Aymeri VI de Narbonne (v. 1328-1388), vicomte de Narbonne de 1341 à 1388 et seigneur de Puisserguier, est un seigneur et homme de guerre français du XIVe siècle. Il a été amiral de France de 1369 à 1373.
Biographie
Né vers 1328[4], fils du vicomte Aymeri V de Narbonne et de sa seconde épouse, Tiburge de Son, dame de Puisserguier, Aymeri VI devient vicomte de Narbonne en 1341 sous la tutelle de sa mère après la mort de son demi-frère, Amalric III, le [5].
Le , il prête serment de fidélité au nouvel archevêque, Gaubert du Val, pour la moitié occidentale de la cité narbonnaise[6].
En 1358, il remplit brièvement la charge de « gouverneur et capitaine général en Languedoc » pour le roi de France[11].
De 1381 à 1384, dans le contexte troublé de la révolte des Tuchins et de l'opposition à la nomination de Jean de Berry comme gouverneur de Languedoc, menée par le comte de Foix Gaston Fébus, Aymeri VI, allié du duc de Berry, mène une violente guerre (la « guerre du vicomte »[12]) contre les consuls et les habitants de Narbonne, partisans du comte de Foix. Le vicomte assiège Narbonne avec ses troupes et fait détruire le barrage sur l'Aude à Moussoulens, ce qui empêche l'écoulement de l'eau dans la robine, privant ainsi les Narbonnais d'eau, empêchant le fonctionnement des moulins et asséchant les fossés des remparts[12]. Selon une plainte des consuls, les hommes d'armes du vicomte auraient mis à mort plusieurs habitants de Narbonne qui travaillaient dans leurs champs et leurs vignes et qui ne purent se racheter, auraient torturé un vieillard en lui arrachant les dents, jeté dans les puits les corps de plusieurs de leurs victimes en les privant de sépulture chrétienne et se seraient emparés de plusieurs femmes de la ville pour les violer[13].
La « guerre du vicomte » arrête durablement le redressement économique et social de Narbonne[12].
Vers 1385, le duc de Berry, alors lieutenant du roi en Languedoc, nomme Aymeri capitaine général dans la sénéchaussée de Baucaire[14].
Le , Aymeri et son héritier, l'aîné de ses fils Guillaume, forment une alliance avec le comte Jean III d'Armagnac, envers tous et contre tous, à l'exception du roi et des princes de France. L'entente, ratifiée par Aymeri et son fils au château de Fabrezan, le 8 mai suivant, prévoyait que le vicomte devenait vassal du comte d'Armagnac, moyennant 400 livres de rente à assigner en Rouergue[15].
Aymeri VI de Narbonne a été marié à quatre reprises.
Il épouse en premières noces Béatrice de Sully, fille de Jean II († 1343), seigneur de Sully et de son épouse Marguerite, fille de Louis Ier, duc de Bourbon.
Veuf, il se remarie au début de l'année 1360 avec Yolande, quatrième fille d'Amédée III, comte de Genève et de son épouse Mathilde, fille de Robert VII, comte d'Auvergne et de Boulogne. Les négociations pour ce mariage avaient été engagées dès novembre 1358. La nouvelle épousée, nièce de l'influent cardinal Guy de Boulogne, apportait une dot de 16 000 florins, promise par son père le , et pour laquelle Aymeri touchait encore des acomptes en novembre 1361[17],[18].
En quatrièmes noces, Aymeri épouse après mai 1383[19] Guillema de Vilademany, fille unique du seigneur catalan Bernat de Vilademany (près d'Aiguaviva) et de Blanca de Vallgornera[20], veuve de Pere III Galceran de Pinos[21], mort entre le 4 avril et le 18 mai 1383, seigneur de Bagà et des baronnies de Lucà, de la Portella et autres lieux, qu'elle avait épousé en 1362, alors qu'elle était encore mineure[22]. Désignée héritière universelle par son père dans son testament du , elle avait renoncé à sa succession le en faveur de son oncle Pere de Vilademany, moyennant compensation financière[22]. Veuve une seconde fois et n'ayant eu aucun enfant de ses deux unions[23], Guillema teste le , en demandant à être inhumée dans l'église de Saint-Jean-de-Jérusalem de Barcelone[24].
