Les Daghaghra, aussi orthographié Deghaghra, Deghagha ou Ould Daghri[1], sont une tribuarabe intégrée à la confédération des Ouerghemma dans le Sud de la Tunisie.
Origines
Les Daghaghra sont issues de la fraction des Ouled-Selim de la tribu des Ouderna, l'une des grandes fractions des Ouerghemma[2].
Bien que les Ouerghemma soient des Berbères, les Daghaghra et beaucoup des clans qui leur sont cousins sont des Arabesbédouins, des Banu Sulaym, qui ont rejoint la tribu[3],[4].
D'autres sources rapportent que des tribus arabes debbabiennes ont intégré la fraction des Ouderna, dont les Ouled-Chehida[5],[6]. Une légende raconte que lors de la fuite des Ouled Yacoub, une femme de cette tribu abandonne son enfant ; ce dernier est retrouvé par un homme des Ouled-Debbab qui le confie à sa femme, qui s'en occupe comme son enfant. Ce dernier, devenu adulte, devient contractuel dans un village berbère pour y gagner sa vie, et prend une femme chez la tribu voisine des Aouadid. Il a plusieurs enfants de cette femme qui, enceinte, va demander une peau de bœuf à son père. Elle la coupe en lanières et exige de lui la terre où les lanières occupent le terrain, ce dernier s'exclamant « Daghaghretni, tu m'a trompé ! » ; c'est de là que viendrait le nom de la tribu[7].
Histoire
Issue des Ouled-Selim, avec le reste des clans apportant à cette fraction (Ouled-Debbab, Ouled-Chehida et Adjerda), ils vivent autour du ksar de Guettoufa et ont des terrains de labour, tous deux situés sur le territoire des Ouled-Abd-el-Hamid, une autre fraction des Ouderna[2]. André Louis les qualifie de « seigneurs » de par leur statut nomade, alors que les sédentaires sont qualifiés de serfs des Bédouins[8].
Constituant l'une des parts de la confédération des Ouderna, les Daghaghra et les autres tribus ralliées à cette confédération sont qualifiés au début du XXe siècle de « grands nomadespillards très redoutés de leurs voisins », avant d'être sédentarisés et de devenir des pasteurs et cultivateurs qualifiés de paisibles[9],[10].
↑(ar) « تطاوين التونسية موطن الديناصورات والقصور الصحراوية والتآخي بين الأعراق » [« Tataouine, Tunisie : terre de dinosaures, de ksour du désert et de fraternité interraciale »], Al-Quds al-Arabi, (lire en ligne, consulté le ).
↑(ar) « مدينة تطاوين في تونس » [« La ville de Tataouine en Tunisie »], sur mawdoo3.com, (consulté le ).
↑Émile Violard, La Tunisie du Nord, vol. 1 : Le contrôle civil de Souk-el-Arba, Tunis, Société anonyme de l'imprimerie rapide, , 98 p. (lire en ligne), p. 38.
↑Jean Thomas, À travers le Sud Tunisien, Paris, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, , 100 p. (lire en ligne), p. 45.
↑Paul Lambert, « Deghagha », dans Dictionnaire illustré de la Tunisie : choses et gens de Tunisie, Tunis, C. Saliba aîné, , 468 p. (lire en ligne), p. 150.
↑Secrétariat général du gouvernement tunisien, Nomenclature et répartition des tribus de Tunisie, Chalon-sur-Saône, Imprimerie de E. Bertrand, , 403 p. (lire en ligne), p. 296.
↑« À l'honneur », Climats, no 290, 5-11 juillet 1951, p. 6 (lire en ligne, consulté le ).