Arthur VerhaegenArthur Verhaegen
Arthur Verhaegen, né le à Bruxelles et mort le à Ixelles, est un ingénieur, architecte, décorateur, homme politique, écrivain et résistant belge. FamilleArthur Verhaegen est le fils ainé de l’avocat Jean Baptiste François Eugène Verhaegen (1820-1878) et de Marie Florentine Caroline Joséphine Nève (1832-1903). Son grand-père, le libéraliste Pierre-Théodore Verhaegen (1796-1862), est le cofondateur de l’Université Libre de Bruxelles. Arthur Verhaegen fait ses études secondaires au Collège catholique des Jésuites Saint-Michel à Etterbeek. Il poursuit une formation d’ingénieur des ponts et chaussées à l’Université de Gand. Il est d’ailleurs nommé jeune ingénieur au service de l’Etat à Charleroi en 1870[1]. Deux ans plus tard, il épouse la fille cadette de Jules Clément Lammens (1822-1908) soit Claire Marie Colette Cornélie. Le couple a dix enfants, soit ; Pierre, Marie-Claire, Paul, Joseph, Marguerite, Claire, Jeanne, Marie Claire, Elisabeth et Jean. Œuvres architecturalesIl commence sa formation à l'université de Gand de 1865 à 1870 d'où il sort ingénieur des ponts et chaussées en 1870. C'est lors de ses études qu'il fait une rencontre décisive avec l’architecte Jean-Baptiste Bethune, promoteur, dans la lignée d’Augustus Pugin, du style néogothique et adhère à la Gilde Saint-Luc qui promeut ce mouvement architectural. Arthur Verhaegen collabore étroitement avec Bethune dans d'importants chantiers : le Grand béguinage de Saint-Amand à Gand, dernier béguinage en activité construit en Europe de 1872 à 1875, et l'abbaye de Maredsous (1873-1881). Parmi ses élèves, il initie à l'art du vitrail Gustave Ladon ,originaire de Gand, et l'engage comme collaborateur. Arthur Verhaegen est également actif comme restaurateur pour la cathédrale Saint-Sauveur de Bruges, la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles et le château de Gérard le Diable à Gand. De son côté, Arthur Verhaegen continue à construire des monuments notamment à caractères religieux dont l'abbaye d'Affligem, des bâtiments de l'Œuvre des Flamands à Paris, la chapelle des Dames de l'Adoration perpétuelle à Rome (1885-1886) ou l’Aile néogothique du château Verhaegen à Watermael-Boitsfort (1880-1881) et à Merelbeke (1884-1885)[1].
Idéologies[2]Dès le plus jeune âge, il est guidé par de grands courants tels que le libéralisme, le catholicisme libéral et la modernité, c’est-à-dire que ses idées sont antiétatiques du point de vue économique et anticlérical du point de vue de la scolarité. Il est de ceux qui veulent laïciser la société et ses infrastructures. Mais plus tard Arthur Verhaegen s’oriente vers de nouveaux courants de pensée tels que l’ultramontanisme. Ce basculement est officialisé par son mariage avec Claire Lammens. Sa tendance s’inverse et ses idées modernistes s’avèrent être de nouvelles idées totalement opposées à ses anciennes. Il est dès lors de ceux que l'on appelle les catholiques il est alors admiré par ses semblables. Ils ne tarissaient que d’éloge sur lui, l’appelant même « le chrétien parfait ». Du côté de ses opposants en revanche, les critiques déferlent. Il est perçu comme un menteur voire un hypocrite. Tous ces changements d’opinions lui valent la méfiance de ses comparses bourgeois et les assauts ecclésiastiques. De 1896 à sa mort, il lutte pour ses idées de démocratie chrétienne modérée et pour une société chrétienne sans classe. Son principal concurrent à l’époque est Charles Woeste qui lui, était un catholique conservateur et l’abbé Daens. Parcours politiquesTout comme son père, Arthur Verhaegen s’engage dans la vie politique en tant que libéral. Toutefois, celui-ci commence à fréquenter de plus en plus les cercles ultramontains à Gand. Dès 1872, il marque définitivement son engagement envers les ultramontains en mariant la fille de l’un des fondateurs du quotidien Bien Public. (1853-1940). En 1878, il publie la brochure « catholique et politique » où il s’oppose explicitement au parti catholique de droite et aux libertés modernes consacrées par la Constitution[3]. Le partisan de l’ultramontanisme a même donné primauté à l’Eglise dans la lutte scolaire de 1878 – 1884. Dans la suite de son parcours politique, Arthur Verhaegen devient conseiller municipal de la commune de Merelbeke de 1883 à 1892. Il est ensuite élu conseiller provincial et puis devient député permanent de la Flandre orientale de 1892 à 1900 et siège au Parlement de 1900 à 1917 comme député de l’arrondissement de Gand-Eeklo. Entre-temps, Arthur Verhaegen s’allie à l’Union Nationale de Récupération, un mouvement catholique et populaire. Il est par ailleurs secrétaire du Congrès catholique d’œuvres sociales de Liège. Le « Baron rouge »[4] fonde le syndicat des travailleurs antisocialistes de Gand, des coopératives et l’hebdomadaire « Het Volk » en 1890. Un an après, il met en place la ligue démocratique belge (« antisocialistische werkliedenbond ») en collaboration avec Joris Hellepute. L’ancien ultramontain devient donc un véritable démocrate-chrétien tel que le témoigne son ouvrage « Vingt-cinq années d’action sociale » publié en 1911. Convictions politiquesEnseignementLa question scolaire était au cœur de ses préoccupations. En 1879, il publie le livre « l’Etat hors de l’école »[5]. Arthur Verhaegen est pour l’abolition de la loi van humbeeck. Il souhaite que l’Etat soit hors des établissements scolaires. En 1879 il rédige son programme électoral qui contient notamment ses volontés concernant la fin de la guerre scolaire. Tout part d’une loi de 1842[6]. Cette loi visait à réunir dans une même école, à la fois un enseignement catholique et moral. Le but officieux de l’enseignement de 1842 était d’évincer l’enseignement catholique en mettant la totalité des institutions sous la tutelle de l’Etat, cette loi n’a profité qu’aux libéraux qui s’en sont servis de façon déloyale. Ce système ne convient pas aux catholiques qui se sentent trahis par le programme trompeur de 1842. Dès lors, en 1879, Arthur Verhaegen écrit qu’il souhaite qu’un enseignement catholique soit maintenu dans l’Etat moderne tel qu’il le connaissait à cette époque. Il propose un système qui prodiguera des pouvoirs illimités au catholicisme et ses institutions afin de laisser libre court à la seule et unique mission que Jésus-Christ leur a attribué: enseigner à toutes les nations. Arthur Verhaegen est protocolaire et exige donc que ses souhaits soient apposés dans la Constitution afin que l’État soit forcé de s’y tenir. Ses volontés de scolarité sont tournées vers l’ensemble de la société. Il veut que malgré tout, chrétiens ou pas, chaque citoyen soit sous l’enseignement moyen ou supérieur catholique. Toutefois, il souhaite laisser une place à l’enseignement d’État, sans pour autant le rendre égalitaire vis-à-vis de l’enseignement catholique qui resterait tout à fait majoritaire en Belgique. Ces enseignements laïques seront gérés par la ligue de l’enseignement. S’il lutte contre l’État dans l’enseignement c’est parce qu’il dit que celui-ci s’est attribué lui-même le devoir de contrôler tout l’enseignement mais selon Arthur Verhaegen, la Constitution de 1830 ne dit nullement cela. L’État a interprété la Constitution comme telle et ça ne convient pas à sa vision des choses ni celle de son parti. D’après lui pour atteindre un objectif de liberté sociale il faut que l’État sorte du système scolaire, car selon lui, il est l’investigateur de « l’oppression de conscience »[7] faite au peuple. Classe ouvrièreEn 1890 paraît le premier numéro du journal « het volk », c’est le premier journal social destiné uniquement aux ouvriers qui est publié en Belgique. Arthur Verhaegen en est l’instigateur. Ce journal est révolutionnaire pour l’époque et fort critiqué. Il a pour but de « défendre les intérêts moraux et matériels des ouvriers et des petits bourgeois »[8], il ne cesse, à travers ce journal principalement, de lutter contre les injustices faites aux ouvriers et petits bourgeois qui ne possèdent pas le capital et n’ont donc pas droit à l’application des trois principes fondateurs d’une société depuis 1789, c’est-à-dire : liberté, égalité, fraternité. En 1892 il écrit une brochure concernant les salaires des ouvriers, elle s’appelle « minimum de salaire ». L’ère est à la syndicalisation mais nombreux sont réticents à cette idée. Arthur Verhaegen, persuadé que c’est un système qui va révolutionner le monde ouvrier écrit à ce sujet pour convaincre les réticents. Au sujet des salaires, il dit que, tout ouvrier se trouvant dans des conditions normales doit pouvoir vivre honorablement et subvenir au besoin de sa famille, ce qui comprend entre autres les soins médicaux et une certaine cotisation de retraite. C’est sa vision de l’économie sociale chrétienne. Grâce à ses convictions et ses exposés écrits, une proposition de création d’un syndicat chrétien est née. Plus tard c’est aussi grâce à la ligue ouvrière se battant sur la scène politique contre ses opposants, les libéraux et les socialistes, que les syndicats chrétiens verront le jour. En 1896, Arthur Verhaegen, succède à Joris Helleputte à la présidence de la ligue démocratique belge.