Le château de Grand-Ribeaupierre[2] (en allemand : Rappolstein), également connu sous le nom du château de Saint-Ulrich, est l’un des trois châteaux (avec le Girsberg et le Haut-Ribeaupierre) qui dominent la commune française de Ribeauvillé, dans le Haut-Rhin. Il est situé à 528 m d'altitude.
Le nom du site est dû à la chapelle dédiée à saint Ulrich, évêque d'Augsbourg, qui se trouve dans le château. Les textes médiévaux, quant à eux, ne font nullement usage de ce nom : le château portait à l'origine le nom de la famille de Ribeaupierre qui y avait installé le siège de leur seigneurie.
Le château est mentionné pour la première fois en sous le nom de « rocher de Reginbald », faisant sans doute référence au seigneur Reginboldi qui apparaît dans les sources au début du XIe siècle[4]. Le , l’empereurHenri IV du Saint-Empire remet ce château au prince-évêque de Bâle[5]. Son successeur, Henri V, récupère la fortification en pour s'en servir comme point d'appui dans sa guerre contre les comtes d'Eguisheim. Frédéric Ier Barberousse l'attribue ensuite à l’un de ses fidèles, Egenolphe d'Urslingen, vers . Mort vers , ce dernier a sans doute épousé Emma, héritière des premiers seigneurs du château[6]. Entre les XIIe et XVIe siècles, il est la principale résidence des Ribeaupierre.
Le titre de « sire de Ribeaupierre » apparaît pour la première fois en pour qualifier les petits-fils d’Eguenophe qui ont pris le nom du lieu[7]. Anselme II de Ribeaupierre qui chasse les autres membres de sa famille du château, y soutint victorieusement deux sièges en contre Rodolphe Ier du Saint-Empire, roi des Romains et en contre son successeur, Adolphe Ier.
Une criminelle célèbre, la dame Cunégonde d'Hungerstein (de son nom de jeune fille Billing de Willsperg) est enfermée au XVe siècle pendant près de vingt ans dans le donjon et tente de s'en échapper avec la complicité du guetteur. Elle était accusée d'avoir étranglée en Guillaume de Hungerstein, son mari, vassal des Ribeaupierre, établi à Guebwiller.
Le château possède une très belle architecture militaire du Moyen Âge dans la plaine d'Alsace qui comprenait un donjon érigé au XIIe siècle et un logis avec une cheminée du XIIe siècle. Au XIIIe siècle, la salle des chevaliers est décorée de neuf belles fenêtres de style roman que l'on peut encore apercevoir. Vers , est érigée la chapelle consacrée à saint Ulrich. La famille des Ribeaupierre quitte ce château pour un château de style Renaissance (l'actuel lycée de Ribeauvillé) dans lequel le centre administratif de la seigneurie est transféré en [8]. Par la suite, le château est démantelé durant la guerre de Trente Ans.
Description
Les vestiges actuellement visibles datent de plusieurs époques : le donjon carré et le corps de logis sont datés du XIIe siècle, la salle des chevaliers, et la grande tour d'habitation du XIIIe siècle, alors que la barbacane d'entrée et l'enceinte extérieure sont du XIVe siècle.
Le château est réaménagé vers et doté d'un bâtiment d'apparat dont seul le niveau inférieur est conservé. Il s'éclaire par des fenêtres géminées surmontées d'oculus et est doté de banquettes latérales[9],[note 1].
↑Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN978-2-7165-0828-5), p. 264.
↑(de) Karl Albrecht, Rappoltsteinisches Urkundenbuch 759-1500 : Quellen zur Geschichte der ehemaligen Herrschaft Rappoltstein im Elsass, vol. I-V, Colmar, Eglinsdörfer & Waldmeyer, (lire en ligne), p. XIV.
↑Odile Kammerer, « Chapitre I : géographie politique (1250-1350) », dans Entre Vosges et Forêt-Noire : pouvoir, terroir et villes de l’Oberrhein, 1250-1350, Paris, Éditions de la Sorbonne, (ISBN979-10-3510-211-1, DOI10.4000/books.psorbonne.20905, lire en ligne), p. 37-147.
↑Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN978-2-7165-0828-5), p. 267.
Jean Braun, Circuit des châteaux forts d'Alsace, Ingersheim : éd. SAEP, 1978, collection Delta 2000.
Christophe Carmona, Guy Trendel Guy, Les Châteaux autour de Ribeauvillé et Riquewihr, Sarreguemines, éd. Pierron, 2001, collection Les Châteaux des Vosges : histoire, architecture, légendes n° 7.
Nicolas Mengus, Au temps des châteaux forts en Alsace, Strasbourg, éd. Coprur, 2004.
Gilbert Meyer, « Le château du grand Ribeaupierre Saint-Ulrich », Annuaire 1978 Société d'histoire et d'archéologie de Colmar, Publications des Sociétés d'Histoire de Colmar et des environs, t. XXVII, , p. 119-134 (lire en ligne)
Gilbert Meyer, « Les trois châteaux de Ribeauvillé : Le château du Grand Ribeaupierre-Saint-Ulrich », dans Congrès archéologique de France. 136e session. 1978. Haute-Alsace, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 91-103
Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 662 p. (ISBN2-7165-0250-1)
Ribeauvillé : Ruines des châteaux de Guirsberg, Haut-Ribeaupierre et Saint-Ulrich, pp. 339-340
Ribeauvillé : Tour-porte des Bouchers, Ribeaupierre (Grand) ou Saint-Ulrich, Ribeaupierre (Haut) ou Altenkastel, Girsberg-Stein ou Petit-Ribeaupierre, pp. 968 à 970
Charles-Laurent Salch, Nouveau dictionnaire des châteaux Forts d'Alsace, Alsatia, 1991.