Claude Verlon
Claude Verlon, né le à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis et mort le [2] à Kidal au Mali, est un ingénieur du son français spécialiste des reportages radio. BiographieAprès des études supérieures suivies dans le sud de la France, Claude Verlon entre à Radio France en avril 1982 en tant qu'opérateur du son. Affecté à Radio France internationale alors intégrée à Radio France, il participe à la création du premier véritable service reportage de la station et y fait toute sa carrière. Désireux d'obtenir une formation plus académique, il entreprend en 1984 de suivre pendant deux ans des cours du soir à l'École nationale supérieure Louis-Lumière et obtient un diplôme en ingénierie acoustique (promotion son 86)[3]. Passionné par l'actualité et homme d'action, il est toujours le premier volontaire pour partir sur le terrain et particulièrement sur les zones de conflit : il devient un des piliers du Service Reportage Technique. Dès 1984, il effectue ses premiers reportages pour Radio France internationale. Commencent alors sa passion pour l'Afrique et une longue série de reportages et missions sur ce continent. Il y noue de nombreuses et fidèles amitiés qui lui permettent, entre autres, de dénouer des situations complexes sur le terrain comme à Bamako en 2005 lors du 23e sommet Afrique-France où il réalise des prouesses techniques en improvisant un studio en extérieur que d'autres grandes radios utiliseront[1]. Claude Verlon est le compagnon de nombreux journalistes aux quatre coins du monde : Afghanistan, Liban, Irak, et bien évidemment l'Afrique. Il est aussi un spécialiste des « points chauds » et il enchaîne les reportages et séjours en zones de conflits dont notamment au Kosovo en 1999, en Afghanistan en 2001, en Irak en 2003, en Libye en 2011, au Mali en 2013. Technicien chevronné, il aime tout particulièrement relever les défis et est considéré comme un des seuls techniciens de reportage capable de retransmettre depuis les endroits les plus reculés du monde. Aussi, reconnu homme de terrain et de toutes les situations mais aussi expert des antennes spéciales et des directs complexes particulièrement sur les zones de conflit, il est tout naturellement missionné sur la majorité des reportages dont la liste est longue et plusieurs, exposés ci-dessous, jalonnent sa carrière[4],[5]. En 1987, il assure la retransmission du déplacement de François Mitterrand en Amérique du Sud (Argentine, Uruguay et Pérou)[6]. En 2006, lors du sommet de la Francophonie organisé à Bucarest, en Roumanie, il arrive à réaliser dans des conditions difficiles un studio placé au plus près du Palais du Parlement, ce qu'aucune autre radio n'aura[1]. En 2010, à Abidjan, lors de la présidentielle en Côte d'Ivoire, il parvient à tendre des bâches sur un toit et à installer un système complexe pour la transmission des éditions spéciales[7]. En 2011, à Benghazi et alors que l'équipe de Radio France internationale se retrouve en pleine manifestation contre Kadhafi, il déploie malgré cela l'antenne au sein de la manifestation et négocie avec une voiture de la sécurité afin de faire ce direct dans les meilleures conditions[7]. En 2012, à Dakar, après une nuit sans sommeil consacrée à la préparation, par les journalistes sur place, d'une édition spéciale à la suite de la défaite d'Abdoulaye Wade face à Macky Sall, il impose là encore son professionnalisme : l'édition se déroulera, au petit matin et malgré cela, avec rigueur et qualité[1]. En 2013, à Addis-Abeba, à l'occasion d'un des sommets africains qu'il couvre régulièrement, il impressionne les deux journalistes qu'il accompagne en réussissant à établir au dernier moment la liaison avec Paris pour un questions-réponses en direct, après avoir déjoué les équipes de sécurité afin d'être juste à temps et tout en assurant une parfaite qualité de transmission[7]. Également en 2013, à Berlin, le soir des élections fédérales allemandes, il assure la technique du direct[7]. Partout où il est possible d'aller, il ira comme au Rwanda, en Israël, à Goma en République démocratique du Congo (RDC) et dans la bande de Gaza[7]. Passionné des événements sportifs, principalement ceux du football, il les couvre tous : les Jeux olympiques (entre autres à Pékin en 2008, etc.), les Jeux africains (entre autres à Nairobi en 1987, etc.), la Coupe du monde de football (entre autres à Munich en 2006, à Séoul en 2002, à Johannesbourg en 2010, etc.), la Coupe d’Afrique des Nations (entre autres à Lagos en 2000, à Ismaïlia en 2003...), le