Crypto-anarchieLa crypto-anarchie – ou le crypto-anarchisme – est la réalisation dans le cyber-espace d'une forme d'anarchie par l'usage de la cryptographie. En assurant la confidentialité, l'authenticité et l'intégrité de leurs communications, les logiciels de cryptographie offrent en effet aux individus une totale liberté d'échange en garantissant leur anonymat et le respect de leur vie privée. OrigineDans son “Manifesto Crypto Anarchiste” de 1988 publié dans la liste de diffusion cypherpunk, Timothy C. May introduit les principes de base de la crypto-anarchie: l’utilisation de communication et messages chiffrés permettant un anonymat complet, une totale liberté d’expression ainsi qu’une liberté totale d’échanger. Étymologie« Crypto » dans la crypto-anarchie ne doit pas être confondue avec le préfixe « crypto- », qui désigne une idéologie ou un système cherchant intentionnellement à dissimuler ou détourner la « vraie nature ». Par exemple, certains utilisent le terme « crypto-fasciste » pour désigner un individu ou une organisation suivant une doctrine fasciste mais qui cache ses intentions tant qu'elles restent socialement inacceptables. Cependant, The Cyphernomicon[1] de Timothy C. May indique que le terme « crypto-anarchiste » était à l'origine pensé comme un jeu de mots par rapport à cette ambiguïté, bien qu'il n'ait pas eu pour but de cacher ses actions, ses croyances ou ses intentions. Le manifeste de la crypto-anarchie
— Timothy C. May, Le Manifeste crypto-anarchiste, 1989[2] MotivationsL'une des motivations des crypto-anarchistes est de se défendre contre la surveillance des communications informatiques. Les crypto-anarchistes tentent de se protéger contre la Conservation des données, la Controverse entourant la surveillance d'internet par la NSA, la Room 641A, la loi suédoise FRA mais aussi HADOPI, ACTA, etc. Les crypto-anarchistes considèrent que le développement et l'utilisation de la cryptographie est la meilleure défense contre ces problèmes, par opposition aux actions politiques. Un autre sujet de préoccupation est d'échapper à la censure, particulièrement sur Internet, sur la base du principe de liberté d'expression. Les programmes utilisés par les crypto-anarchistes rendent souvent possible le fait à la fois de publier et de lire des informations sur internet de manière véritablement anonyme. Tor, I2P, FreeNet et d'autres réseaux similaires permettent l'existence de pages web « cachées » et anonymes, accessibles uniquement par les utilisateurs de ces services. Cela permet notamment aux lanceurs d'alerte et aux opposants politiques dans des pays totalitaires de diffuser leurs informations. Un troisième intérêt est la création et la participation aux économies alternatives. Des crypto-monnaies telles le Bitcoin et des services tels Silk Road rendent possible les échanges de biens et de services en dehors du cadre juridique. Enfin, le challenge technique du développement de ces systèmes cryptographiques est important, ce qui motive certains programmeurs à rejoindre ces projets. La LoiÀ l’aide des outils cryptographiques, l’association entre l’identité d’un utilisateur – ou d’une organisation – et son pseudonyme est difficile à établir, à moins que l’utilisateur ne la révèle. Comme l’origine géographique d’un participant est inconnue, il est difficile de déterminer quelles lois peuvent être applicables. On peut ainsi considérer le «cyberespace » comme un territoire indépendant où les lois ne s’appliquent pas. Cependant, les participants peuvent établir entre eux des règles ou se fier, s’ils utilisent des pseudonymes, à la e-réputation. Les crypto-anarchistes soutiennent que, sans la capacité de les chiffrer, les messages, les informations personnelles et la vie privée seraient sérieusement compromis ; qu'une interdiction de la cryptographie reviendrait à la suppression du secret de la correspondance ; et que seul un État policier criminaliserait la cryptographie. Celle-ci est déjà interdite dans certains pays, et les lois sont restrictives dans d'autres. Les citoyens du Royaume-Uni sont légalement obligés de révéler les mots de passe permettant le déchiffrement de leurs systèmes personnels, sous peine d'emprisonnement de deux ans, sans aucune preuve d'autre activité criminelle. Cette obligation de dévoiler ses clés peut être contournée en les renouvelant automatiquement (en) à intervalle régulier. Les anciennes clés peuvent être supprimées, les rendant inaccessibles, même si l'utilisateur voulait les communiquer de plein gré. Les technologies permettant ce genre de renouvellement rapide incluent la cryptographie asymétrique, les générateurs de nombres pseudo-aléatoires matériels et la confidentialité persistante. La seule manière d'empêcher l'usage de ces techniques de cryptographie est de l'interdire complètement au sein d'un État totalitaire, en contrôlant physiquement tous les appareils informatiques de manière aléatoire. Bannir de manière effective tout usage de la cryptographie est probablement impossible, car on peut l'utiliser pour masquer la présence de contenu chiffré (voir stéganographie). Il est alors possible d'encapsuler un message illégal avec un algorithme fort à l'intérieur de messages chiffrés avec un algorithme faible mais légal, rendant difficile et coûteux pour une personne extérieure de détecter l'usage de la cryptographie[3]. Philosophie politiqueDans The Cyphernomicon, un document fondateur de 1994, Timothy C. May définit la crypto-anarchie comme un système de marché anarcho-capitaliste[4],[5]. Cette orientation politique est corroborée par Vernor Vinge et James Frankel pour qui la cryptographie permet aux individus de faire des échanges économiques en faisant fi des frontières[6]. Notes et références
AnnexesArticles connexesLiens externes
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