En tant qu'archiviste, elle a notamment participé à l'ouverture des archives de l'Algérie et travaillé au sein de la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France. De cette expérience professionnelle elle a tiré un ouvrage personnel Je cherche les traces de ma mère : chroniques des archives, publié en 2006, puis devenu une source d'inspiration pour l'un des épisodes des Éphémères, joué par la troupe du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine.
En 1979, Caroline Piketty[a] a 21 ans lorsqu'elle réussit, classée au treizième rang, le concours d'entrée à l'École nationale des chartes[1]. Elle intègre l'école lorsqu'elle est nommée élève de première année par l'arrêté du [2]. C'est au mois de mars 1986[3] qu'elle soutient, devant M. Vernet et Mlle Hubert, sa thèse « Les maîtres et étudiants du collège Saint-Bernard de Paris de 1224 à 1494 ». Elle est nommée, « hors rang », archiviste paléographe, le [4].
C'est la tante de Thomas Piketty, le célèbre économiste.
Parcours
Le , elle est nommée au Service historique de l'armée de terre[5]. En 1990, elle y prend la direction d'un groupe d'archiviste, dénommé « groupe Algérie », pour reprendre le fonds en affinant le traitement effectué par Jean Nicot de 1981 à 1990 et en précisant les délais de communicabilité des documents[6], ce qui permet l'ouverture au public de ces archives [b]. La première mouture de l'« inventaire des archives de l'Algérie » est publiée en 1994[7].
En 1994, elle est nommée conservateur aux Archives nationales[8]. Elle y débute par la poursuite d'un travail sur l'inventaire des archives du Président Georges Pompidou.
En , elle est mise à disposition des services du Premier ministre, dans le cadre de la création de la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France, dont la présidence est confiée à Jean Mattéoli[9]. Les objectifs sont fixés par la lettre de mission, mais Annette Wieviorka constate qu'il n'y a pas eu de réflexion sur la manière de les atteindre. Elle souligne que le succès de la mission est notamment dû à Caroline Piketty, à Éliane Chemla, venue du Conseil d'État, et à Ady Steg, qui ont permis de faire émerger « l'idée que le travail de la mission devait être un rigoureux travail historique »[10].
En 2006, Caroline Piketty publie « Je cherche les traces de ma mère, chronique des archives »[14]. Elle y décrit ses propres émotions mais également celles de personnes venant rechercher des traces d'un membre de leur famille lors de son travail sur la « spoliation des biens juifs »[15].
En janvier 2013, elle devient responsable du département de l'accueil des publics aux Archives nationales à Pierrefitte.
Je cherche les traces de ma mère : chroniques des archives
Cet ouvrage, publié en 2006, est directement issu des notes prises par Caroline Piketty lors de son action d'archiviste dans le cadre du bureau des recherches administratives familiale ouvert après le travail de la mission Mattéoli[17]. Cet ouvrage, qui selon Patrice Marcilloux« fait date » chez les archiviste du fait de son ton personnel « d'une manière qui n'est ni historique ni archivistique mais entièrement affective »[18], est à l'origine de l'un des épisodes du spectacle des Éphémères, joué par la troupe du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, qui montre « une fonctionnaire des archives accueillir, au milieu des cartons et des boîtes, une femme qui cherche à comprendre l'histoire de sa mère »[19].
Publications
Thèse
Thèse non publiée
Les Maîtres et étudiants du collège Saint-Bernard de Paris de 1224 à 1494 (thèse présentée pour l'obtention du diplôme d'archiviste-paléographe, texte imprimé, consultable aux Archives nationales sur autorisation de l'auteur), Paris, , 465 p. (présentation en ligne).
Cette thèse n'a pas été publiée, mais des articles l'ont pour origine, en 1991 Jacques Verger cite la thèse et deux articles comme étant une étude utile mais limitée à un lycée dans le champ, « l'histoire de l'université de Paris au Moyen Âge », largement déficitaire en recherches[20].
Articles en liens avec la thèse
« Benoît XII et les collèges cisterciens du Languedoc », dans Marie-Humbert Vicaire et al., Les Cisterciens de Languedoc, XIIIe-XIVe s (actes du colloque tenu en 1985 sous la présidence de Jean Leclercq), Toulouse, Privat, coll. « Cahiers de Fanjeaux » (no 21), (présentation en ligne), p. 139-150.
« La promotion des études chez les cisterciens à travers le recrutement des étudiants du collège Saint-Bernard de Paris au Moyen Age », Cîteaux, no 39, , p. 65-78[21].
« Les lectures des œuvres des pensionnaires du collège Saint-Bernard : jalons pour l'histoire intellectuelle de l'ordre de Cîteaux à la fin du Moyen Age », Cîteaux, no 40, , p. 245-291[21].
Archives de la Présidence de la République, Georges Pompidou, 1969-1974 (Inventaire établi avec Sandrine Bula et Janine Irigoin. Encodé et complété en 2006 par Pascal Geneste et Christèle Noulet. Mis en ligne en 2015), Paris, Archives nationales, , 272 p. (ISBN2-11-003603-6, lire en ligne).
