Charles Féré était l'unique enfant d'une famille de paysans aisés. Il fit ses études au lycée Corneille de Rouen avant d'entrer à l'école de médecine de cette ville. Il eut alors pour professeur le chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Rouen Achille Flaubert (1813-1882), le frère de l'écrivain Gustave Flaubert. Charles Féré devint par la suite l'interne et le secrétaire particulier du neurologue Jean Martin Charcot (1825-1893) à la Salpêtrière en 1881, puis le médecin en chef du laboratoire de Bicêtre à partir de 1887.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la médecine, la psychologie, la sexualité et la criminalité. Il appartenait à de nombreuses sociétés savantes : Société de biologie, Société d'anthropologie, Société médico-psychologique, Société de psychologie physiologique, Society for Psychical Research, Société de médecine de Rouen.
Il fut un ami personnel d'Alfred Binet (1857-1911), avec lequel il écrivit plusieurs articles sur l'hypnose et la psychologie expérimentale.
La nécrologie parue dans Le Progrès médical du mentionne "ses expériences mémorables sur le «travail musculaire » et la « physiologie des mouvements volontaires », sur le rôle des excitations sensitives et sensorielles dans la « fatigue musculaire » et sur leur enregistrement graphique, sur la « sensation et le mouvement », sur le travail et le « temps de réaction » " qui avaient contribué à sa réputation. Ces recherches devaient l'amener à une longue collaboration inattendue avec une musicienne, la pianiste Marie Jaëll (1846-1925) dont il fit la connaissance lorsqu'elle publia son premier ouvrage en 1896, fruit de ses recherches pédagogiques La musique et la psychophysiologie.
Dans ses souvenirs et mémoires, publiés en 1915, l'écrivain nationaliste Léon Daudet fit de Charles Féré un portrait corrosif : « Huron rempli de lectures », « dévot du néant », « servant du matérialisme ».
↑Son acte de décès (n° 763) dans les registres de décès du 16e arrondissement de Paris pour l'année 1907.
Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux de 1880 à 1905, Livre de Poche, Paris, 1968
(en) Dictionary of Philosophy and Psychology, New York, Londres, 1905, 3 vol.
Bibliographie
Isabelle Capelle, Charles Samson Féré (1852-1907) élève de Charcot et aliéniste de Bicêtre. Travailleur infatigable et patient, Thèse de médecine, Caen, 1998
Jacqueline Carroy, Hypnose, suggestion et psychologie. L'invention de sujet, PUF, Paris, 1991
Françoise Cot et Yves Joanette, « La rééducation de l'aphasie en France vers 1900 », Rééducation orthophonique, 29, 1991, 165, 3 - 19.
Roger Courtin, Charles Féré (1852-1907), médecin de Bicêtre et la recherche expérimentale en psychologie clinique hospitalière sous l'égide de Charcot, Connaissances et savoir, Paris, 2007
Sur l'influence des travaux de Charles Féré sur Nietzsche, la décadence et le pessimisme :
H.E. Lampl, Vivre et mourir debout. Texte zu Friedrich Nietzsche, Junghans- Verlag Luxhaven, Uster/Zurich, 1993.
(de) H.E. Lampl, « Ex oblivione: das Feré. Palimpsest Noten zur Beziehung Friedrich Nietzsche - Charles Féré (1857-1907) », dans Nietzsche-Studien, 1996, vol.15, p.225-264.
(de) B. Wahrig-Schmidt, « Irgendwie, jedenfalls physiologisch. Friedrich Nietzsche, Alexandre Herzen (fils) und Charles Féré 1888 », dans Nietzsche-Studien, 1988, vol.17, p.434-464.
Liens externes
Sur Charles Féré et la pianiste Marie Jaëll (1846-1925): Marie Jaëll: de l'art du piano à la science du toucher. Exposition Strasbourg [1]
Pour des compléments biographiques voir le site du docteur Michel Caire sur l'histoire de la psychiatrie française [2]