[9] Cette ligue défend les mêmes points de vue que ceux des ouvriers chrétiens. Elle souhaite développer le syndicalisme, la mutualité, le chômage involontaire et les pensions. En 1900 il rédige le programme ouvrier des catholiques[10] dans lequel il donne sa vision de la réforme sociale. Cet ouvrage est un programme électoral qui comprend les vœux du parti démocrate catholique, duquel il fait partie, pour les élections législatives de 1900. La cause ouvrière lui tient à cœur et est au centre de sa campagne électoral. Ce qu’il veut absolument est que les catholiques « gagnent le cœur des ouvriers »[11]. Pour lui, régler les problèmes sociaux de la Belgique signifie chercher à élever socialement les classes ouvrières. A l’inverse du courant libéraliste, il ne veut pas étouffer le bruit que ferait une révolution ouvrière mais plutôt l’arrêter avant même qu’elle ait commencé grâce à sa perception de l’élévation du niveau de vie. Il ne souhaite pas non plus, à l’instar du programme socialiste, imposé une sorte de communisme, d’égalité à tous les niveaux et pour tous. La réforme sociale d’Arthur Verhaegen et du parti catholique démocrate tient en trois points : la religion, la politique et la question sociale. Selon lui, liberté, égalité et fraternité ne sont accessibles véritablement que sous l’angle de la religion catholique. Il dit alors : La liberté : c’est la possibilité pour tout-un-chacun de vivre sa vie dans une dignité certaine, de pouvoir créer des ASBL, de pouvoir vivre comme nous le, par nature tout en restant fidèle à sa chrétienté. Selon eux être libre signifie pouvoir profiter de sa vie et de ce qu’elle apporte à chacun sans pour autant en être privé à cause de l’épuisement et de la difficulté éprouvé par le travail comme c’est le cas pour les ouvriers. L’égalité : c’est diminuer les inégalités sociales tout en admettant qu’il y en aura toujours car tel est la volonté de Dieu. La fraternité : c’est d’atténuer la haine créée entre patron et ouvrier et entre les différentes classes sociales. La dimension politique de son programme ouvrier dit qu’accorder le suffrage universel sans préparation au préalable de la classe ouvrière conduirait à une catastrophe. Il dit que cette classe est de loin la plus conséquente en termes de quantité donc si le droit de vote leur est accordé à même échelle que les autres classes sociales, il risquerait d’y avoir un renversement du pouvoir et les classes ouvrières en seraient à la tête du pouvoir. Il souhaite donc que des représentants de ces classes inférieures soient au pouvoir, tel que lui ou ses collègues à la tête d’autres mouvements catholiques démocratiques. Pour ce qui est de la question sociale, il dit que le plus bénéfique pour les ouvriers serait l’organisation libre des travailleurs. Ça permettrait de laisser les ouvriers libres de s’associer par métier et de ne plus laisser l’Etat s’emparer de leur liberté. Il est pour une union professionnelle. Fin de vieDéputé au MeetjeslandPeu d’années avant sa mort, Verhaegen s’attire les foudres des Flamands. Il s’oppose impérativement à l’adoption de la loi Coremans-De Vriendt dite loi d’Egalité entre Flamands et francophones. Par la même occasion, il rejette la « flammanisation » de l’Université de Gand en n’acceptant pas d’inclure deux matières à enseigner en néerlandais. Le démocrate-chrétien a même fait une contre-proposition de loi. Il rentre donc en conflit avec le mouvement étudiant catholique flamand « Davidsfonds » et les flamands du Volksbond. De nombreux articles de la presse flamande le qualifient de « traître », lui reprochant son côté « trop francophone ». Finalement, ces évènements lui vaudront une diminution considérable des voix en sa faveur lors des prochaines élections. Parallèlement, Arthur Verhaegen voit son état de santé se dégrader. Celui-ci connaît d’importants soucis notamment au niveau de la prostate et des reins. Il en vient donc à abandonner ses fonctions principales à l’exception de sa fonction en matière de voiries. Puis, la Première Guerre mondiale menace en 1914. Le Baron rouge se voit condamné par l’adversaire allemand à deux ans de prison pour activités de résistances en 1915. Durant sa captivité, il écrit de nombreuses lettres au sein desquelles il décrit son profond désespoir comme en témoigne le présent passage : « Je me suis déprimé à certains jours, et tenté de me laisser aller au découragement. Il va y avoir 7 mois que je suis en prison ! Toutes les démarches des miens paraissent avoir échoué. Si je m'écoutais, je m'abandonnerais au désespoir »[12]. Deux mois après sa libération conditionnelle, soit le 11 septembre 1917, Arthur Verhaegen meurt. Le 14 août 1886, il obtient la concession du titre de Baron rouge par l’arrêté royal du 5 septembre 1917. « Cet arrêté fut confirmé par lettres patentes accordées à sa veuve, le 15 novembre 1919 »[13]. Publications
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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