Dans cette lettre le souverain pontife exhorte l’empereur à renoncer à attaquer la chrétienté et les autres nations[1]. Innocent exprime un désir de paix (sans savoir qu’en mongol le terme « paix » équivaut à « soumission »[2]).
« Nous nous sentons obligé — et non sans raison — de manifester notre étonnement quand nous entendons que vous avez envahi tant de régions chrétiennes ou d’autres peuples, dévasté ces terres en causant de terribles ravages, et que jusqu’au moment présent, dans votre colère continuelle, vous ne cessez d’envoyer des groupes de pillards dans ces régions. Vous vous êtes déchaîné contre tous indifféremment avec le glaive de votre colère, sans raison apparente et sans faire aucune exception pour l’âge ou le sexe.
« Désirant vivre ensemble, à l’exemple du roi pacifique, dans l’unité de la paix sous la crainte de Dieu, nous tenons donc à vous avertir, vous demander, et vous conseiller instamment de vous abstenir complètement de nouvelles attaques de ce genre et surtout de la persécution des chrétiens…
« Dites-nous pleinement, par le canal de nos envoyés, ce qui vous a conduit à l’extermination des autres peuples et ce que vous avez l’intention de faire d’autre. »
La réponse de Güyük à la lettre papale fut une demande de soumission des souverains chrétiens, et une invitation à venir rendre hommage au pouvoir mongol[5].
« À présent, vous devez dire d’un cœur sincère : nous serons vos sujets, nous vous donnerons notre force. Toi, en personne, à la tête des rois, tous ensemble et sans exception, venez nous offrir service et hommage. À ce moment-là, nous connaîtrons votre soumission. Et si vous n’observez pas l’ordre de Dieu et contrevenez à nos ordres, nous vous saurons nos ennemis. »
Les deux premières ont la même adresse : « Regi et populo Tartarorum viam agnoscere veritatis » (« Au roi et au peuple des Tartares, pour reconnaître le chemin de la vérité »).
La troisième est adressée à Baidju, commandant des armées mongoles en Perse : « Bayonoy regi illustri, et nobilibus viris universis principibus et baronibus exercitus Tartarorum, viam cognoscere veritatis ».
↑« Dans le vocabulaire mongol, les termes « paix » et « soumission » sont synonymes… Le simple envoi d’une telle ambassade revenait à une reddition » (citation originale : « In the Mongols' vocabulary, the terms for 'peace' and for 'subjection' were identical… The mere despatch of an embassy seemed tantamount to surrender »), Peter Jackson, 2005, p. 90.
(en) Peter Jackson, The Mongols and the West, 1221 – 1410, New-York, Pearson Longman, , 414 p. (ISBN0-582-36896-0).
(la) Georg Heinrich Pertz et Karl Rodenberg (éd.), Monumenta Germaniæ Historica. Epistolæ sæculi XIII : e regestis pontificum Romanorum selectæ, t. 2, Berlin, Weimannos, (lire en ligne).
(en) Igor de Rachewiltz, Papal Envoys to the Great Khans, Stanford, Stanford University Press, , 230 p. (ISBN978-0-8047-0770-1).