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Le camerlingue a vraisemblablement remplacé l'archidiacre de la Sainte Église romaine, supprimé par Grégoire VII au XIe siècle ou le vestararius qui avait la garde des objets précieux du Saint-Siège.
Le camerarius (voir camérier) avait la direction de tout ce qui concernait les finances et les ressources temporelles de la papauté envisagée comme gouvernement suprême de l'Église. Il était le premier personnage de l'entourage du pape et son pouvoir s'est très vite étendu à un vaste domaine, jusqu'à ce que, cessant de remplir effectivement ses charges, son influence a décru, le titre devenant honorifique en dehors de la vacance du Siège romain.
Dans les cérémonies papales, il remplissait un office en rapport à ses attributions. C'est lui qui procurait au pape la monnaie destinée aux treize pauvres dont les pieds étaient lavés le Jeudi saint[2], et qui lui présentait, dans une coupe d'argent, celle destinée aux cardinaux le jour du couronnement[3].
Il reçut d'Urbain V, par la Constitution apostoliqueApostolatus officium du 12 octobre 1363, la mission de faire observer les peines portées contre les pirates et les brigands qui attaquaient les biens de l'Église, et d'Urbain VI la juridiction sur toutes les causes qui se rattachaient à la Chambre apostolique.
Au XVe siècle, le titre de camerligho fut substitué à celui de camerarius.
Sixte IV lui confia le soin des affaires concernant le bien matériel de la ville de Rome[4], et Paul III ordonna à tous les fonctionnaires de Rome et des États pontificaux l'obéissance au camerlingue[5].
À la fin du XVIe siècle, Clément VIII apporta une modération à ses pouvoirs[6] et dans la seconde moitié du XVIIe siècle, il est présenté comme présidant la Chambre apostolique, mais de manière plutôt honorifique, les fonctions réelles étant assurées par l'auditeur particulier et le trésorier général.
Désignation
Préconisé en consistoire, il prête serment au pape après cette cérémonie et reçoit de lui une férule d'or, insigne de sa charge : « Accipe baculum jurisdictionis et auctoritatis »[7].
Si la charge de camerlingue de la Sainte Église romaine est vacante lors de la vacance du Siège apostolique, ce qui était le cas à la mort de Pie XII, les cardinaux présents à Rome doivent en élire un nouveau qui exercera ses fonctions jusqu'à la fin du conclave.
Fonctions
Ses principales attributions se réduisent à présider la Chambre apostolique et à recevoir le serment de tous les employés de ce tribunal chargé des biens et droits temporels du Saint-Siège. Il est archichancelier de l'Université romaine et, en cette qualité, confère les grades.
Le camerlingue est assisté d'un prélat vice-camerlingue.
Dès qu'il a reçu la nouvelle de la mort ou de la renonciation du Souverain Pontife, le camerlingue :
s'il ne s'agit pas d'une renonciation, constate officiellement la mort du pape[note 1] en présence du maître des célébrations liturgiques pontificales, des prélats clercs et du secrétaire et chancelier de la Chambre apostolique, qui rédige l'acte de décès authentique ;
appose les scellés au bureau et à la chambre du pape, en s'assurant que le personnel qui réside habituellement dans l'appartement privé puisse y demeurer jusqu'après la sépulture du pape, au moment où tout l'appartement pontifical sera mis sous scellés ;
détermine, après avoir consulté les cardinaux chefs des trois ordres, tout ce qui concerne la sépulture du pape ;
autorise les photographies du pontife défunt, mais uniquement si la dépouille est revêtue des vêtements pontificaux.
veille, au nom et avec le consentement du Collège des cardinaux, à tout ce qui est nécessaire pour défendre les droits du Siège apostolique et assurer sa bonne administration.
Après l'inhumation du pape, un délégué du camerlingue rédige un procès-verbal de cette inhumation, en présence des membres de la Chambre apostolique.
Il revient ensuite au camerlingue, pendant la sedisvacance, de veiller à l'administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège, avec l'aide des trois cardinaux assistants, après avoir obtenu, une fois pour les questions moins importantes et chaque fois pour les plus graves, le vote du Collège des cardinaux.
Le camerlingue ou son délégué a notamment le droit et le devoir de demander à toutes les administrations dépendant du Saint-Siège les rapports sur leur situation patrimoniale et économique et les informations sur les affaires extraordinaires en cours, et d'autre part d'obtenir de la préfecture des Affaires économiques le bilan général des dépenses de l'année précédente et le budget de l'année suivante. Ces rapports sont soumis au Collège des cardinaux.
Pendant la vacance du Siège romain, le camerlingue timbre ses armes du pavillon pontifical et des clefs et bat monnaie à ses armes.
Pendant que le Siège est vacant, le Cardinal Camerlingue est responsable des affaires d'État du Saint-Siège et il présente, en signe de son pouvoir, outre les insignes de cardinal, la Clé de Pierre et l'Ombracle sur ses bras. Le contenu du bouclier constitue son propre support.
↑Traditionnellement, le camerlingue frappe trois fois, avec un marteau d'argent, le front du pape en l'appelant par son nom, puis il se retourne vers les assistants, dont les clercs de la Chambre apostolique, en disant : « Vere papa mortuus est » (« Le pape est vraiment mort »).
↑Date incertaine, il pourrait s'agir de 1200, de décembre 1206 ou de 1216[10].
↑ abcde et f(it) Gaetano Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica da S. Pietro sino ai nostri giorni, Venezia, Tipografia Emiliana, 1840-1861 (lire en ligne), p. 127-128, (volumes complets).
↑Léonce Celier, « Sur quelques opuscules du camerlingue François de Conziè », Mélanges d'archéologie et d'histoire, t. 26, , p. 91-108 (lire en ligne).