La danse de Zálongo, en grec moderne : Χορός του Ζαλόγγου / Chorós tou Zalóngou, fait référence au suicide collectif de femmes souliotes et de leurs enfants, pendant la guerre Souliote(en), le . Après avoir été prises au piège par les troupes albanaises ottomanes, près du village de Zálongo, en Épire, dans la Grèce moderne, puis dans l'Empire ottoman, une soixantaine de femmes décident de se tourner vers le bord de la falaise avec leurs nourrissons et leurs enfants plutôt que de se rendre. Selon la tradition, elles se jettent dans le vide l'une après l'autre en dansant et en chantant[1],[2].
Le nom fait également référence à un certain nombre de drames théâtraux grecs et à une chanson de style folklorique, commémorant l'événement, appelée Danse de Zalongo[3],[4]. Il existe également une chanson de danse albanaise Cham(en) similaire appelée Vallja e Zallongut (en français : Danse de Zálongo)[5].
Histoire
Durant la guerre des Souliotes(en), en , les Souliotes commencent à évacuer Soúli après leur défaite face aux forces du dirigeant ottoman-albanais local, Ali Pacha de Janina[6]. Pendant l'évacuation, un groupe de femmes souliotes et leurs enfants sont piégés par les troupes d'Ali dans les montagnes de Zálongo en Épire[6]. Afin d'éviter la capture et l'esclavage, les femmes jettent d'abord leurs enfants, puis elles-mêmes, d'une falaise abrupte, pour se suicider[3],[4],[7],[8].
L'évènement est également mentionné par Christóphoros Perrevós, dans son édition de 1815, de l'Histoire de Souli et de Parga[9],[10] : selon la légende, elles sautent dans le précipice l'une après l'autre en chantant et en dansant[4],[11].
Cet évènement fait rapidement le tour de l'Europe. Au Salon de Paris, de 1827, l'artiste français Ary Scheffer expose deux tableaux romantiques, dont l'un s'intitule Les femmes souliotes. De nos jours, le monument de Zálongo, sur le mont du même nom, à Kassope, commémore leur sacrifice.
Théâtres et chansons
Il existe une chanson grecque populaire sur cet événement, qui est connue et dansée dans toute la Grèce actuelle[4].
Elle fait partie d'un drame populaire, écrit par Sp. Peresiades, publié en 1903 et mis en scène pour la première fois en 1904[12]. La chanson folklorique grecque Danse de Zálongo a les paroles suivantes :
Français
Grec
Adieu monde pauvre,
Adieu douceur de vivre,
et vous, mon misérable pays,
Adieu pour toujours
Adieu aux sources,
Vallées, montagnes et collines
Adieu aux sources,
Et vous, femmes de Souli
Le poisson ne peut pas vivre sur la terre ferme
Ni la fleur sur le sable
Et les femmes de Souli
On ne peut pas vivre sans liberté
Adieu aux sources,
...
Les femmes de Souli
n'ont pas seulement appris à survivre
Elles savent aussi comment mourir
Ne pas tolérer l'esclavage
Adieu aux sources
...
Έχε γεια καημένε κόσμε,
έχε γεια γλυκιά ζωή
Και ’συ δύστυχη πατρίδα
έχε γεια παντοτινή.
Στη στεριά δε ζει το ψάρι
ούτ’ ανθός στην αμμουδιά
Κι οι Σουλιώτισσες δεν ζούνε
δίχως την ελευθεριά.
Έχετε γεια βρυσούλες
...
Οι Σουλιώτισσες δε μάθαν
για να ζούνε μοναχά
Ξέρουνε και να πεθαίνουν
να μη στέργουν στη σκλαβιά.
Έχετε γεια βρυσούλες
...
Peresiadis décrit cette partie de son drame comme un « chœur de femmes », ce qui peut être traduit par une danse, mais dans ce contexte, cela signifie peut-être un « groupe de femmes », comme dans un drame grec ancien[13]. Une chanson de danse albanaise appelée Vallja e Zallongut (Danse de Zálongo) est développée avec des paroles qui font référence au même suicide de masse, susmentionné, publiée en 1961 par Sako Zihnni :
Albanais
Français
Lamtumirë, o Sul, i shkretë,
se po ndahemi per jetë.
