Castifao
Castifao est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Elle appartenait à la piève de Caccia. GéographieSituationCastifao est située dans l'ancienne pieve de Caccia dont elle était le centre, sur la rive gauche du Golo, en limite du parc naturel régional de Corse et du Giussani. Elle domine la basse vallée de l'Asco.
Géologie et reliefCastifao occupe une partie septentrionale de la dépression centrale de l'île, une ligne qui la coupe du nord-ouest au sud-est, depuis l'Ostriconi jusqu'à Solenzara et qui partage la « Corse occidentale cristalline » anté-hercynienne et hercynienne située à l'ouest, comprenant des formations géologiques qui vont du protérozoïque au permien, constituée pour l'essentiel de roches granitiques, de la « Corse orientale Alpine » composée de terrains divers, issus d’un océan disparu appelé liguro-piémontais et de ses marges continentales[1]. Cette zone présente une couverture sédimentaire autochtone de la Corse ancienne. La commune est ceinte sur toute sa partie occidentale par une chaîne de montagnes moyennes, contreforts d'un petit chaînon montagneux du massif du Cinto, comprenant le Monte Padro et les Aiguilles de Popolasca. Elle est traversée par la rivière Tartagine depuis le départ de la Crête di Poggiali (386 m) jusqu'à sa confluence avec le ruisseau de Rosario où se trouve une ancienne carrière. Le plus haut sommet de la commune se situe à (1 068 m), à proximité de la Punta Debbiole (1 119 m - Moltifao). Sous celui-ci, passant sous le versant méridional du village et la Tour de Paganosa, prend naissance le ruisseau Canale lequel va grossir le ruisseau de Frescolina affluent de la rivière Tartagine. HydrographieLa rivière Tartagine affluent de l'Asco, est le plus important cours d'eau communal. Durant la traversée du territoire sur environ 10,5 km[2], la Tartagine reçoit les eaux de nombreux ruisseaux parmi lesquels les ruisseaux de Calanello (rd)[3], de Frescolina (rd)[4], de Cattarello (rg)[5], de Forci (rd)[6] grossi des eaux du ruisseau de Solane, et de San Pietro (rg) qui a pour autre nom ruisseau de Sette Guadelle et ruisseau de Ronna[7]. ClimatVoies de communication et transportsAccès routiersTrois routes permettent d'accéder au village de Castifao. Elles partent toutes trois de la RT 301 : au nord la D 247 depuis Palasca, à l'est la D 247 depuis la route territoriale 30 (ex-RN 197) dite Balanina et au sud la D47 de Moltifao. Cette dernière route se termine en cul-de-sac au village. TransportsVillage de montagne, Castifao est distant, par route, de :
UrbanismeTypologieAu , Castifao est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[8]. Elle est située hors unité urbaine[9] et hors attraction des villes[10],[11]. Occupation des solsL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (96,3 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (96,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (81,6 %), forêts (8,5 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (6,2 %), zones agricoles hétérogènes (3,8 %)[12]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1]. ToponymieHistoireAntiquitéMoyen ÂgeLa tradition orale permet de remonter les origines de Castifao jusqu'au XIIe siècle. Mais il semble bien que le village ait existé dès le IXe siècle, au lieudit Cuntratorri. Castifao était la capitale historique de la pieve di Caccia. L'église Santu Nicolau date du XIIe siècle. Quant au couvent San Francescu ruiné, il date de 1510. Vers 1520, la pieve de Cachia comptait environ 3 500 habitants (avec Petralba). Les lieux habités étaient la Petrella, Castifao, la Roma, la Paganosa, le Piazze, Moltifao, Cheta, Merezoli, Campolato, lo Borgo, Sevola, Asco, Canavaggia, la Costa[13]. Temps modernesDans l'histoire de la Corse, le couvent Saint-François de Castifau restera célèbre pour sa Consulta de 1755, l'assemblée de députés convoqués par le général Pasquale Paoli qui jeta les bases de la Constitution de la Corse indépendante. Castifao au temps de la Grande révolte des Corses contre les GénoisDans sa Chronologie des évènements survenus durant la période comprise entre 1729 et 1769 et qui se sont déroulés à Castifao, très souvent au couvent de Caccia, Antoine-Dominique Monti[14] rapporte les faits suivants :
