Collectif contre l'islamophobie en EuropeCollectif contre l'islamophobie en Europe
Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) est une association de défense des droits humains et de lutte contre les discriminations, les actes de violence et les incitations à la haine, visant les personnes et institutions du fait de leur appartenance réelle ou supposée à l’islam. Fondée en Belgique le , cette association sans but lucratif (ASBL) vise à apporter un accompagnement juridique aux victimes d’islamophobie, à sensibiliser au racisme antimusulman et à recenser les actes islamophobes à l’échelle européenne. L’association est membre du Réseau européen contre le racisme (ENAR). HistoireLe CCIE est l’héritier du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dont la dissolution est prononcée en Conseil des ministres français le [1]. Le CCIF est l’une des cinq associations ciblées en par les Cellules départementales de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR), créées par la circulaire du dans le cadre de la lutte contre le séparatisme[2]. Toutefois, le CCIF avait déjà prononcé la dissolution volontaire du collectif le . Le , le collectif annonce ainsi sur son site internet s’être autodissout et avoir cédé ses actifs et sa propriété intellectuelle à d’autres associations, dont le CCIE[3]. Le Conseil des ministres prononce alors la dissolution du CCIF le en tant que « groupement de fait »[4]. Le directeur général d’Amnesty International pour l’Europe, Nils Muižnieks, a déclaré que « la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France serait un acte très grave de la part du gouvernement français. Elle pourrait avoir un effet dissuasif sur toutes les personnes et toutes les organisations qui sont engagées dans la lutte contre le racisme et la discrimination en France »[5]. La Ligue des droits de l’homme a elle aussi dénoncé une décision « qui fait fi des valeurs fondamentales de l’État de droit » et « donne au gouvernement le pouvoir de museler la société civile »[6]. Human Rights Watch a également affirmé que « la décision du gouvernement français de dissoudre une organisation de lutte contre les discriminations de premier ordre menace les droits humains fondamentaux et les libertés, dont la liberté d’expression, d’association, de religion, et le principe de non-discrimination »[7]. Actions du CCIEAccompagnement juridique et recensementLe CCIE offre un accompagnement juridique aux personnes victimes d’islamophobie. Le CCIE recense également les actes islamophobes à travers les signalements qui lui sont faits, notamment via la plateforme de signalement du site internet lancé le [8]. Veille contre les propos islamophobesLe , le CCIE a déposé plainte contre les journalistes Vincent Hervouët (Europe 1) et Pascal Praud (CNews) pour « diffamation raciale » et « incitation à la haine ». Le journaliste Vincent Hervoüet avait ainsi affirmé que les agriculteurs allaient devoir faire face à des vols de moutons du fait de l’arrivée imminente du mois de Ramadan[9]. À la suite des propos de Jean-Claude Dassier tenus sur CNews le , le CCIE a également déposé plainte pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence »[10]. Le chroniqueur avait déclaré : « Les musulmans, ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire ». Mobilisation contre les effets de la loi dite « contre le séparatisme »Le CCIE s’est mobilisé contre les effets de la loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi contre le séparatisme », promulguée le . Le , le CCIE a apporté son soutien à l’imam Mehdi Bouzid de la mosquée de Gennevilliers, ciblé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour des propos tenus lors d’un prêche jugé « très vindicatif, comportant notamment des propos contraires à l’égalité homme/femme »[11]. En , le CCIE a également dénoncé l’arrêté d’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, affirmant que « ce qui est recherché par cet arrêté, c’est l’humiliation de M. Iquioussen, de sa famille et de manière générale les personnes de confession musulmane qui s’interrogent de plus en plus sur leur liberté religieuse en France[12]. » Le CCIE s’est également positionné en défense des lycéens et lycéennes accusés de porter des tenues islamiques dans les établissements scolaires (abayas, jupes longues, qamis, etc.) à partir de l’été [13]. Sensibilisation à la problématique de la montée de l’extrême-droiteLe , lors de la Journée européenne d’action contre l’islamophobie[14], le CCIE a organisé une conférence internationale pour interpeller la commission européenne quant à l’islamophobie et au terrorisme d’extrême droite. Selon le CCIE, « l'Europe assiste à une montée inquiétante de l’extrême droite qui se manifeste non seulement par des résultats de sondages nationaux de plus en plus élevés, mais aussi par la résurgence de groupes armés et violents à travers le continent ». Rapports du CCIELe , le CCIE a publié son premier rapport sur l’islamophobie en Europe en qui décrit la menace de l’extrême-droite à l’échelle européenne, liée à la montée des nationalismes[15]. Le CCIE indique avoir reçu 787 sollicitations en , comprenant 527 faits islamophobes, dont 467 faits de discrimination, 128 de provocation et d'incitation à la haine, 71 cas d'injures, 59 de harcèlement moral, 44 de diffamation, 27 de violence physique et 33 liés à la lutte contre la radicalisation et le séparatisme[16]. L'association entend alerter quant aux conséquences psychologiques d'un climat de suspicion généralisé en Europe, dénonce l'idée que les musulmans construiraient des « sociétés parallèles », ainsi que la rhétorique raciste et islamophobe qui a imprégné les discours anti-migrants au cours de l'année [17]. Controverses en BelgiqueEn , Denis Ducarme, député belge, membre du parti de droite Mouvement réformateur, a déclaré au sujet de la création du CCIE à Bruxelles que « notre pays ne peut redevenir une zone de repli pour les islamistes » et a appelé le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, et la ministre de l’Intérieur, Annelis Verlinden, à considérer la dissolution de l’association[18]. Le député belge Denis Ducarme a plus tard porté plainte contre le CCIE pour avoir utilisé son image dans un tweet le afin d’illustrer un article sur l'affaire Ihsane Haouach[19]. Le , le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a annoncé que la Sûreté de l'État suivait avec attention la création en Belgique du CCIE[20]. Le , face au parlement fédéral belge, le journaliste Mohamed Sifaoui a condamné la création du CCIE en Belgique et a soutenu une proposition de loi du Mouvement réformateur visant à durcir la répression d’associations incitant à la haine et à permettre leur dissolution[21]. L’invitation de Mohamed Sifaoui au parlement fédéral belge par Denis Ducarme a provoqué un tollé au sein des partis socialiste et écologiste du fait de la réputation du journaliste[22]. En , le CCIE est accusé de vouloir « peser sur les législatives » en France depuis la Belgique, à travers un formulaire téléchargeable sur le site afin « d’interpeller les élus et les candidats » sur une « normalisation des discours stigmatisants » envers les musulmans[23]. Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
|