Doliocarpus dentatus subsp. dentatus est une grosse liane ligneuse (parfois un arbuste érigé), produisant des fruits rouges[3]. Les jeunes rameaux peuvent être densément poilus, ou glabrescents. Les pétioles, longs d'environ 1-2,5 cm, sont canaliculées au-dessus, densément villeux à plus ou moins glabrescentes. Le limbe coriace ou subcoriacée, de forme ovale-elliptique, elliptique ou obovale-elliptique, est long de 7-20 cm pour 2,5-10,5 cm de large, acuminé et aigu à l'apex, rétréci et aigu ou subobtus à la base. La marge est entière dans la moitié inférieure, dentée à denliculée dans la partie supérieure. La face supérieure est sombre et plus ou moins densément couverte de longs poils blancs étroitement apprimés. La face inférieure plus claire est pubescente à quasi-glabrescente. La nervure médiane est couverte de poils fins apressés à surface, et les 10-18 paires de nervures secondaires latérales sous-imprimés au-dessus. Toutes les nervures sont densément villeuses et proéminentes sur la face inférieure. Les nervures tertiaires très minces, sont saillantes dessous, à peine visibles dessus. L'inflorescence fasciculée et dense, regroupe 15-30 fleurs (ou plus). Les minces pédicelles pubescents sont longs de 1-1,5 cm. Les 4(-5) sépales, de longueur atteignant jusqu'à 5 mm, sont persistants, oblongs ou suborbiculaires, obtus, pubérulents à glabrescents sur la face extérieure. Les 2-3 pétales sont obovales, onguiculés, à peu près aussi longs que les sépales. Les nombreuses étamines se composent minces filets longs de 4-5 mm, et de petites anthères, d'environ 0,5 mm de long. L'unique carpelle subglobuleux, est glabre, et contient 1-(2) ovule. Le style, mesurant environ 1 mm de long, porte un large stigmate pelté. La baie globuleuse rouge, mesure 6-7 mm de diamètre, et renferme 1-(2) graines brillantes, sombres, entourées d'un arille presque blanc[4].
Doliocarpus dentatus pousse entre 100 et 500 m d'altitude. Elle est communes en forêts primaire et secondaire, ainsi qu'en bordure de savane dans les lisières forestières[3].
Les propriétés hydrauliques des tissus conducteurs de cette liane ont été étudiées[5].
Utilisations
La sève abondante et potable contenue dans cette « liane à eau » est connue pour désaltérer les chasseurs assoiffés en forêt[6] : on peut remplir un verre à boire avec un tronçon d'un mètre de long[7].
Cette sève était autrefois utilisée en Guyane comme dépuratif[8]. Les Urubú-Ka'apor(en) du Brésil s'en servent comme tonique[9]. Elle fournit un remède Palikur contre la coqueluche, la diarrhée, contre la « blesse » (sikgep, une douleur mobile située sous les côtes sur lesquelles elle appuie), et en traitement de longue durée, contre le diabète[2].
Un Doliocarpus est un ingrédient de remèdes Aluku pour soigner les douleurs abdominales, la blennorragie et les morsures de serpent[6].
Les tiges entrent dans la préparation d'un puissant aphrodisiaque au Guyana[10].
Doliocarpus dentatus est une plante populaire dans la pharmacopée traditionnelle du Mato Grosso au Brésil, notamment pour soulager la douleur causée par l'inflamation liée à la rétention d'urine[12]. Elle a fait l'objet de plusieurs études phytochimiques[13]
, notamment concernant à ses propriétés anti-inflammatoires, antimycobacteriennes et génotoxiques[14]. Elle aurait des propriétés antiarthritique et anti-nociceptives[15], anti-douleur[16]. Elle présenterait par ailleurs une faible toxicité[17] et peu de risque chez les femmes enceintes et sur le développement embryonnaire[18].
Cet arbrisseau reſſemble au précédent [Tetracera tigarea] par ſes fleurs & par ſes fruits. Il en diffère ſeulement par ſes tiges qui ſont velues ; par ſes branches qui ſont liſſes, & plus groſſes ; par ſes feuilles qui ſont ovales, dentelées, & terminées par une longue pointe. Celles-ci ſont liſſes, vertes en deſſus, & couvertes en deſſous d'un poil ras & ſoyeux. Les plus grandes ont cinq pouces de longueur, ſur deux pouces & demi de largeur.
Cet arbriſſeau croît dans les bois de l'Iſle de Caïenne, & principalement ſur la route qui conduit de Loyola à l'habitation de Mr de Macaye.
Je l'ai obſervé en fleur dans le mois de Janvier, & en fruit dans le mois de Mars.
Les Créoles le nomment LIANE ROUGE, & l'emploient aux mêmes uſages que le précédent [: ſa décoction qui prend une couleur rouge eſt, ſelon le préjugé du pays, un bon remède pour guérir les maladies vénériennes. ]. »
↑ a et bPierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 350
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