Il joue un rôle important sur la scène industrielle du début du XXe siècle en occupant différents postes : Inspecteur général des Mines, conseiller d'État, directeur honoraire du travail, président des conseils d'administration du Réseau de l'État et des mines de la Sarre, président du conseil d'administration du Bureau international du travail.
Biographie
Issu d'une famille d'agriculteurs axonais, Arthur Fontaine est le deuxième fils de Louis Joseph Fontaine, quincailler à Paris, et de Lucile Émilie Ferté[5]. Ses deux frères, l'aîné Henri et le cadet Lucien, sont négociants en quincaillerie et industriels ( Maison Fontaine ou Fontaine frères et Vaillant )[6]. En épousant Marie, la plus jeune des trois sœurs Escudier (Madeleine épouse de Henry Lerolle et Jeanne épouse d'Ernest Chausson), il entre dans une famille de peintres et de musiciens influents qui lui ouvrent les portes de l'Art. Le jeune couple Fontaine aura six enfants[7].
L'ingénieur des Mines
Arthur Fontaine entre à l'École polytechnique en 1880 d'où il sort second de sa promotion[8]. Il intègre alors l'École des mines de Paris en 1882[9] et visite ainsi une grande partie de l'Europe[10]. Diplômé en 1885[11], il est nommé ingénieur des mines le 1er janvier 1886[8], il est affecté à Arras, résidence du sous-arrondissement minéralogique de Béthune le [12],[13] où son travail lui vaut les félicitations du Conseil général des Mines[14].
L'Office du Travail
Fontaine entre alors à l'Office du Travail le par arrêté du 26 août 1891[15] après avoir été recommandé [16]. On l'y charge de mettre en place un tableau statistique du travail en France [17] en particulier en matière de salaire, de temps de travail ou encore de sécurité [18].
En 1900, il est l'un des cofondateurs de l'Association internationale pour la protection légale des travailleurs [19]. Peu à peu, il pose les bases d'une législation internationale du travail. En 1919, c'est à lui que l'on doit la partie XIII du traité de Versailles portant sur la création de l'Organisation internationale du travail (OIT)[20].
La même année, il est nommé délégué gouvernemental au Conseil d'administration de l'OIT dont il sera le premier président jusqu'à sa mort.
Le mécène
Ayant un goût prononcé pour la littérature[21] Arthur Fontaine tisse des relations avec de nombreux auteurs, en particulier André Gide, Albert
Samain, Alexis Léger et surtout Francis Jammes avec qui il a une riche correspondance. Les réunions artistiques organisées par Fontaine sont très appréciées, ce dernier accueillant chaleureusement les écrivains et les artistes[22]. Paul Valéry prononcera l'éloge funèbre de Fontaine en 1931.
Arthur Fontaine publie par ailleurs en 1917 un roman policier, Les crimes de l'étrangleur.
Jammes écrit de lui : « Je fus, durant des années, enveloppé, grâce à Fontaine, des fleurs, des météores, des cimetières de corail d'Odilon Redon, des figures embrumées de larmes d'Eugène Carrière, des paysages bien-heureux de Charles Lacoste, des images de communiantes flottant dans le séraphique azur de Maurice Denis. Claude Debussy, pauvre encore et méconnu, tissait au piano, autour de mes jeunes poésies, la soie pure et discrète des mélodies de Raymond Bonheur[23]. Déodat de Séverac nous grisait de ses bleus vins du sud que transportaient, à travers les monts orageux, ses mules aux cloches grondantes. Albert Samain chantait son chant de cygne et il neigeait sur nous. Puis, en réaction, le génie impérieux et éruptif de Claudel, venu en pèlerin, de Chine, nous rendait la rumeur de l'Océan Indien et le long murmure de Dieu. Parfois l'esprit d'un Tannery, d'un Pierre Termier ajoutait à ces fêtes de l'art la noblesse du nombre et la gloire de la Terre »[24].
Bibliographie
Michel Cointepas, Arthur Fontaine, 1860-1931 : un réformateur, pacifiste et mécène au sommet de la Troisième République, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
Jean Luciani/R. Salais, Matériaux pour la naissance d'une institution : l'Office du travail (1890-1900), in Genèses, 2, .
Oriane Poret, L'Œil d'un collectionneur : la constitution de la collection d'Arthur Fontaine (1860-1931), Mémoire d'étude, sous la direction d'Isabelle Morin-Loutrel, Ecole du Louvre, 2019.
Josephine Hein, La Dispersion de la collection d'Arthur Fontaine, Mémoire d'étude, sous la direction d'Isabelle Morin-Loutrel, Ecole du Louvre, 2019.
↑Isabelle Lespinet-Moret, L'Office du travail (1891-1914) : la République et la réforme sociale, Presses universitaires de Rennes, 2007, p.64.
↑Cf. leur dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore.
↑Michel Cointepas, Arthur Fontaine, 1860-1931 : un réformateur, pacifiste et mécène au sommet de la Troisième République, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.17.
↑ a et bMichel Guillaume, « Arthur Fontaine, premier directeur du travail », dans : Les Directeurs de Ministère en France - XIXe-XXe siècles, Genève, 1976, p.81.