Auguste Luchet, né le à Paris 5e[1] et mort le à Paris 3e[2], est un dramaturge, journaliste, romancier et écrivain français.
Biographie
Fils d'un vérificateur de l'enregistrement et des domaines, il est élevé à Dieppe où ses parents emménagent en 1813. Élève brillant mais d'une famille sans fortune, il est placé à 13 ans au greffe de la justice de paix de Dieppe. Il travaille ensuite chez un armateur puis un banquier et, en 1823, décide de partir pour Paris où il souhaite se lancer en littérature[a]. Il est alors employé chez un marchand de la rue Saint-Martin, milieu qui le dégoute totalement, ce qu'il exprimera dans son roman autobiographique Frère et sœur[4]. Il passe quelque temps chez un marchand de draps avant de se lancer dans le journalisme.
Il se retrouve rapidement à la rue et reste deux ans dans la misère avant de trouver une place de sténographe à la Chambre des Députés où il rencontre, entre autres, Alphonse Rabbe, Louis Reybaud et Léon Gozlan, qui lui permettent d'entrer dans leur Revue politique La Jeune France. Ayant étudié l’anatomie et la craniologie sous François Broussais, il a publié de front ses revues craniologiques et ses études théâtrales dans l’Artiste[3].
Écrivain au talent internationalement reconnu[7], collabore au Livre des cent-et-un de Pierre-François Ladvocat[8]. Auteur populaire, à la fois dans les cénacles parisiens, dans le boulevard[9], et même dans les faubourgs[10], il alterne, de juillet 1830 à février 1848, les drames et les romans.
Son roman Le Nom de famille lui a valu de comparaître, le , avec son éditeur Hippolyte Souverain, devant le jury de la cour d'assises. Défendu par Jules Favre[11], il est condamné à deux ans de prison et 1 000 frs d’amende « pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement et provocation à la haine de classes[b] ». Il a préféré se soustraire à cet exil, en allant habiter à Jersey pendant cinq ans[13]. Il a raconté les souvenirs de ce long exil[c], dans un récit plein de verve, intitulé les Mauvais Côtés de la vie[15].
Outre ses romans et études psychologiques[15], on lui doit aussi des ouvrages sur la vigne et le vin. Luchet fut aussi gouverneur du château de Fontainebleau en 1848[16].
La Marchande du Temple, drame en 5 actes, avec Jean-François Desbuards, musique de Charles-Alexandre Fessy, Paris, Dondey-Dupré, 1856.
Les Mœurs d’aujourd’hui : le tabac, le jeu, le canot, le pourboire, la blague, la pose, le chantage, le loyer, la boutique, l’exil, Paris, Coulon-Pineau, , xix-213, 1 vol. ; in-12 (lire en ligne sur Gallica).
La Côte-d'Or à vol d'oiseau, lettres écrites à M. L. Havin, après la récolte de 1857, Paris, Michel-Lévy, 1858.
Le Clos de Vougeot et la Romanée-Conti, Paris, Bénard, , 92 p. (lire en ligne).
La Science du vin, lettres écrites à M. L. Havin, après la récolte de 1859, Paris, Michel-Lévy Frères, 1861.
L'Art industriel à l'Exposition universelle de 1867 : mobilier, vêtement, aliments, 1868.
Album révolutionnaire, Paris, Proux, 1869.
Hommages
Il existe des voies nommées d'après Auguste Luchet à Avignon et Toulouse.
Notes et références
Notes
↑Ce « dieppois dans l’âme, quoiqu’il fut un esprit parisien par excellence et un citoyen universel » retournait passer tous ces étés dans cette ville[3].
↑Hippolyte Souverain, défendu par Oscar Pinard, ne sera pas reconnu responsable[12].
↑Par une ironie du sort, il y échangera, en quelque sorte, après la chute de Louis-Philippe, sa place avec le ministre Salvandy qui l’avait envoyé[14]
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↑ ab et cCharles Coligny, « Les Amis de l’Orphéon : Auguste Luchet », La France chorale : moniteur des orphéons, Paris, vol. 4, no 47, , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
↑Guy Sabatier, Le Mélodrame de la République sociale et le théâtre de Félix Pyat, Paris, L'Harmattan, , 753 p. (ISBN978-2-73847-401-8, lire en ligne), p. 169.
↑Stéphane Arthur, « Le XVIe siècle à l’épreuve de la scène romantique », dans Jean-Charles Monferran, Hélène Védrine, Le XIXe siècle, lecteur du XVIe siècle, Paris, Classiques Garnier (ISBN978-2-406-10176-5, DOI10.15122/isbn.978-2-406-10176-5.p.0477), chap. 3, p. 477-95.
↑(en) Clare Parfitt-Brown, « Paris Dansant? : Improvising across urban, racial and international geographies in the early cancan », dans Dance and the Social City, Philadelphia, 2012-0614/17 (lire en ligne).
↑(en) Victoria E. Thompson, « Telling “Spatial Stories” : Urban Space and Bourgeois Identity in Early Nineteenth-Century Paris », The Journal of Modern History, Paris, vol. 75, no 3, (DOI10.1086/380237).
↑Condamnation du 11 mars 1842, cité dans La Vie parisienne à travers le XIXe siècle, 1900, p. 223.
↑Gisèle Sapiro, La Responsabilité de l'écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe – XXIe siècle) : Littérature, droit et morale en France (XIXe – XXIe siècle), Paris, Le Seuil, , 750 p. (ISBN978-2-02-104844-5, OCLC936677892, lire en ligne), p. 149.
↑Bernard Kalaora, « Naissance et Développement d’un loisir urbain : la forêt de Fontainebleau », Études Rurales, Paris, no 83, , p. 97–115 (lire en ligne, consulté le ).
↑Inventaire général des richesses d'art de la France, 1902, p. 251.
Bibliographie
Alfred Sirven, Journaux et journalistes, vol. 3, 1866, p. 334.
Polybiblion : revue bibliographique universelle, 1872, p. 127 (nécrologie).
Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France, 1872, p. 1840.
Henry Jouin, La Sculpture dans les cimetières de Paris, Nouvelles archives de l'art français, vol. 13, 1897, p. 159.
Jules Moiroux (d), Le Cimetière du Père-Lachaise, 1908, p. 234.
Félix Herbet, Auguste Luchet (1805-1872), étude bio-bibliographique, 1912.