Carole Thibaut est née à Longwy en 1969 d'un père originaire de cette même ville ; né en 1942, il travaille dans la vallée de la Chiers aux Aciéries[2]. De 1987 à 1991, tout en commençant sa carrière de comédienne dans des compagnies en Bourgogne, elle suit des cours d'art dramatique au CDN et au conservatoire de Dijon et des études de lettres et de philosophie[3]. Elle poursuit sa formation, en 1992, à l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) à Paris et, en 1995, à La Femis (cours de scénario). Elle débute la mise en scène en 1994 avec Caligula d'Albert Camus et elle crée la Compagnie Sambre[4]. En 1997, elle dirige le théâtre Jean-Marais de Saint-Gratien, où la Compagnie Sambre est en résidence, jusqu'en 2002.
Elle est accueillie ensuite en résidence avec sa compagnie à l’espace Germinal à Fosses (Val-d’Oise) où elle va travailler six ans ainsi que dans l’Est-Val-d’Oise à Villiers-le-Bel, Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, Gonesse, etc.
Elle s’associe ensuite à Confluences Paris 20e dont elle devient directrice artistique de 2010 à 2015 et où elle crée des événements comme Les rencontres de la genre humaine en 2009.
Comédienne de formation, Carole Thibaut commence par mettre en scène des œuvres d’autres auteurs et autrices, classiques et contemporaines[5]... Puis, à partir de 2006, elle met en scène ses propres textes.
Elle poursuit sa carrière de comédienne, au théâtre, dans près d'une trentaine de spectacles, notamment avec la Compagnie Sambre. Au cinéma elle a joué dans 18 Ans après de Coline Serreau, dans Ma caméra et moi de Christophe Loizillon.
Le , Carole Thibaut est nommée directrice du CDN de Montluçon-Auvergne, dans l'Allier, fonction qu'elle assure à partir de janvier 2016[6]. Le 17 juillet 2015, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin la nomme chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres[7]. De 2017 à 2019, Carole Thibaut est vice-présidente de l'Association des centres dramatiques nationaux et régionaux[8].
Artiste engagée, Carole Thibaut milite notamment pour l’égalité des femmes et des hommes. Elle a ainsi participé à la fondation du mouvement HF – égalité hommes/femmes dans les arts et la culture[9]. Se réclamant de la pensée de Françoise Héritier, elle a pris la parole dans divers médias pour sensibiliser le public français au sujet des représentations sexistes dans le spectacle vivant ainsi que de l'effacement spécifique des autrices de la mémoire collective[10],[11]. Elle intervient deux fois au Festival d'Avignon pour dénoncer la faible place occupée par les femmes dans le théâtre[12] : la première fois en 2016, invitée à s'exprimer sur l'exclusion des autrices par Thomas Jolly au jardin Ceccano ; puis en 2018, invitée au même endroit par David Bobée dans son feuilleton théâtral parodique Mesdames, Messieurs et le reste du monde, où elle a pris la parole à la suite de l'intervention de Gerty Dambury du collectif Décoloniser les arts. Lors de cette seconde intervention, elle refuse un faux Molière et déplore avec colère, calculs personnels et rapport 2018 du HCE sur les arts et la culture en France à l'appui[13], qu'aucune amélioration de la représentation des femmes au Festival d'Avignon ni dans le milieu français du spectacle vivant n'a été rendue effective depuis son premier discours, alors que le thème de l'année 2018 était le genre et que l'organisateur et metteur en scène Olivier Py avait annoncé une quasi-parité[14]. En août 2018, elle est alors invitée aux côtés de Reine Prat, autrice des rapports de 2006 et 2009 pour l’égalité des femmes et des hommes dans les arts du spectacle commandités par le ministère de la Culture, au micro de Romain de Becdelievre pour une émission radiophonique intitulée Inégalités femme/homme dans le spectacle vivant : rien ne change ? sur France Culture[15].
Écrits, mises en scène, rôles
1994 : Caligula d’Albert Camus mise en scène, Théâtre 347
2000 : L'Envers des sens, texte d’après Les jeux de l’orgueil de Claude Sadut, mise en scène de Jacques Descorde, jeu, Théâtre de Saint Gratien et tournée
2001: Van Gogh, adaptation des correspondances de Vincent Van Gogh mise en scène, Théâtre de Saint Gratien, tournée
2003 : Six hommes grimpent sur la colline De Gilles Granouillet mise en scène, Théâtre de Saint Victor sur Loire et tournée
2004 : Puisque tu es des miens de Daniel Keene, mise en scène, Théâtre de Fosses et tournée
2014 : Printemps, écriture et mise en scène, pour la troisième année des étudiant.e.s de l'ENSATT. ENSATT
2015 : Monkey Money, texte et mise en scène, Théâtre du Nord - Cdn de Lille-Tourcoing, Maison des Metallos, théâtre des Célestins à Lyon et tournée
2016 : Longwy Texas, texte et interprétation, Scène Nationale Le Carreau à Forbach, Théâtre des Ilets - CDN de Montluçon, Théâtre du Rond Point, tournée, Maison des métallos, Paris[16]
2016 : À plates coutures, texte, mise en scène de Claudine Van Beneden
2017 : Les Variations amoureuses, texte et mise en scène, théâtre des îlets - CDN de Montluçon et tournée
2018 : La Petite fille qui disait non texte et mise en scène, Théâtre des Ilets - Cdn de Montluçon et tournée
2020 : Faut-il laisser les vieux pères manger seuls aux comptoirs des bars texte, jeu (avec Valérie Schwarcz, Olivier Perrier, Mohamed Rouabhi) et mise en scène, Théâtre des Ilets - Cdn de Montluçon et tournée
2021 : Fantaisies, l'idéal féminin n'est plus ce qu'il était, recréation aux Plateaux Sauvages, Paris
Publications
Variations amoureuses autour de la pièce de Musset, On ne badine pas avec l'amour. Éd. Carnières-Morlanwelz (Belgique) : Lansman, 2017, 49 p.
À plates coutures Éd. Carnières-Morlanwelz (Belgique) : Lansman , 2015, 60 p.
Avec le couteau le pain, Éd. Carnières-Morlanwelz (Belgique) : Lansman, 2010, 58 p.
Moscou la rouge, krasnaya Moskva Éd. [Paris], TriArtis, 2011, 61 p.
La petite fille qui disait non Éd. Paris l'École des loisirs, 2018, 78 p.
Pour Chantal Goya, article dans la revue Nectart[17] où Carole Thibaut dit ce qu'est l'art pour elle : "L’art n’agit pas sur le monde. Il fait mieux. Il met en acte l’humain. Il l’agit au plus profond.C’est une question de rencontre, de moment, d’heure propice et hasardeuse où quelque chose peut advenir en vous de la rencontre."
↑Juliette Jay, « L’invitée de la rédaction - Carole Thibaut : « Nos sociétés sont construites sur un modèle dominant masculin » », La Montagne, (lire en ligne, consulté le )