En 1789 la pieve de Caccia devient le canton de Castifao. Époque contemporaineEn 1954, le canton de Castifao comprenait les communes de Asco, Castifao et Moltifao. Castifao comptait 280 habitants en 1954[13]. 1971 - 1973 : De nouveaux cantons sont créés. Le nouveau canton de Castifao-Morosaglia est créé avec la fusion imposée des anciens cantons de Castifao et Morosaglia. Politique et administrationTendances politiques et résultatsListe des mairesPopulation et sociétéDémographieL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[15]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[16]. En 2022, la commune comptait 152 habitants[Note 1], en évolution de −5 % par rapport à 2016 (Haute-Corse : +5,15 %, France hors Mayotte : +2,11 %). Manifestations culturelles et festivités
ÉconomieLes ressources économiques sont tirées essentiellement du pastoralisme (élevage d'ovins). Récemment, un contrat de concession immobilière a été signé le 12 septembre 2009 avec la société Kyrnesole. Il concerne le projet d'implantation d'une ferme photovoltaïque au lieu-dit Sant' Agostino, au sud-est du village. La commune dispose d'une agence postale et d'un service de l'Office national des forêts. Culture locale et patrimoineLieux et monuments
Tour PaganosaLa Tour Paganosa construite en 1606, aujourd'hui ruinée, domine le hameau éponyme. Cette maison-tour génoise à deux étages avait une plate-forme de guet. Elle a été détruite par un incendie au siècle dernier. Pont génois de PianaLe pont génois au hameau de Piana, a été construit sur la rivière Tartagine en 1498. Il est proche de la route D 547 et est signalé par un panneau. L'ouvrage n'est pas protégé.
Ancien couvent de CacciaLe couvent San Francescu di Caccia est situé sur la route qui relie Castifao à Moltifao, au col (493 m) du même nom. Il a été élevé à partir de 1510, du moins en ce qui concerne sa première mouture. Au départ, c'était un bâtiment en bois, appelé alors luoco, dont les plans sont dus à Ghjuvacchinu, un franciscain originaire du village voisin de Sepula, abandonné depuis le XVIIIe siècle. En grande partie détruit par les troupes du général génois Doria en 1553, le couvent est restauré en 1569 par le frère Agustinu di a Pupulasca (Augustin de Popolasca), son « gardien », c'est-à-dire son supérieur. La toute première église est consacrée en juillet 1569. Elle abrite les reliques de deux saints très en vogue à l'époque, San Costanza et San Grato. Devant l'importance du culte, la construction d'une seconde église est rendue nécessaire en 1750. C'est dans ce couvent, dont le supérieur, le RP.Apostolis est l'un de ses amis, que Pasquale Paoli assemblera, en avril 1755, peu de temps après son retour en Corse, la Cunsulta de Caccia, qui jette les bases de la Constitution de la future Corse indépendante. Après l'annexion française, le couvent sert de siège à l'une des quatre juntes installées par le nouveau pouvoir. Dans les locaux transformés pour les besoins de la chose, se trouve logés les militaires du Régiment Provincial Corse et le personnel judiciaire de la Junte. On applique même la question ordinaire dans les caves du couvent. En 1782 un pan de voûte s'effondre, causant de nombreuses victimes. Lors de la Révolution Française, il est pillé et ruiné. Bon nombre de ses terrains sont vendus aux enchères ; son mobilier est dispersé dans les environs. Le village voisin de Moltifau conserve aujourd'hui encore l'imposant tableau de la Cène qui se trouvait dans le réfectoire du couvent. Dans l'église paroissiale Saint-Nicolas sont transférés de nombreux tableaux et statues, l'orgue et le maître-autel en marbre. Pendant le royaume Anglo-Corse (1794 - 1796) le couvent est à nouveau fréquenté par quelques frères qui remettent en état certaines parties du bâtiment. Mais à la chute du royaume, celui-ci est abandonné. En 1824 la commune décide d'en faire le cimetière municipal, et ce malgré l'opposition du directeur des Domaines qui tente de s'y opposer par préfet interposé, mais en vain. Le couvent était habité par des moines franciscains encore appelés zocculanti à cause des sandales qu'ils chaussaient pour aller quêter sur les routes de la région. Un contrat précis, passé devant notaire, indiquait clairement quels endroits leur étaient autorisés pour ces quêtes. San Francescu a vécu des heures historiques. Une mission de réconciliation eut lieu en 1744, avec la venue de San Leonardo di Porto Maurizio. Mais d'autres grands moments jalonnèrent la vie de l'édifice comme la Consulta de 1743, celle de 1755, le séjour du visiteur apostolique, Mgr de Angelis, en 1763, ou bien encore les derniers combats des derniers résistants paolistes conduits par Cervoni et Pasqualini en 1774. Église Saint-FrançoisL'église Saint-François du couvent, celle de 1750, est protégée et classée MH par arrêté du 28 mai 1979[19]. En 1994 le fronton de l'église est restauré. L'édifice est en pleine réfection depuis plusieurs années (travail de l'Associu San Francescu di Caccia créée par Jean Raphaël Cervoni.)
