Le film est une adaptation du célèbre conte de Charles Perrault, La Barbe bleue. Barbe-Bleue épouse sa huitième femme avec force argent pour l'heureux père de la mariée. Devant partir en voyage il confie son château et son trousseau de clefs à sa bien-aimée qui va bientôt découvrir ses défuntes compagnes d'infortune.
« La clé de la pièce interdite où sont conservés les cadavres des épouses assassinées est un accessoire surdimensionné, d'une quarantaine de centimètres, afin qu’on la remarque d’abord dans la main du mari meurtrier, puis dans celle de sa septième femme. Et lorsque celle-ci, désobéissant aux ordres de son époux, entre dans la pièce maudite et laisse tomber la clé au pied d’un billot où elle est souillée définitivement par le sang des victimes, Méliès fait grandir la clé par une succession d’arrêts de caméra et autant de substitutions de clés en bois de plus en plus grandes. L’objet devient aussi haut que le personnage! Ce qui permet de voir enfin la tache de sang, là où un simple gros plan de la main tenant une clé aux proportions normales aurait suffi. Pourtant, Méliès ne pouvait pas envisager que son tableau puisse être interrompu par un cadrage serré sur une main en quelque sorte amputée, qui aurait en plus remis en cause la conception scénique théâtrale de tous ses films. Un siècle plus tard, il faut avouer que la naïveté du procédé ne manque pas de charme, bien au contraire[1]… »