Tour de France (notamment celui de 2013) ou encore le Tour du Faso cycliste (dont celui de 2001)[6]. Certains de ces reportages se déroulent dans des contextes parfois difficiles et des conditions humainement violentes comme à Lagos , ville sulfureuse, en janvier 2000 pour la Coupe d’Afrique des Nations et à Ismaïlia, en Égypte, en 2003, où il assure la retransmission tout en protégeant le journaliste pour que cette retransmission puisse continuer malgré les débordements[6]. En 2001, à l'occasion du Tour du Faso cycliste, et alors que les conditions de retransmission ne sont pas encore à celles de l'internet et donc plus précaires qu'aujourd'hui, il réalise des performances techniques pour que, lors de chaque fin d'étape (que cela soit à Ouahigouya, à Bobo-Dioulasso, à Ouagadougou), les directs soient garantis à l'heure et dans les meilleures conditions techniques mais aussi avec le meilleur son d'ambiance[6]. En 2002, pour la Coupe du Monde de Football au Japon et en Corée et alors qu'une radio étrangère possède exclusivement les droits de diffusion pour la France, il réussit, malgré cette astreinte, à retransmettre depuis un micro studio de 5 m2 sur-climatisés sur les ondes de Radio France internationale mais aussi sur celles de toutes les autres radios françaises qui profitent ainsi de son nouvel exploit technique[7]. En complément de son métier d'ingénieur du son, il assure en plus, pour le site internet de Radio France internationale, les reportages photographiques lorsqu'il est envoyé en mission en binôme avec les journalistes. Ainsi, les articles de ceux-ci sont illustrés :
Après sa mort, des photos prises par Claude Verlon lorsqu'il était alors en reportage sont utilisées pour illustrer des articles [30],[31],[32],[33],[34],[35],[36],[37],[38],[39],[40]. Enlèvement et assassinatLe 2 novembre 2013, sous la présidence de Marie-Christine Saragosse chez France Médias Monde (holding détenue par l'État français et contrôlant les trois entités France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya)[41], Claude Verlon est enlevé puis assassiné non loin de Kidal, au Nord-Est du Mali, alors qu'il accompagne en reportage pour Radio France internationale la journaliste Ghislaine Dupont, décédée dans les mêmes circonstances. Dans la matinée du mardi 29 octobre 2013, les deux envoyés spéciaux arrivent à Kidal où se déroulent dans le même temps les dernières tractations pour la libération des « otages d'Arlit » qui seront remis l'après-midi de cette même journée aux autorités nigériennes. Ghislaine Dupont et Claude Verlon préparaient alors une émission spéciale de RFI sur « la crise dans le nord du Mali et la réconciliation »[42],[43],[44]. Le 11 avril 2014, le parquet de Paris, qui conduisait jusqu'alors une enquête préliminaire sur ce double crime, a ouvert une information judiciaire [45]. Le , RFI remet en question la version officielle de l'armée française sur les morts de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali[46]. La radio affirme que les forces spéciales et les hélicoptères français avaient pris en chasse les ravisseurs, alors que l'armée française avait assuré que ses forces n'avaient eu « aucun contact visuel ou physique » avec les auteurs de l'enlèvement[47]. Le 11 juin 2021, la ministre des Armées Florence Parly déclare officiellement la mort Baye Ag Bakabo, chef du commando et membre d'Aqmi qui avait enlevé Claude Verlon et Ghislaine Dupont lors d'une opération militaire dans la région d'Aguel'hoc[48]. Hommages officielsGhislaine Dupont et Claude Verlon ont été décorés à titre posthume de l'Ordre national du Mali par le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Keïta le 4 novembre 2013[49]. L'Organisation des Nations unies (ONU) déclare le 2 novembre journée internationale pour la protection des journalistes : un comité de l'Assemblée générale des Nations unies a voté une déclaration faisant du 2 novembre la journée internationale pour la protection des journalistes[50]. Cette date a été choisie en mémoire de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Le 9 juin 2014, le Newseum a rendu hommage aux 77 journalistes qui ont été tués dans le monde en 2013 en faisant le choix de n'ajouter que 10 noms dont ceux de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont[51]. Le , une Place Ghislaine-Dupont-Claude-Verlon-Camille-Lepage est inaugurée dans le 2e arrondissement de Paris, en hommage aux trois journalistes tués[52]. Référence et sources
Liens externes
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