Église Saint-NicolasL'église Saint-Nicolas (San Nicolaiu) du XIIe siècle, remaniée avec un clocher à trois étages au XVIIIe siècle, parait être l'église piévane de Caccia. Elle a été récemment restaurée. Comme pour de très nombreuses églises de Corse, une statuette du saint patron est présente dans la petite niche au-dessus de l'entrée. L'église est située en contrebas de la place du Monument aux morts. La chapelle de confrérie Saint-Antoine de Janvier lui fait face. Sont attenantes à l'édifice, la mairie et l'agence postale. Autres patrimoines religieux
Patrimoine naturelArrêté de protection de biotope, d’habitat naturel ou de site d’intérêt géologique
Les anciennes galeries des mines de Saint-Augustin abritent une colonie exceptionnelle de huit espèces de chauves-souris regroupant plus de 1200 individus chacune année.
Parc naturel régionalCastifao est une commune adhérente au parc naturel régional de Corse, dans son « territoire de vie » appelé Caccia-Ghjunsani[21]. ZNIEFFLa commune est concernée par trois zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique de 2e génération :
Les anciennes mines de Castifao étaient autrefois exploitées pour le cuivre. D'une superficie de 300 ha, sur les communes de Castifao et de Moltifao, elles sont composées de trois ensembles distincts : les mines du hameau de Piana, les mines sur la Tartagine en amont de Piana et la mine isolée dite « génoise », située au nord de la zone principale. Leurs galeries abritent six espèces de chiroptères et, fait très rare, servent à la fois de gîtes d’hibernation et de reproduction. D'un intérêt régional primordial pour les chauves-souris, le site fait l'objet de la fiche ZNIEFF 940030410 - Anciennes mines de Castifao[22].
D'une superficie de 353 ha, la zone concerne la seule commune de Castifao. Elle se situe sur le côté ouest de la D547, après le village de Piana, en direction d’Olmi-Cappella. Les boisements de chênaies vertes de petite taille mais avec des arbres âgés et de belle taille abritent des sites de nidification d'autours des palombes (Accipiter gentilis). La zone fait l'objet de la fiche ZNIEFF 940031091 - Chênaies vertes d'Acoulese à Castifau[23].
La zone d'une superficie de 1 724 ha concerne six communes : Canavaggia, Castifao, Moltifao, Morosaglia, Piedigriggio et Popolasca. Elle comporte trois parties :
La zone fait l'objet de la fiche ZNIEFF 940004186 - Chênaies vertes d'Acoulese à Castifau[24]. Natura 2000
Personnalités liées à la commune
Né le 21 avril 1908 à Paris, le Pr Antoine Colombani effectue ses premiers travaux de recherche sous la direction de Paul Langevin au Collège de France, où il passe sa thèse de doctorat en 1943. Officier de la Marine nationale en 1939 - 1940, actif dans la résistance, il participe aux combats pour la libération de Paris, où il est décoré. Après la guerre, il constitue, à Caen puis à Rouen, des groupes de recherche universitaire qui contribuèrent largement au développement de la physique des couches minces métalliques. Il fut parmi les fondateurs de l'Université de Rouen, étant en particulier Doyen de la Faculté des Sciences de 1961 à 1971. Marié à Lucette Nérinck en 1944, deux enfants : Pascal Colombani et Françoise Colombani-Clier. Voir aussiBibliographieArticles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Cartes
Références
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