[Histoire générale du Languedoc, t. 10] Claude Devic, Joseph Vaissète, Ernest Roschach et al., Histoire générale de Languedoc, t. 10 : 1271-1443 (notes et preuves), Toulouse, Privat, , 3e éd. (1re éd. 1730-1745) (lire en ligne)
(ca) Eduardo de Balle, marquès de Vallgornera, « El testament de Guillema de Villademany, muller del Vescomte de Narbona Eimeric IX », dans 42e Congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Perpignan, 1969, Montpellier, , p. 205-219.
↑Pauline Maroteaux, « Catalogue de la série de portraits des amiraux de France conservés au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, no 23, , catalogue no 23 (ISSN1958-9271, DOI10.4000/crcv.28096, lire en ligne, consulté le ).
↑Pauline Maroteaux, « La Genèse d’une galerie de portraits historiques : l’exemple de la série des amiraux de France », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, no 23, (ISSN1958-9271, DOI10.4000/crcv.26920, lire en ligne, consulté le ).
↑Dans un acte du , Aymeri VI se dit « majeur de quatorze ans et mineur de quinze », ce qui indique une date de naissance vers 1328. Histoire générale du Languedoc, t. 9, p. 493.
↑Jacqueline Caille, « Nouveaux regards sur l’attaque du Prince Noir contre Narbonne en novembre 1355 », dans Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude, t. CIX, 2009, p. 89-103
↑Gustave Dupont-Ferrier, Gallia regia ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, tome 3, Caux - Dauphiné, Paris, Imprimerie Nationale 1947, p. 496, no 13764.
↑ ab et cGilbert Larguier, « Chapitre II - Un rétablissement spectaculaire, 1355-1400 », dans Gilbert Larguier, Le drap et le grain en Languedoc : Narbonne et Narbonnais, 1300-1789, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 1999, nouvelle édition [en ligne] (ISBN9782354121983), [lire en ligne].
↑Gustave Dupont-Ferrier, Gallia regia ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, tome 3, Caux - Dauphiné, Paris, Imprimerie Nationale 1947, p. 498, no 13780.
↑Le 16 août 1397, Guillaume Ier de Narbonne fonde dans l'église abbatiale de Fontfroide deux messes par semaine pour les âmes de son aïeul, d'Aymeri son père et d'Aymeri son frère qui y étaient enterrés, Histoire générale du Languedoc, t. 9, p. 1007.
↑Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe – XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), p. 302-303.
↑André Perret, Raymond Oursel, Jean-Yves Mariotte et Jacqueline Roubert, Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour, Archivio di Stato di Torino). Cote : FR.AD073.SA 1-259. Inventaire (édition et nouvelle présentation du 2 septembre 2005), Archives départementales de la Savoie, p. 69 du pdf (S A 67) [télécharger], actes concernant le mariage conservé aux Archives de Haute-Savoie (Fonds du duché de Genevois, SA 67) : Convention relative au mariage (1358, 10 décembre). Deux quittances [...] des paiements reçus sur la dot (1359, 24 février, et 1361, 18 novembre). Contrat de mariage : Première rédaction en français (1358, 26 novembre), texte définitif latin (1359, 17 janvier), avec deux vidimus de la version française.
↑Le premier époux de Guillema de Vilademany mourut entre le 4 avril et le 18 mai 1383 :
Vallgornera 1970, p. 207
(it) Maria Antonietta Brandas, « Alcune riflessioni sulla figura di Beatrice de Bas-Serra, viscontessa di Narbona », Aragonensia : Quaderno di studi sardo-catalani, Grafica del Parteolla / AdT Arxiu de Tradicions, , p. 90-94 (ISBN88-88246-23-1 et 9788888246239).
Vincent Challet, « In asperis carceribus et in fame dolore et magna miseria : de quelques violences seigneuriales pendant la « guerre du vicomte » à Narbonne et dans ses environs (1381-1382) », Criminocorpus : revue d'histoire de la justice, des crimes et des peines, (ISSN2108-6907, lire en ligne).
Pierre-Vincent Claverie, « Grandeur et décadence de la communauté narbonnaise de Chypre au Moyen Âge », Επετηρίδα του Κέντρου Επιστημονικών Ερευνών, vol. 39, 2016-2018, p. 9-127 (lire en ligne).
Joseph Poux, « Le mobilier de Béatrice d'Arborée, vicomtesse de Narbonne en 1377 », Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, vol. XI, 1910-1911, p. 385-408 (lire en ligne).