Concile de Clermont (1095)Le concile de Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand) s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu six mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel d’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui menacent l’Empire byzantin et de délivrer les lieux saints occupés par les musulmans. ContexteAprès le concile de Plaisance, le pape Urbain II organise un voyage à travers le royaume de France avec certainement l’objectif de rencontrer le roi et de résoudre le litige matrimonial qui le concerne. En effet, quelques années plus tôt, le roi Philippe Ier de France avait répudié sa première épouse Berthe de Hollande et l’avait enfermée dans un couvent, puis avait épousé Bertrade de Montfort, épouse du comte Foulque IV d'Anjou, après lui avoir imposé la séparation. Cette situation avait occasionné un grand scandale et si la plupart des évêques étaient allés dans le sens du roi, quelques-uns, autour d’Hugues de Die, archevêque de Lyon et d’Yves de Chartres, évêque de Chartres s’y étaient opposés et avaient excommunié le roi. Le concile de Plaisance avait montré de manière éclatante que l’autorité pontificale était restaurée, après plusieurs décennies de lutte contre l’empereur romain germanique. Urbain II compte bien user de cette autorité pour ramener le roi de France à l’ordre. Le , alors qu’il se trouve au Puy-en-Velay, il convoque tous les métropolitains français avec leurs évêques abbés et les laïcs les plus recommandables à un concile qui doit se tenir à Clermont en Auvergne le jour de l’octave de Saint-Martin[note 1]. Le concileLe chroniqueur Bernold de Constance raconte que Durand, l’évêque de Clermont, s’est donné tant de mal pour organiser le concile qu’il est mort d’épuisement peu après l’arrivée du pape. Urbain officie le jour de l’enterrement de Durand et ouvre le concile le . Selon Bernold, treize archevêques, leurs suffragants et deux cent cinq bâtons épiscopaux ont répondu à l’appel. Un décret d’Urbain II qui affirme la primauté de l’église de Lyon précise qu’il y avait douze archevêques, quatre-vingts évêques et quatre-vingt-dix abbés. La plupart sont des Français, il y a aussi quelques Espagnols et Italiens mais aucun Allemand, Hongrois ou Lorrain n'est venu. Le concile se constitue de 14 archevêques 250 évêques, plus de 400 abbés et une multitude de chevaliers du Midi. Les canons adoptésIl n’y a pas de document complet citant la totalité des canons, certains sont cités entre autres par Orderic Vital et Guillaume de Malmesbury qui les ont reconstitués (partiellement, semble-t-il) :
D'une manière générale, le concile confirme les décisions du concile de Plaisance, ainsi que l'écrit Bernold. Mais il précise un certain nombre de points évoqués par le concile de Plaisance et ajoute des règles, notamment à propos de la Paix de Dieu et du pèlerinage à Jérusalem. Les décisions relatives à la chrétientéLe roi Philippe Ier ne s'est pas soumis aux injonctions de l'Église et n'a pas répudié Bertrade de Montfort, épousée illicitement. Son excommunication est confirmée. Deux évêques sont déposés pour avoir accordé à des clercs tous les ordres en l’espace d’une année, c'est-à-dire sans respecter les délais prescrits entre chaque ordination. Sur la demande des autres évêques, ils seront réintégrés à la fin du concile, après s'être repentis. L’évêque de Dol en Bretagne avait tenté de détacher sept diocèses de la province de Tours et avait usurpé la dignité d’archevêque. Déjà excommunié, il ne s’était pas soumis et l’archevêque de Tours réitère ses plaintes. Le pape tranche en faveur de Tours. Hugues de Die, légat du pape et archevêque de Lyon se plaint que Richer, archevêque de Sens lui conteste la primauté en Gaule. Un délai est accordé à Richer pour qu’il aille chercher ses documents et les produire devant le concile. Comme il n’est pas de retour le sixième jour, le concile tranche en faveur de Lyon. L’archevêque de Sens, une fois revenu, refuse de se soumettre, et le pape lui interdit d’assumer sa charge jusqu’à sa soumission. L’archevêque de Rouen, absent du concile est menacé de la même peine s’il ne vient pas se soumettre à l’archevêque de Lyon dans un délai de trois mois. Dans un conflit entre l’archevêque de Tours et l’abbaye de Marmoutier à propos de dîmes, Urbain II tranche en faveur de l’abbaye. Mais il tranche en faveur de l’évêque de Maguelone à propos d'un litige qui oppose ce dernier à l’abbaye d'Aniane. Un autre conflit oppose les abbayes de Cluny et de la Chaise-Dieu, qui se disputent la possession d’églises, et Urbain II parvient à négocier un compromis où les deux abbayes se partagent les églises en litige. Il rétablit le diocèse d’Arras : vers 500, saint Vaast avait fondé un évêché à Arras, mais son second successeur l'avait transféré à Cambrai vers 569. En 1093, Urbain II avait décidé de diviser le diocèse de Cambrai en deux et il profite du concile pour officialiser cette séparation[1]. L'appel de ClermontPour clore le concile, Urbain II prononce un discours en présence d’une foule de clercs et de laïcs réunis dans un champ (Herm), à l'extérieur de la ville. On ne connaît pas le discours exact du pape mais de nombreux témoignages nous ont permis d'en connaître les grands thèmes. Après avoir évoqué les malheurs et souffrances des chrétiens d’Orient, le pape adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs guerres fratricides et de s’unir pour combattre les païens et délivrer leurs frères en Orient, ce qui est une cause plus juste. En même temps les chrétiens pourront expier leurs péchés une fois arrivés à Jérusalem, ville sainte par excellence. Cet appel de Clermont est donc considéré comme la cause directe de la première croisade. Notes et référencesNotes
Références
AnnexesBibliographie
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