Bernard-René Jourdan de Launay
Bernard-René Jourdan, marquis de Launay[1] est né le 8 ou et est mort le à Paris. Il a comme parent René Jourdan de Launay. Il est le dernier gouverneur de la Bastille. Fils d'un précédent gouverneur, il est commandant de sa garnison le , au moment de la prise de la Bastille, ce qui conduit à son lynchage et fait de lui une des premières victimes de la Révolution française. Un noble de l'Ancien RégimeEn 1776, il succède à Antoine-Joseph de Jumilhac au poste de gouverneur de la Bastille, dont Il est le dernier. Il rachète la charge de gouverneur en versant à son prédécesseur la somme de 300 000 livres[2]. La charge de gouverneur de la Bastille était négociée, comme beaucoup de charges sous l'Ancien Régime. L'acquéreur du gouvernement de la Bastille était toujours certain de faire une bonne affaire s'il vivait longtemps. Une année ou deux, dans sa fonction lui permette largement de rembourser ses avances. Jusqu'en 1777, il est le seigneur de Bretonnière, paroisse de Golleville, en Normandie. Ses treize années passées au poste de gouverneur de la Bastille se déroulent sans aucun fait majeur, si ce n'est le . Les ordres n'arrivant pas, il ne fait pas tonner le canon — comme le voulait la tradition — afin de saluer la naissance de Madame Royale, fille aînée du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette. Un officier royal dans la vague de l'HistoireLe , au moment de la prise de la Bastille, aucun ordre ne parvient de Versailles, et le gouverneur de Launay doit s'en remettre à son seul jugement. Deux solutions s'offrent à lui : user de la force pour défendre loyalement la Bastille face à ses assiégeants, ou bien accepter la demande de ces derniers afin d'éviter le conflit. Contrairement à Sombreuil, gouverneur de l'hôtel des Invalides, qui accepte plus tôt ce même jour les demandes des révolutionnaires, le marquis de Launay refuse de remettre les armes et la poudre que les assaillants sont venus chercher[3]. Il promet de ne pas tirer, à moins d'être attaqué et entame des pourparlers avec deux délégués de l'hôtel de ville, mais les discussions prennent du temps. Une partie de la foule commence à s'impatienter et finit par entrer dans la cour extérieure de la forteresse après qu'un petit groupe a cassé les chaînes de sécurité du pont-levis[4]. Après sommation, la garnison ouvre le feu[3],[4],[5],[6],[7],[8]. Les assiégeants interprètent ceci comme une trahison de la part de Launay[5],[6],[7],[8]. Les combats qui s'ensuivent durent environ quatre heures, causant environ 100 morts parmi la foule et un mort parmi les défenseurs de la Bastille. Pris de panique, Launay menace de faire sauter la forteresse et le quartier environnant. Abandonné par ses troupes, il finit par capituler en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes, ce que les assaillants acceptent. Selon la légende, on ne trouve pas de drapeau blanc et le gouverneur doit brandir une serviette, voire son mouchoir personnel. Il fait passer ses conditions par une fente de la Bastille. Les portes sont ouvertes à la foule, qui prend la Bastille. Launay est arrêté et conduit sous escorte à l'hôtel de ville par un des chefs de l'insurrection, le soldat (et futur général) Pierre-Augustin Hulin. En place de Grève, la foule furieuse se jette sur lui et le lynche, en dépit de l'accord passé et de la tentative de médiation entamée par Éthis de Corny, procureur du roi de la ville de Paris. Launay est poignardé à plusieurs reprises avec des baïonnettes et reçoit un coup de feu. Selon des témoignages, ce lynchage aurait été déclenché par Launay qui aurait donné un coup de pied dans l'aine à un cuisinier au chômage nommé Desnot. Après le meurtre, sa tête est sciée par un boucher, Mathieu Jouve Jourdan, fixée au bout d'une pique et promenée dans les rues de la capitale. Launay est une des premières victimes de la Révolution française, aux côtés d'autres défenseurs de la Bastille, également lynchés[7]. Une mémoire critiquéeSelon Antoine de Rivarol, il avait « perdu la tête avant qu'on ne la lui coupât ». La situation était telle que le baron Besenval, commandant militaire de l’Île-de-France, avait en vain demandé au maréchal de Broglie de le remplacer par un officier plus sûr et plus ferme. Un des officiers assiégés, le lieutenant Deflue, laissera ce portrait peu flatteur :
DescendanceBernard-René Jourdan de Launay a eu trois filles de deux épouses[10] :
PeinturesL'arrestation du marquis de Launay a fait l'objet d'une toile des peintres Charles Thévenin et Jean-Baptiste Lallemand. Au cinémaLe rôle du marquis de Launay est interprété au cinéma par :
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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