Lamtumirë, o Sul i shkretë,
se na do t’ikim për jetë.
Ne po vdesim për liri,
se nuk duam skllavëri.
Lamtumirë, ju male e fusha,
na e punoi Pilo Gusha,
I pabesi faqezi,
s’pati turp, as perëndi.
Lamtumirë, o fusha e male,
ne vdesim pa frikë fare.
Jemi bila shqipëtare,
vdesim duke hedhur valle.
Lamtumirë, o Sul i shkretë,
lamtumir’ për gjithë jetë.
Au revoir, ô Souli dévasté,
car nous nous séparons pour la vie.
Au revoir, ô Souli dévasté,
parce que nous partirons pour toujours.
Mais nous allons mourir pour la liberté,
parce que nous ne voulons pas de l'esclavage.
Adieu, ô montagnes et vallées,
cela a été fait par Pelios Gousis,
La méchante canaille,
n'avait pas de honte, pas de dieu.
Au revoir, ô vallées et montagnes,
Nous mourons sans aucune crainte.
C'est parce que nous sommes albanais,
on meurt en dansant.
Adieu, ô Souli dévasté,
adieu pour l'éternité.
↑(en) Kalliopi Nikolopoulou, Tragically Speaking : On the Use and Abuse of Theory for Life, U of Nebraska Press, , 400 p. (ISBN978-0-8032-4487-0, lire en ligne), p. 239.
↑(en) Alexander Karanikas, « The Dance of Zalongo », sur le site du service de communication hellénique (consulté le ).
↑Fenerli-Panagiotopoulou Aggeliki 1816, p. 161. La publication fait référence à une pièce de théâtre, mise en scène pour la première fois en 1816 à Odessa.
↑(en) Irene Loutzaki, The Dance of Zalongos : an invented tradition on canvas?, (lire en ligne [PDF]).
Voir aussi
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
(el) Fenerli-Panagiotopoulou Aggeliki, « La pièce de théâtre "Souliotes" (1809-1827) », Eranistis, vol. 15-16, , p. 161 (lire en ligne [PDF], consulté le )..
(sq) Instituti i Folklorit, Mbledhës të hershëm të folklorit Shqiptar (1635-1912), Tirana, H. Devolli, ..
(en) International Folk Music Council, Journal of the International Folk Music Council, vol. 6 à 10, W. Heffer, , p. 39..
(en) The Royal Society of Canada, Délibérations Et Mémoires de la Société Royale Du Canada, , p. 100..
(el) Constance V. Mynatt et Bernard D. Kaiman, Folk Dancing for Students and Teachers, Dubuque, Iowa, Wm. C. Brown Co., , 113 p..
(en) Euthymia Papaspyrou-Karadēmētriou et Maria Lada-Minōtou, The National Historical Museum. Athens, Greece: Historical and Ethnological Society of Greece, (ISBN978-9-6085-5730-7), p. 47..
(el) Christóphoros Perrevós, Ιστορία του Σουλλίου και Πάργας : συγγραφείσα παρά Χριστοφόρου Περραιβού υποστρατήγου, εκδίδοται επιστασίαι Κ. Ζησίου καθηγητού [« Histoire des Souliotes et des Pargas - écrit par Christoforos Perraivos, lieutenant général, et publié sous la direction du professeur K. Zisiou »], Athènes, (lire en ligne)..
(el) William K. Pritchett, Greek Archives, Cults, and Topography, Amsterdam, The Netherlands: J.C. Gieben, , 252 p. (ISBN978-9-0506-3147-1)..
(el) M. V. Sakellariou, Ηπειρος : 4000 χρόνια ελληνικής ιστορίας και πολιτισμού [« Épire: 4000 ans d'histoire et de culture grecques »], Athènes, Ekdotike Athenon, , 480 p. (ISBN978-9-6021-3371-2)..