Cleveland (Prévost)

Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell
Édition de 1732 chez Étienne Neaulme.
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Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell, aujourd’hui plus communément appelé Cleveland, est un roman-mémoires de l’abbé Prévost. Il est constitué de sept tomes, les quatre premiers publiés en , les trois derniers en et . Un cinquième tome apocryphe, publié par l'éditeur des quatre premiers et écrit par un inconnu, a également paru en [1].

Synthèse

Comme d'autres romans de l'abbé Prévost, Cleveland est longtemps resté dans l'ombre de Manon Lescaut, le seul roman qu'on retient généralement de lui, même si on peut observer une inversion de cette tendance. En son temps, il a néanmoins exercé, en dépit de sa longueur, une grand influence, réédité à plus de vingt reprises, et maintes fois traduit[1]. En outre, Prévost a détourné la première conclusion qu’il projetait pour Cleveland, qui faisait mourir Fanny dans le désert, au profit de Manon Lescaut[2].

Ce roman, qui relate les aventures invraisemblables de Cleveland, bâtard imaginaire d'Oliver Cromwell, ainsi que son histoire d'amour avec Fanny, est présenté comme la traduction du « manuscrit de M. Cleveland » traduit par l’Homme de qualité, un autre personnage de Prévost, auquel le fils de Cleveland aurait confié ses mémoires[3].

Dans ce roman, qui s’inscrit dans la tradition du roman-mémoires, mais qui trouve ses origines dans la tradition du roman baroque du Grand Siècle et appartient néanmoins au genre typique des Lumières du roman philosophique[4], Prévost construit des points d’intersection entre la réalité historique et l’univers romanesque en mêle constamment des éléments réels à la narration, comme le père bien réel qu’il donne à son héros imaginaire[5], même s’il prend de grandes libertés avec la chronologie historique et les réalités géographiques[6].

La « bâtardise » de Cleveland, ses causes et ses conséquences, abandon, rupture, errance et épreuves, constituent également une donnée de base de la trame romanesque, la distribution des rôles, la manière d’être du personnage de ce roman des origines[7]. Dans Cleveland, l’élément psychologique joue également un grand rôle, en impliquant le lecteur dans la narration par l’intermédiaire d’une voix individualisée, qui cherche à imiter le naturel, au service d’une « vérité » subjective[8].

Notes et références

  1. a et b Philip Stewart, « Prévost et son Cleveland : essai de mise au point historique », Dix-Huitième Siècle, no VII,‎ , p. 181-208 (ISSN 1760-7892, lire en ligne, consulté le ).
  2. Philip Stewart, « Sur la conclusion du Cleveland de Prévost : l’influence de la suite apocryphe », Revue de littérature comparée, Paris, vol. 51, no 1,‎ , p. 54 (ISSN 0035-1466, lire en ligne, consulté le ).
  3. Jan Herman et Paul Pelckmans, Prévost et le récit bref : études réunies, Amsterdam, Rodopi, , 217 p., 24 cm (ISBN 978-9-04202-050-4, OCLC 80758168, lire en ligne), p. 130.
  4. Laurence Mall, « Prévost ou l’exotisme tragique : l’épisode américain dans Cleveland », Studies in Eighteenth-Century Culture, Johns Hopkins University Press, vol. 33,‎ , p. 255-276 (ISSN 1938-6133, lire en ligne, consulté le ).
  5. Agnès Steuckardt, « Référence et points de vue : les désignations de Cromwell dans Cleveland », dans Claire Stolz, Vân Dung Le Flanchec, Styles, genres, auteurs, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 178 p., 24 cm (ISBN 978-2-84050-476-4, OCLC 493073373, lire en ligne), p. 111-2.
  6. Paul Vernière, « L’abbé Prévost et les réalités géographiques : à propos de l’épisode américain de "Cleveland" », Revue d’histoire littéraire de la France, Paris, Presses Universitaires de France, vol. 73, no 4,‎ , p. 626-635 (ISSN 2105-2689, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  7. Isabelle Chanteloube, « Scénographie d'un roman des origines : Cleveland ou le philosophe anglais de l'abbé Prévost », L’information littéraire, Paris, vol. 58, no 4,‎ , p. 8-12 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Philippe Jousset, « Cleveland de l’Abbé Prévost : un cas de raison romanesque au temps des Lumières », Revue d’histoire littéraire de la France, Paris, vol. 107, no 1,‎ , p. 45-60 (ISSN 2105-2689, lire en ligne, consulté le ).

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