Papiers Jean Zay (667 AP : répertoire numérique détaillé / Archives nationales ; rédigé avec la collaboration, d'Éric Landgraf, de Pascal David, et de Stéphane Le Flohic), Paris, Archives nationales, , 230 p. (BNF42225653).
Fonds Jean Longuet, 1865-1995 (répertoire numérique détaillé de la sous-série 671 AP / Archives nationales ; établi avec Odile Jurbert et Victoire Pinchon ; avec la collaboration de Christian Oppetit et d'Isabelle Aristide-Hastir), Paris, Archives nationales, , 293 p. (BNF43646684).
Articles
« Les archives de la période de l’Occupation : le cas des archives conservées aux Archives nationales », dans Sébastien Laurent (dir.), Archives «secrètes», secrets d'archives ?, Paris, CNRS Éditions, (ISBN9782271061577, lire en ligne), p. 93-101.
« Concevoir les archives comme porteuse de valeurs citoyennes », dans Archives et construction de la citoyenneté (actes du séminaire, formation nationale - 6 & 7 avril 2005, IUFM de Paris-Molitor, CHAN), Paris, IUFM / Pôle national de ressources patrimoine-archives, (lire en ligne), p. 22-24.
« Les papiers de Jean Zay. Nouvelles sources d'archives pour l'histoire du début du XXe siècle », Histoire@Politique. Politique, culture, société,, no 16, , p. 1-11 (lire en ligne, consulté le ).
Essayiste
Je cherche les traces de ma mère : chroniques des archives, Paris, Éd. Autrement, coll. « Passions complices », , 118 p. (BNF41108087, présentation en ligne).
↑La note, de 1979, indique « Mme Obert, née Piketty (Caroline Marie Monique Thérèse) »[1]. À une époque, elle signe ses publications Caroline Obert ou Caroline Obert-Piketty, puis Caroline Piketty.
↑Lire en publication : articles : Concevoir les archives comme porteuses de valeurs citoyennes.
Michel Balard, Bibliographie de l'histoire médiévale en France (1965-1990) (Société des historiens de l'enseignement supérieur), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 25), , 486 p. (ISBN978-2-85944-214-9, lire en ligne), p. 153.
École des chartes, « Chronique : Archives », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 152, no 2, , p. 626-627 (lire en ligne, consulté le ).
École des chartes, « Chronique », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 158, no 2, , p. 673 (lire en ligne, consulté le ).
École des chartes, « Décorations », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 158, no 2, , p. 677 (lire en ligne, consulté le ).
École des chartes, « Chronique : Archives », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 160, no 2, , p. 752 (lire en ligne, consulté le ).
Thierry Sarmant, « Les archives de la guerre d’Algérie : le secret entre violence et mémoire », dans Sébastien Laurent (dir.), Archives «secrètes», secrets d'archives ?, Paris, CNRS Éditions, (ISBN9782271061577, lire en ligne), p. 103-110.
École des chartes, « Chronique : Archives », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 162, no 2, , p. 675 (lire en ligne, consulté le ).
Yves-Marie Bercé, « Chronique de l'École des chartes et des archivistes paléographes », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 163, no 2, , p. 607-622 (lire en ligne, consulté le ).
Le Télégramme, « Rencontre avec Caroline Piketty », Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
Le Télégramme, « L'archiviste Caroline Piketty lève le voile sur notre Histoire », Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
École des chartes, « Archives », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 167, no 2, , p. 644 (lire en ligne, consulté le ).
Annette Wieviorka, L'Heure d'exactitude : Histoire, mémoire, témoignage (entretiens avec Séverine Nikel), Paris, Albin Michel, coll. « itinéraires du savoir », , 256 p. (ISBN978-2-226-26753-5, lire en ligne).
Annette Wieviorka, « Éléments pour une histoire de la Mission Mattéoli », La Revue des droits de l’homme, no 2, (lire en ligne, consulté le ).
Patrice Marcilloux, « Les archives de la seconde guerre mondiale en France, de l'histoire à l'histoire de soi. », Revista Tempo e Argumento, vol. 5, no 9, , p. 288-311 (lire en ligne, consulté le ).
Isabelle Rambaud, « De Descartes à Boltanski, ou petites réflexions sur les principes et usages de l’émotion au pays des archives », Gazette des archives, no 233, , p. 91-116 (lire en ligne, consulté le ).
Agnès Magnien (dir.), Traces : les graffiti du camp de Drancy 1941 - 1944, Pierrefitte-sur-Seine, Archives Nationales, , 39 p. (lire en ligne).
Président de la République, « Décret du 6 avril 2016 portant nomination (conservateurs généraux du patrimoine) », Journal officiel de la République française, no 0083, , texte n°81 (lire en ligne, consulté le ).