le Grand Ban Mihail Ghica (1794-1850), fils du Grand Ban Dimitri et de sa femme Elena Razu, était le frère de deux des dix princes régnants (en roumain : Domnitori) de la famille : Grigore IV Ghika Vodă et Alexandru II Ghika Vodă[2], et l'un des plus grands dignitaires des Principautés danubiennes. Sa mère, Ecaterina (Catinca), née Faca (1809-1853), était une femme lettrée qui a traduit en roumain le livre De l'éducation des enfants (1839) de Mme Jeanne Louise Campan.
En 1849 Elena rencontre un jeune prince russe, Aleksandr Aleksandrovitch Koltsov-Massalsky, lieutenant qui lui fait une demande en mariage qu'elle accepte. Le couple s'installe à Saint-Pétersbourg. En Russie elle « se sent mal à l'aise dans le régime autocratique alors en vigueur, et comme le climat social de la Russie ne convient à cet esprit large et préoccupé d'idées libérales, elle abandonne la Russie[3] ». Ainsi elle quitte la Russie, « un monde qui ne pouvait que déplaire à un esprit aussi original et aussi libre que le sien[4] ».
Carrière d'écrivaine
Elle commence à écrire après son mariage avec Alexander Kolzoff-Massalski à Saint-Pétersbourg. L'ensemble de son œuvre est rédigée en langue française. Opposée à l'autocratisme du régime tsariste, elle prend position contre le protectorat russe pour l'indépendance des provinces roumaines durant la guerre de Crimée[5].
Elle se sépare de son mari et quitte la Russie en 1855, devenue persona non grata et vit en Suisse, notamment à Aarau, Genève, Lugano et Veytaux. C'est à Genève qu'elle publie son premier livre, où elle dévoile son anti-cléricalisme, La vie monastique dans l’église orientale. Elle publie également Au bord des lacs helvétiques et La Suisse allemande et l’ascension du Moench. Elle y décrit la Suisse, ses paysages, son organisation sociale et politique.
Après la Suisse, elle voyage en Allemagne et en Grèce et finit par s'installer à Florence en 1870.
Une bibliographie des œuvres de Dora d'Istria a été publiée en 1868 par Bartolomeo Cecchetti[6].
La Vie monastique dans l'Église orientale, éd. Joël Cherbuliez, Genève, 1re éd., Bruxelles, 1855.
La Suisse allemande et l'Ascension du Moench, tome I-IV, éd. Joël Cherbuliez, Genève-Paris, 1856.
Le proscrit de Biberstein, dans Courrier de Paris, 11 XII, 1857.
Souvenirs de la Cour de Dresde - Mlle de Haltingen, dans Revue des deux mondes, 2e période, tome 19, janvier 1859, p. 42.
Les femmes en Orient, 2 vol. Vol. I: La péninsule orientale (lire en ligne), éd. Meyer et Zeller, Zürich, 1859; Vol. II: La Russie (lire en ligne), éd. Meyer et Zeller, Zürich, 1860.
La nationalité hellénique d'après les historiens, dans Revue Suisse, Neuchâtel, janvier, février, mai, 1860.
Excursions en Roumélie et en Morée, 2 vol., éd. Meyer et Zeller, Zürich, 1863.
Des femmes par une femme, t. I-II, Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1864.
Les Albanais des deux côtés de l'Adriatique, 1866.
Les écrivains albanais de l'Italie Méridionale, 1867.
Fylétia e Arbenoré prèj Känekate te laòishima, 1867.
Exquises albanaises, 1868.
Gli Albanesi Musulmani, 1868 - 1870.
Affaire de l'Albanie, 1872.
Gli albanesi in Rumania, 1873.
La poésie des Ottomans, II éd., Maison-neuve & Cie, Libr.-édit., Paris, 1877.
French Literature under the first Empire, 2e éd. New-York, Barnes, 1875.
Source: Lucian Predescu, Enciclopedia României (Encyclopédie de la Roumanie), Ed. Cugetarea-Georgescu Delafras din Bucureşti, 1940
Membre de la Société Géographique de France - 19 janvier 1866
Membre correspondante de l'Athénée de Venise (italien : Ateneo Veneto di Scienze, Lettere ed Arti), Venise - 8 mars 1868
Membre honoraire de l'Accademia de Milano - 18 juin 1868
Membre émérite de Accademia Raffaelo - Urbino, 17 décembre, 1871
Membre de l'Académie Nationale de Lettres -Barcelone
Présidente honoraire de Syllogos , Constantinopole - 8 août, 1870
Membre de Accademia Quiriti, Roma - 1873
Membre honoraire de Accademia Pitagorica , Napoli - 24 mai 1873
Membre de l'Institut Archéologique de Buenos Aires - 30 mai 1873
Dictionnaires et Encyclopédies
Gustave Vapereau, « Dora D'Istria (Hélène Ghika, princesse Koltzoff-Massalsky) », dans Dictionnaire universel des contemporains, Paris, Librairie Hachette et Cie, , cinquième éd..
Carlo Tagliavini, « GHIKA », dans Enciclopedia Italiana, volume 16, Roma, Istituto dell'Enciclopedia Italiana, 1932.
Amélie Chevalier, « Comtesse Dora D'Istria », dans Les voyageuses au XIXe siècle, Tours : Maison Mame & fils, s.d. (1re éd : 1888), 5e édition : 1901, pp. 121-137.
Voir aussi
Hommages
En 2019 à Genève l'association l'Escouade dans le cadre du projet 100elles renomme temporairement une rue à son nom[7],[8],[9],[10].
Bibliographie
Antonio D'Alessandri, Il pensiero e l'opera di Dora d'Istria fra Oriente europeo i Italia (Istituto per la storia del Risorgimento italiano, Biblioteca scientifica, Serie II : Memorie, vol. 54), Roma, Gangemi, 2007.
Nathalie Clayer, Aux origines du nationalisme albanais, Editions Khartala, Paris, 2006, pages 193-240.
Mihaela Chapelan, L’identité rhizomatique de Dora d’Istria , Revue Électronique de Littérature Française, volume 6, no. 1, 2012, pages 126-135[11].
Dibra Zenepe, Gjjika, Elena (Elena Ghica, pen-name DORA D’ISTRIA) (1828?-1888?) , in De Haan, Francisca, Daskalova, Krassimira, Loufti, Anna (dir.), A biographical dictionary of women’s movements and feminisms. Central, Eastern, and South Eastern Europe, 19th and 20thCenturies, Budapest, New York, CEU Press, 2006, pages 158-160.
Notes et références
↑Russe, pas "ottomane" comme dans l'infobox - cette mention provient probablement du statut d'états chrétiens tributaires du Sultan ottoman, qui était celui des principautés roumaines (depuis le Moyen Âge) et de la Serbie (depuis 1817). Mais cela ne faisait pas des sujets de ces principautés des citoyens ottomans : le firman qui leur tenait lieu de passeport était bien ottoman, mais leur état-civil et nationalité étaient bien serbe, valaque ou moldave.
↑Mihaela Chapelan, « L’identité rhizomatique de Dora d’Istria », RELIEF - Revue Électronique de Littérature Française, vol. 6, no 1, , p. 126–135 (ISSN1873-5045, DOI10.18352/relief.765, lire en ligne, consulté le )